Pourquoi la sélection d’Evra n’est pas une aberration

Pourquoi la sélection d’Evra n’est pas une aberration

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AFP

Kurzawa blessé, Didier Deschamps a surpris bon nombre d’observateurs en sélectionnant Patrice Evra pour les matches contre la Suède et la Côte d’Ivoire. 
10 juillet 2016. Si cette date rappelle à tous la sombre finale perdue par la France face au Portugal, elle marque aussi la dernière apparition de Patrice Evra sous le maillot bleu. Deschamps ne l’a plus rappelé depuis, préférant logiquement le choix de la jeunesse avec Kurzawa et Digne lors des deux derniers rassemblements.
L’absence du latéral parisien pour les matches contre la Suède et la Côte d’Ivoire a changé la donne, et a offert à Pat’ Evra la chance de revêtir à nouveau le maillot bleu. Un choix qui a beaucoup fait parler, mais qui est loin d’être fait par défaut.

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Le choix de l’expérience

Du haut de ses 80 sélections (15e joueur le plus sélectionné de l’histoire des Bleus), Patrice Evra est capable d’apporter l’expérience qui peut manquer au jeune groupe France. L’expérience justement, un paramètre important dans le discours de Didier Deschamps, qui a justifié le choix de reprendre Patrice Evra en remplacement d’un Kurzawa blessé :

“C’est un joueur de haut niveau et il maintient son niveau quand il joue avec la Juventus Turin, c’est pour cela que je l’ai rappelé. S’il est là, c’est qu’il est susceptible de jouer au même titre que les autres. C’est un poste où il y a des joueurs qui n’ont pas l’expérience du niveau international. S’il y avait eu deux matches amicaux, je n’aurais pas fait ce choix-là.”

En effet, s’il n’est pas titulaire avec la Juventus en Serie A cette saison, il l’est à chaque match de C1. Quatre titularisations en autant de matches européens pour Tonton Pat, qui prouve que dans les moments importants il est un leader qui dépasse le cadre du vestiaire.


Pour le match face à la Suède, déjà décisif pour la qualification au mondial russe, sa présence est donc tout sauf un poids pour les Bleus.

Une passation de pouvoir avant 2018

C’est le point le plus important de cette sélection. Lors du premier rassemblement post-Euro, Deschamps avait expliqué son choix de ne pas prendre Evra pour penser “au futur” : rien de plus logique. Mais pour autant, il n’a pas fait une croix définitive sur le latéral de la Juventus :

“Je lui ai expliqué le pourquoi du comment par rapport au futur, et je lui ai dit que ponctuellement, si j’avais besoin de lui, je l’appellerais. Là c’est le cas, je n’ai pas cherché à lui cacher quoi que ce soit, sinon je vous aurais dit au mois de septembre que c’était fini.”

Une explication pertinente qui rappelle que pour certaines échéances importantes, Patrice Evra pourrait avoir son rôle à jouer. Même si cela se fait de manière ponctuelle, Tonton Pat est prêt à aider ses coéquipiers si Deschamps fait appel à lui. Et peu importe s’il n’est pas de l’aventure en Russie. Une mentalité exemplaire.

Le Tonton du groupe

Depuis la fin de l’Euro, les Français découvrent Patrice Evra sous une nouvelle identité : celle du clown prêt à amuser la galerie. Terminée l’image du capitaine qui portait le poids de la mutinerie de Knysna. Tonton Pat étonne sur Instagram en enchaînant les gags et en montrant son vrai visage : celui du déconneur.


Une mentalité qui plaît à Didier Deschamps, même si ce n’est pas le critère le plus décisif dans l’esprit du sélectionneur :

“Il est souriant, chambreur, il met de l’ambiance dans le groupe mais s’il est là, c’est surtout pour ses qualités footballistiques et son expérience du haut niveau.”

Dans un vestiaire assez jeune (26 ans d’âge moyen), la présence d’un taulier de 35 ans qui a tout connu dans sa carrière peut avoir son importance. Et s’il peut détendre l’atmosphère avec quelques vannes et pas de danses, pourquoi s’en priver ?


Quoi qu’il en soit, la présence d’Evra ne peut qu’être bénéfique pour les Bleus, même s’il n’est là que pour combler la place laissée vacante par Kurzawa. Il serait logique de le voir regarder le mondial russe à la TV (il aura 37 ans alors), mais Deschamps aurait tort de s’en priver pour les qualifications. On a tous besoin d’un Tonton quand on doute : ça tombe bien, Pat est là si jamais les Bleus le réclament.