Qu’il s’agisse d’une petite, d’une moyenne ou d’une grande cuite, notre meilleur ami pour évacuer l’alcool de notre organisme, c’est le foie. Cet organe dégrade les toxines à sa vitesse, et on ne peut pas vraiment accélérer le processus. En cas de gueule de bois, ce n’est pas très grave, on supporte et on paie son lourd tribut.
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Ce que l’on sait moins, c’est que le foie n’est pas le seul à faire cet admirable job. Dans une moindre mesure, nos poumons contribuent aussi à l’effort. Pendant la phase d’expiration, en plus du rejet de dioxyde de carbone, un peu d’alcool disparaît de notre sang. D’où les éthylotests (ou, moins drôle, l’haleine aux relents de bière, de vin ou de whisky).
Or, contrairement au foie, il y a un moyen très simple dans le principe de faire bosser les poumons un peu plus vite : l’hyperventilation. Habituellement, l’hyperventilation que nous connaissons au quotidien est involontaire car elle témoigne souvent de crises, de crises d’angoisse ou de panique, ou encore de problèmes de santé.
Plus rare, il y a l’hyperventilation volontaire, qui consiste à diminuer la concentration de dioxyde de carbone dans le sang. C’est notamment une technique pratiquée par certains apnéistes avant leur plongée.
Mais l’hyperventilation volontaire est une technique dangereuse. Cette dernière perturbe le réflexe respiratoire de l’organisme car on rejette trop de CO2. Et, dans certains cas, cela peut créer des situations inconfortables ou même conduire à une perte de connaissance.
C’est dans ce contexte que des scientifiques canadiens de l’université de Toronto viennent de publier un papier dans la revue Nature, dans lequel ils présentent un système d’hyperventilation “contrôlée”, le ClearMate (littéralement, le “camarade nettoyeur”).
Outre le dispositif traditionnel, on rajoute à l’appareil un masque à gaz permettant un apport en oxygène et en dioxyde de carbone. Si la personne rejette trop de CO2 à cause de l’hyperventilation, le dispositif permet d’en remettre immédiatement dans l’organisme.
Joseph Fisher, qui a dirigé les travaux, évoque, étonné, auprès de Gizmodo la simplicité de l’idée :
“Le simple fait que nos poumons aident à évacuer l’alcool de nos corps est connu depuis presque un siècle. Mais, on ne sait pas pourquoi, personne jusqu’à maintenant a essayé d’exploiter ce processus […]. La méthode est tellement simple et évidente qu’on ne l’imagine pas, et personne ne reconnaît son potentiel. C’est comme le nez au milieu de la figure, je ne sais pas comment mieux l’expliquer.”
Pour l’heure, les scientifiques de l’université de Toronto ont testé leur système sur cinq volontaires en bonne santé à qui l’on a fait boire de la vodka diluée dans de l’eau. À chaque fois, le taux d’empoisonnement des patients a baissé trois fois plus vite que la normale.
Fischer envisage déjà de commercialiser son invention. Il a déjà reçu l’approbation de la Food and Drug Administration (FDA), mais il faudra faire encore quelques tests pour, un jour, pouvoir équiper les hôpitaux.
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