Comme 25 % de Français, vous utilisez probablement un bloqueur de publicités sur votre navigateur. Faute d’originalité, vous avez opté pour Adblock Plus, l’un des plus populaires. Piqué par votre curiosité, vous vous êtes aussi demandé comment cette option gratuite pour les internautes peut rapporter de l’argent.
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La réponse n’a rien d’une blague : AdBlock gagne sa vie grâce à la publicité elle-même. Eh oui, le business model du number one des bloqueurs d’annonces en ligne, c’est un peu le monde à l’envers. Car le but premier de cette extension de navigateurs (Mozilla Firefox, Google Chrome, Internet Explorer 1 et Opera) n’est autre que d’empêcher les annonces en tout genre de polluer les pages Web.
Or, depuis 2011, Adblock Plus a légèrement assoupli son modèle. Il autorise en fait l’affichage de certaines publicités dites “acceptables” ou non intrusives réunies sur une liste blanche définie par Adblock Plus. À l’inverse, les “inacceptable ads” sont blacklistées et ne sont pas diffusées.
“90 % de licences gratuites”
Cette fonctionnalité est payante pour les annonceurs et représente la principale source de revenus d’Adblock Plus. La société éditrice d’Adblock Plus, Eyeo, distribue des licences destinées aux grandes entités éditrices de contenus sponsorisés qui “engrangent plus de 10 millions d’impressions publicitaires supplémentaires par mois en raison de leur participation à l’initiative Publicité Acceptable“.
Celles-ci sont toutefois minoritaires comme l’assure le groupe sur son site Internet : “90 % des licences sont accordées gratuitement aux petites entités.”
On sait par exemple que les sociétés de ciblage publicitaire Criteo, Outbrain ou encore Taboola (les deux dernières viennent d’annoncer leur fusion prochaine) ont accepté ce deal payant. Et avec lui, un certain nombre de critères. Leurs pubs doivent par exemple être clairement identifiables et respecter une taille maximale quand elles s’affichent sur une page Web.
Les potentiels gros “cachets”
Pour Adblock Plus, vivre de la publicité a du bon. Si Eyeo s’est toujours refusé à révéler les sommes qui lui sont versées, certains de ses partenaires sont parmi les plus gros acteurs du marché de la publicité en ligne (Google, Amazon, Microsoft) d’une valeur de 120 milliards de dollars, comme l’avait révélé le Financial Times.
Mais selon Eyeo, son programme sert avant tout l’intérêt des internautes : “Nous ne pensons pas que toutes les publicités soient mauvaises et nous reconnaissons que les publicités financent de nombreux sites Web. C’est pourquoi nous sommes convaincus qu’un blocage partiel des publicités est préférable à un blocage total des publicités.” Ce qui n’est pas du goût de tous.
En effet, en 2014, une bataille judiciaire s’est ouverte entre Eyeo et le groupe de presse allemand Axel Springer qui estime que ce droit de passage pour se faufiler entre les mailles du filet Adblock Plus est illicite. En 2018, la Cour suprême allemande a finalement donné raison à Eyeo considérant son système comme légal.
Alors, si vous êtes totalement réfractaire aux pop-ups, vous avez encore la possibilité de bloquer toutes les annonces, y compris celles figurant sur la liste blanche. Ou tout simplement utiliser un autre adblocker.