Une première pour le freestyle, le retour aux affaires du ski alpin : Kevin Rolland et Tessa Worley, désignés porte-drapeaux de l’équipe de France aux Jeux olympiques de Pékin (4-20 février) mercredi, tournent la page d’une chasse gardée du ski nordique depuis 2010.
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D’un côté, l’un des plus beaux palmarès du ski alpin féminin, de l’autre l’histoire d’un miraculé des tremplins. Le tandem Worley-Rolland a déjoué les pronostics pour emporter les suffrages de leurs pairs. La géantiste de poche (1,58 m) et l’acrobate du halfpipe porteront le drapeau tricolore dans le Nid d’oiseau lors de la cérémonie d’ouverture le 4 février.
Ce duo homme-femme, sur le modèle de la paire Agbégnénou-Aït Saïd de Tokyo, est une première pour des Jeux d’hiver. Worley et Rolland, qui tenteront de mener les Bleus au-delà du record de quinze médailles de Sotchi et de PyeongChang, succèdent au quintuple champion olympique de biathlon Martin Fourcade (2018) qui a depuis remisé sa carabine.
“En tant que skieur freestyle, je me dis qu’on a fait du chemin en une petite dizaine d’années. On n’était pas vraiment dans le paysage des sports d’hiver, un peu en marge. Avoir aujourd’hui un porte-drapeau, ça représente beaucoup”, apprécie Rolland.
Discipline reine des Jeux d’hiver, le ski alpin n’avait plus eu les honneurs de porter le drapeau français depuis les JO de Salt Lake City il y a vingt ans, avec Carole Montillet sacrée championne olympique de descente quelques jours plus tard.
Pinturault et Laffont ont renoncé
De quoi inspirer Worley (32 ans), double championne du monde de slalom géant, à qui il ne manque qu’une médaille olympique dans son riche palmarès : 15 victoires en Coupe du monde et un globe de géant en 2017. “J’ai envie de vivre l’expérience des Jeux pas que sportivement, mais aussi humainement. Ce rôle de porte-drapeau est vraiment dans la lignée de cet état d’esprit-là”, explique Worley, “très contente de pouvoir s’impliquer un peu plus”.
Rolland le survivant (32 ans), médaillé de bronze de halfpipe aux Jeux de Sotchi en 2014 et revenu d’un grave accident en 2019, complète ce tandem sans Gabriella Papadakis ni Guillaume Cizeron. Le couple de patineurs, favori pour l’or en danse sur glace après sa médaille d’argent il y a quatre ans, faisait pourtant figure de candidature sérieuse au duo de porte-drapeaux.
Quant à Alexis Pinturault et Perrine Laffont, deux candidats très solides aussi, l’un comme vainqueur de la dernière Coupe du monde de ski alpin et l’autre en tant que championne olympique de ski de bosses, à PyeongChang, ils ont renoncé pour une question de calendrier.
En plus de ses trois médailles d’or en Superpipe aux X-Games (2010, 2011 et 2016), le roman de Rolland a dû peser dans la balance. À l’image du choix cet été du gymnaste Samir Aït Saïd, revenu d’une double fracture à la jambe gauche qui avait horrifié les spectateurs aux Jeux de Rio.
“Inespéré” pour Rolland
Le skieur de La Plagne s’est grièvement blessé en avril 2019 en tombant de plus de dix mètres lors d’une tentative de battre le record du monde du saut le plus haut en quarterpipe.
Victime d’un traumatisme crânien, d’une fracture du bassin et de multiples traumatismes internes, il avait été hospitalisé 45 jours dont quelques-uns dans le coma. Cela ne l’avait pas empêché de rechausser les skis dès octobre 2019 et de prendre ensuite la huitième place aux Mondiaux-2021 d’Aspen (Colorado).
“Re-skier, c’est une victoire, redevenir un athlète de haut niveau, c’est inespéré, alors participer aux JO, je ne vous explique même pas ! Et en plus de ça, je suis porte-drapeau !, énumère Rolland. C’est une énorme chance.”
La paire de porte-drapeaux a été désignée par un collège constitué de deux “ambassadeurs” par discipline concourant aux Jeux, à chaque fois un homme et une femme, eux-même élus par le public via les réseaux sociaux.
Le biathlète et fondeur Benjamin Daviet, six médailles paralympiques à son palmarès (dont trois d’or), a lui été désigné porte-drapeau pour les Jeux paralympiques (4-13 mars) par un vote des parasportifs français figurant dans la pré-liste pour les Jeux de Pékin. Il succède à Marie Bochet, octuple championne paralympique de ski alpin.
Konbini Sports avec AFP