Depuis la prise de Kaboul par les talibans le 15 août dernier, nos premières pensées ont été pour les femmes afghanes, qui depuis vingt ans, avaient retrouvé certaines libertés : celles d’étudier, de sortir, ou même de faire de la musique ou du sport.
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Quelques semaines plus tard, il nous paraît indispensable de continuer à faire entendre ces femmes qu’elles soient ici ou là bas : leurs combats, leurs espoirs et leurs réalités.
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Contraintes de fuir l’Afghanistan après l’arrivée au pouvoir des talibans, des joueuses de l’équipe nationale féminine de football ont été accueillis avec leurs familles au Portugal où elles ont pu s’entraîner à nouveau la semaine dernière dans un stade de la banlieue de Lisbonne.
“J’ai du mal à y croire. Je suis si contente de pouvoir rejouer au football !”, confie à l’AFP encore essoufflée Omul Banin Ramzi, une joueuse de l’équipe féminine junior, à l’issue de la première séance d’entraînement jeudi dans un stade à Odivelas, dans la banlieue nord de Lisbonne.
“La situation en Afghanistan était très difficile (…) je suis vraiment heureuse d’être au Portugal, le pays de Cristiano Ronaldo”, s’exclame la jeune fille en esquissant un large sourire, avec son maillot rouge et un bandana noir autour de la tête, ajoutant qu’elle rêve de rencontrer la star portugaise du ballon rond.
À ses côtés, son père la suit fièrement du regard. Comme lui, les autres proches des joueuses ont pu assister à cette première séance d’entraînement depuis six mois, assis sur la pelouse dans un coin du stade. Les joueuses et leurs familles sont arrivées au Portugal le 19 septembre dernier au sein d’un groupe de 80 réfugiés afghans. Ils sont actuellement provisoirement hébergés dans des unités hôtelières du grand Lisbonne.
La veille, les jeunes athlètes avaient retrouvé leur capitaine Farkhunda Muhtaj, qui a fait le voyage depuis le Canada pour leur apporter du matériel sportif, les diriger dans les premières séances et les préparer à leur prochain match amical samedi contre l’équipe féminine du Benfica.
“Il y a encore beaucoup de travail”, explique la capitaine de 23 ans à l’AFP, qui va devoir rejoindre le Canada dans les prochains jours mais elle espère que l’équipe pourra continuer de s’entraîner régulièrement.
Le départ d’Afghanistan d’Omul et de ses coéquipières n’a pas été simple. Les joueuses avaient tenté de fuir le pays à plusieurs reprises dès la mi-août, mais leur départ n’a été possible que “grâce à une opération conjointe à laquelle ont participé les autorités américaines et portugaises”, avait indiqué le gouvernement portugais dans un communiqué.
Depuis leur retour au pouvoir en Afghanistan le 15 août dernier, les talibans ont laissé entendre que les femmes pourraient pratiquer un sport mais sous certaines conditions strictes, notamment celles de ne pas être vues du public. Lors de son premier passage au pouvoir entre 1996 et 2001, le mouvement islamiste avait interdit aux femmes de pratiquer un sport ou d’assister à des matches.
Plusieurs dizaines de milliers d’Afghans ont fui le pays depuis le retour au pouvoir du mouvement islamiste de crainte de représailles ou de répression.
AFP