Rencontre au sommet : Yannick Noah accueille Emmanuel Macron dans son village camerounais

Rencontre au sommet : Yannick Noah accueille Emmanuel Macron dans son village camerounais

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Photo by Ludovic MARIN / AFP

Quand le chef du village reçoit le président.

Yannick Noah est populaire comme champion de tennis et chanteur en France, mais aussi comme chef traditionnel au Cameroun, où il accueillera mardi le président Emmanuel Macron pour promouvoir “le dialogue” entre Européens et Africains.

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“Ce n’est pas moi qui reçois le président français, mais tout le village”, annonce l’ex-tennisman franco-camerounais, casquette vissée sur la tête, en short et pieds nus, à Etoudi, son quartier à la sortie de la capitale Yaoundé, qui abrite aussi le palais présidentiel.

Après la solennité de l’entretien avec le président camerounais Paul Biya, Emmanuel Macron devrait tomber la veste lorsqu’il passera les portes du “village Noah”. Ce sera la première rencontre entre les deux hommes.

À l’entrée, une pancarte malicieuse précise que le stade Roland-Garros, le lieu de l’exploit qui a rendu célèbre le tennisman en 1983, est situé à 7 091 km. Trente-neuf ans après ce sacre, l’ex-champion reste, à 62 ans, l’un des Français les plus populaires grâce, notamment, à son succès dans la musique. Mais c’est désormais à Etoudi qu’il passe environ six mois par an, “et sans doute de plus en plus de temps à l’avenir”.

C’est ici que ce natif de Sedan (Ardennes), où son père Zacharie était footballeur, a vécu son enfance, entre 2 et 12 ans, lorsque ses parents sont rentrés dans le pays paternel. “C’était très différent à l’époque. J’ai grandi au milieu de la brousse, j’allais à la rivière car il n’y avait ni eau ni électricité. Avec le temps, la ville a entouré le village et il est devenu un quartier de Yaoundé”, raconte-t-il.

“Mon destin”

Son enracinement à Etoudi s’est renforcé lorsqu’il a hérité du titre de chef traditionnel au décès de son père en 2017. Il a alors décidé de développer le “country club” que ce dernier avait créé sur le terrain familial, y ajoutant bar, restaurant, terrains de tennis et de basket, mais aussi de jolis bungalows de style traditionnel au milieu d’un vaste parc à la végétation luxuriante.

Yannick Noah accorde aussi beaucoup d’attention à l’école créée par sa mère, professeure de français, dans le jardin de la maison familiale dans les années 1960. 400 élèves du quartier y sont aujourd’hui éduqués en français et anglais, les deux langues officielles du Cameroun. “Mon rôle de chef est surtout d’aider les personnes âgées et de tout faire pour que les enfants reçoivent une bonne éducation”, explique-t-il.

Après avoir accueilli Emmanuel Macron à l’entrée du “village Noah”, il le conduira au caveau familial, un simple bâtiment blanc sous de grands manguiers et avocatiers, où reposent son grand-père et son père. D’autres chefs coutumiers, en tenues traditionnelles, y seront présents, témoignant de l’importance que revêt pour Yannick Noah la “dimension spirituelle” de ce lieu, où il “dialogue avec les ancêtres”.

Puis, dans le parc, Emmanuel Macron rencontrera une douzaine de jeunes Camerounais et Français ayant travaillé ensemble sur l’avenir des relations entre Yaoundé et Paris, la bonne gouvernance, l’environnement et les questions de la mémoire coloniale.

“Comme Franco-Camerounais, je suis toujours sensible aux relations entre les deux pays. Je n’ai pas trop le choix, c’est mon destin”, sourit Yannick Noah, qui ne veut toutefois pas répondre à des questions politiques, toujours sensibles au Cameroun, dirigé depuis près de quarante ans par Paul Biya.

Yannick Noah espère que le “village Noah” deviendra le rendez-vous pour ses cinq enfants, qui habitent “un peu partout dans le monde”, et ses petits-enfants, afin qu’ils y “cultivent leurs racines camerounaises”.

Dans la soirée, la réception se terminera par un concert de jeunes musiciens camerounais, avant que le maître des lieux ne prenne le micro, comme il le fait souvent à l’improviste, pour “trois, quatre ou… dix chansons”, dont ses tubes dansants “Saga Africa”, “Métis(se)” et “Back to Africa”…