Arrêtons de snober le SMS

Arrêtons de snober le SMS

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© Dara Dara Dara/Wikimedia Commons

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Par Julie Morvan

Publié le

Parce qu’il est accessible, parce qu’il est simple, parce qu’il est zen, on l’aime !

Peut-être que la dernière fois que vous l’avez utilisé, c’était pour envoyer un message “STOP” à cette célèbre marque d’électroménager qui ne cessait de vous harceler pour que vous profitiez de son “offre exceptionnelle”. Sinon, il y a peu de chances que vous vous souveniez encore de cette fonctionnalité qui permet d’envoyer des messages simples à un interlocuteur.

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Nous, perso, on ne s’en rappelle pas. De mon côté, Insta, Messenger ou WhatsApp ont remplacé le “short message service”, aka le SMS, sur mon portable depuis longtemps. Nombreux sont ceux qui annoncent sa mort imminente. Né en 1992 et en voie de disparition en 2021, le SMS est-il vraiment un petit ange parti trop tôt ?

Là où les applis s’inclinent, le SMS domine

Depuis 2016, le SMS en France est en déclin. Il en a vu passer, des applis américaines (on pense à vous, Facebook et Snapchat, géants omnipotents de la Silicon Valley), mais telle une irréductible icône résistant encore et toujours à l’envahisseur, il trône sur l’écran d’accueil – c’est le padre.

Déjà, le SMS, il marche presque partout. Alors que la 5G est devenue la star dont tout le monde parle et que la 4G recouvre désormais 76 % du territoire français avec tous les opérateurs, selon l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep), ce n’est pas la fin des zones blanches pour autant : il existe encore plusieurs centaines de communes dépourvues de couverture en France.

Les plus urbains d’entre nous ont peut-être été confrontés à l’absence de réseau de façon anecdotique lors d’une semaine de vacances à la campagne, dans une loc’ au beau milieu de nulle part ou chez les grands-parents “au grand air”. Certains ont pu se retrouver perchés sur la pointe des pieds pour capter une barre…

C’est aussi une réalité quotidienne pour beaucoup. Dans ces cas-là, quand c’est le néant sur le fil d’actualité et que vous avez joué pendant une heure avec le petit dinosaure de Chrome, c’est bien le SMS qui reste fonctionnel. Peu importe la situation, même lorsque le portable est en Edge, le SMS demeure le seul et unique moyen de communication viable.

Enfin, vous pouvez toujours essayer de crier si vous êtes perdu au fin fond d’un bois, mais on ne vous garantit pas un résultat optimal… Bref, le SMS a sauvé – et sauvera – bon nombre de situations où Internet était mis KO.

Une simplicité qui a du bon

Écrire un SMS, c’est (presque) simple comme bonjour. Pas besoin de s’identifier pour accéder à un compte, il suffit de cliquer sur un bouton, de choisir un contact ou de reprendre une conversation entamée, de taper son message et de l’envoyer. Après tout, le téléphone portable a bien été inventé pour ça. Le SMS est, à la base, la fonction première d’un appareil. Il n’a donc pas à répondre à un usage spécifique.

On parlait des grands-parents un peu plus haut : s’il en existe des modernes qui maîtrisent les réseaux comme personne, ils sont quand même une majorité à privilégier les textos pour nous parler. Ce qui ne les empêchera pas, en bonus, de se lancer dans l’utilisation du langage émoji… Même s’ils mettent beaucoup trop de points à la fin des phrases – mais ça, c’est un autre sujet.

L’art du zen

Autre avantage et pas des moindres : le SMS offre la liberté de prendre du recul. Car oui, les textos rendent quand même les discussions beaucoup moins stressantes. Il n’y a rien de plus angoissant que de se prendre un “vu” et de fixer les trois petits points animés du “est en train d’écrire”. Les secondes n’ont alors jamais semblé aussi longues. Les messageries en ligne nous imposent cette présence, cette promiscuité avec l’autre derrière son écran… et parfois, ça fait mal.

Au contraire, le SMS, c’est la communication du détachement. On peut prendre tout le temps qu’on veut pour lire un texto et y répondre. Une temporalité plus longue qui empêche pas mal d’entre nous de sombrer dans la paranoïa en guettant les heures de connexion de ceux qui ne nous répondent pas pour savoir s’ils nous ont foutu un vent ou non.

Le SMS n’est pas non plus infaillible

Cela dit, d’un point de vue cybersécurité, on le concède, l’utilisation du SMS est controversée, notamment dans le secteur bancaire. Vous avez peut-être déjà rencontré le 3D Secure lors de vos sessions de shopping en ligne (compulsives ou non, on ne juge pas). Dans certains cas, on vous envoie un SMS pour finaliser la transaction. Ce système, aussi connu sous le nom de SMS OTP (one time password, à savoir “mot de passe à usage unique”) est utilisé pour confirmer des paiements en ligne depuis sa carte bancaire. Alors oui, il est bien pratique… mais il est en passe de disparaître.

La raison ? La DSP2. La nouvelle directive européenne sur les services de paiement est entrée en vigueur le 13 janvier 2018. Elle veut renforcer la protection des consommateurs en limitant cette méthode au profit d’un autre mode d’identification forte, comme les clés digitales ou les reconnaissances biométriques. En clair, le SMS n’est pas considéré comme un outil 100 % sécurisé, à cause des risques de vol ou d’interception des messages…

Malgré cette controverse, le SMS reste à la fois plus fiable et plus simple que le reste des messageries en ligne. Il a donc encore de beaux jours devant lui… et il serait grand temps d’arrêter de le snober.

Si vous aussi, vous voulez nous envoyer votre ode au SMS, vous pouvez nous écrire à : hellokonbinitechno@konbini.com.