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Écarlate/Violet est (enfin) un Pokémon vraiment difficile, même si ce n’est pas fait exprès

Écarlate/Violet est (enfin) un Pokémon vraiment difficile, même si ce n’est pas fait exprès

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(© Game Freak / Nintendo)

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Par Arthur Cios

Publié le

Sa plus grande force est aussi son plus grand défaut.

Cela faisait quelque temps que je n’avais pas vraiment joué à un nouveau Pokémon, je dois l’admettre — comprendre que je n’avais pas passé énormément de temps sur Arceus, et n’avais même pas essayé sur Diamant Étincelant et Perle Scintillante. Étrangement, j’avais hâte de mettre la main sur Écarlate ou Violet ; ce fut le premier.

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Cela étant dit, je connaissais assez les dernières sorties pour pouvoir comparer et dire que le nouveau jeu est un parfait mélange entre Épée/Bouclier et Arceus. Il reprend le fait d’avoir des Pokémon visibles dans la nature, se promenant comme des animaux sauvages, en meute ou solitaires, et qu’on voit d’assez loin pour pouvoir les éviter si on le veut. Il garde le fait d’avoir une monture et que les arènes ne sont plus vraiment sur les anciens modèles où l’on doit simplement combattre des ennemis avant d’arriver au boss, mais passer des épreuves.

Si l’on doit regarder rapidement l’entreprise, disons les choses. D’un côté, les graphismes sont les mêmes que le dernier volet, c’est-à-dire plus que décevants. Pire : le jeu lague par moments, quand des personnages ne sont pas assez proches. Il y a un réel problème technique. Malheureusement, on est désormais habitués à cela, et cela ne nous choque presque plus. Il fallait néanmoins le souligner.

De l’autre côté, l’histoire n’a jamais aussi bien justifié les drôles de décisions qu’implique le gameplay du jeu (le fait que l’on soit un étudiant d’une grande école qui offre à ses élèves plusieurs jours de liberté pour se confronter à la nature et à la société, dont l’une des épreuves finales est d’affronter la ligue, rend le tout franchement plus logique). La carte semble vraiment immense, sans être démesurément vaste. Il y a, dans la nouvelle génération, des Pokémon assez géniaux et d’autres ridicules. Le jeu est généreux dans les créatures que l’on peut rencontrer et fera plaisir aux fans de la première heure.

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Bon, une fois qu’on a dit ça, on n’a un peu rien dit. C’est comme à chaque fois, vous me direz, et vous n’aurez pas entièrement tort. Pokémon s’améliore sur certains aspects, pas sur d’autres. Classique.

Néanmoins, il s’est produit quelque chose que je n’ai pas ressenti depuis, sans doute, Or ou Argent : j’ai trouvé le jeu dur. Vraiment difficile. Ce qui est, en réalité, issu d’un des plus grands défauts du titre, mais qui a fait que je suis devenu complètement addict au jeu et m’amuser comme cela ne m’était pas arrivé depuis très longtemps devant un Pokémon, entre frustration et excitation.

Voici mon histoire.

N’est pas Breath of the Wild qui veut

Cela fait depuis au moins la troisième génération, et les Rubis/Saphir, que je râle dans mon coin à chaque fois qu’un nouveau titre sort. En cause, le fait que les jeux deviennent de plus en plus simples, de plus en plus enfantins. Certes il s’agit d’une saga destinée en majorité pour les enfants, mais c’est ridicule. Le petit garçon qui a grandi avec ses cartouches de Rouge, puis Argent, aimerait que Pokémon s’adresse à lui à nouveau.

Par exemple, quand, à partir de Let’s Go, le Multi Exp a disparu et est devenu une norme, faire grimper le niveau de son équipe est devenu bien trop facile — ce qui est toujours le cas ici — ou le fait que ton opposant·e, qui est devenu depuis quelques titres un·e allié·e, ne choisisse plus le starter qui te mettrait en PLS, mais celui que tu mettras en PLS (j’ai pris le starter feu, elle a pris le starter plante alors qu’il y a quelques années, elle aurait pris le starter eau, me mettant un peu plus en difficulté).

Ce qui a changé la donne ici est la construction de son récit, et de sa structure de jeu. Qui veut ressembler à Breath of the Wild, dans ses décors, sa liberté, son open world. Sauf que le Zelda a un élément de liberté que Pokémon n’a pas : une IA intelligente.

Dans Botw, les ennemis deviennent, au fil de l’aventure, de plus en plus coriaces, difficiles à battre. Avec plus de points de vue. Ils sont d’abord rouges, puis après un certain temps, après avoir battu un certain nombre d’ennemis et à force d’avoir de meilleures armes, ils deviennent bleus et sont plus coriaces. Puis noirs, et argent. Où que l’on soit dans la carte, le jeu s’adapte à notre niveau de jeu.

Écarlate/Violet n’a pas cette chance. Il aimerait, mais n’y arrive pas. Le jeu te dit que tu peux aller dans la direction que tu veux, pour répondre aux trois grands arcs à suivre (battre des monstres géants ressemblant aux grands animaux de Botw donne à ta monture des capacités type CS, faire les arènes ou battre les bases de la Team Star). En sortant de l’école après l’intro, il faut choisir entre aller à gauche ou aller à droite. Sauf que la réalité de la difficulté des épreuves ne suit pas votre évolution et en est indépendante.

(© Game Freak / Nintendo)

Pour vous raconter mon parcours, j’ai commencé à partir vers l’Ouest. Après la première arène, je suis remonté affronter le premier méga-dominant. Puis j’ai continué mes pérégrinations à l’Ouest et, d’un coup, j’ai été confronté à des monstres d’un niveau bien plus élevé que le mien. Ils devaient être au niveau 40 ou 50, tandis que les miens ne dépassent pas le niveau 25.

J’ai persisté, j’ai farmé, je me suis battu. J’ai vendu tout ce que j’ai pu, pour m’acheter le plus de rappels et de potions possible. J’ai parfois eu des combats qui ont duré 30 minutes, durant lesquels je galérais à faire revenir sans cesse mon Pokémon le plus fort. J’ai poncé les raids de Téracristalisation, car elle me donnait des petits bonbons et autres moyens de faire grimper artificiellement l’Exp de mon équipe.

J’ai cru que j’allais craquer. J’ai abandonné à plus d’une reprise. Je n’en pouvais plus. Mais j’ai persisté. J’étais addict, je voulais avancer. J’en profitais pour remplir mon pokédex à fond, chose que je n’ai pas faite depuis fort longtemps. Bref, j’étais à fond. J’ai réussi. Avec une équipe approchant du niveau 40, j’ai pu enfin accéder à ce que je voulais. Parfois, j’étais bloqué par la nature et le fait qu’il me manquait des CS, mais soit.

Et puis, j’ai fait demi-tour, je suis retourné à l’école et j’ai pris la droite. L’autre chemin que j’aurais pu prendre au départ. Et là, j’ai été confronté de nouveau à des Pokémon de niveau 8. J’ai éclaté tout le monde, ce qui ne m’amusait plus du tout. Tout était trop simple. J’ai remonté l’Est, enchaîné les bases, arènes et monstres et tout était trop simple pour moi, désormais.

La réalité est que le jeu fait croire que tu es libre, mais que n’importe qui aurait abandonné plus tôt et serait allé là où le niveau de l’équipe peut te permettre d’avancer. Contrairement aux bokoblins, le niveau des ennemis est fixé, prédéterminé. C’est donc tout sauf un vrai monde ouvert. Bien au contraire, puisque le chemin est tout tracé.

Alors il y a des tentatives de casser ça. Par exemple, Monzi a toujours des Pokémon de ton niveau, et chaque badge te fait avancer un peu dans ta capacité à pouvoir gérer une équipe de plus en plus forte. Mais ce n’est tellement pas assez…

Mon plaisir de jeu, ce que j’ai préféré avec Écarlate et qui était à mes yeux sa plus grande qualité, est donc une mauvaise construction narrative. C’est aussi son plus grand défaut, à vous de voir comment vous voyez la chose.