Messi, Maradona, Pelé… Quel numéro 10 vous a le plus fait rêver ?

Messi, Maradona, Pelé… Quel numéro 10 vous a le plus fait rêver ?

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Par Tidiany M'Bo

Publié le

Que vous soyez plus Zidane, Messi, Maradona ou Pelé, tous ont en commun le fait d’avoir porté ce glorieux dossard.

S’il est aujourd’hui drapé de cette dimension presque mystique après être apparu au dos des plus grandes légendes du football à travers les époques, c’est que le 10 a acquis, avec le temps, une force symbolique qui va bien au-delà d’une simple numérotation de maillot. Créateur, souvent leader, technique mais aussi souvent moral de son équipe, il incarne plus qu’une simple position sur le terrain. Il n’est plus seulement question de ce meneur axial placé au centre du jeu. Le 10 est rattaché à la notion d’homme providentiel, de référent technique, dans des registres qui se sont aujourd’hui diversifiés. C’est parce qu’il n’y a pas qu’une seule espèce de 10 mais autant que la pluralité du foot peut nous en offrir, qu’il était temps pour nous d’établir cette classification.

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Pelé, le pionnier

Précurseur dans bien des domaines, le Brésilien est aussi celui qui a donné au 10 une grande partie de sa connotation. Et pourtant, tout cela part presque d’un malentendu ! En effet, peu avant la Coupe du monde 1958, c’est un officiel du comité d’organisation de la FIFA qui attribue aléatoirement la liste des numéros aux joueurs brésiliens pour le tournoi. Le 10 atterrit donc par hasard sur le dos de Pelé, alors âgé de 17 ans, et dont l’explosion en mondovision pendant la compétition va contribuer à populariser et mystifier ce numéro. Que ce soit en sélection ou avec son club de Santos, Pelé ne quittera plus le 10.

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Cruyff, le 10 qui ne portait pas le 10

Autre personnage ayant révolutionné l’histoire du jeu, en tant que joueur mais également en tant que coach, le Néerlandais est le prototype même du 10 par sa panoplie et le fait qu’il est l’un des plus grands créateurs de l’Histoire. Pourtant, il n’a jamais vraiment porté ce numéro, et c’est là encore un peu une question de circonstances. Cruyff, qui portait le 10 depuis le début de sa carrière, avait dû se rabattre sur le 14 après qu’un de ses coéquipiers à l’Ajax Amsterdam lui a subtilisé son dossard alors qu’il était blessé. Un numéro qu’il a ensuite conservé par superstition et qui accompagne sa légende.

Les meneurs

L’aspiration originale du n° 10 réside, avant même le dribble, dans sa capacité à organiser le jeu de son équipe. Cela repose sur une technique individuelle parfaite, une vision du jeu supérieure et une qualité de passe à même de matérialiser cela. Leur vocation première sera toujours de faire briller les autres. Ainsi, on peut classer parmi les n° 10 meneurs, des joueurs comme Michel Platini, Zinédine Zidane ou Juan Román Riquelme. Platini avait cette capacité à organiser et à comprendre le jeu avec un temps d’avance. Que ce soit avec les Bleus ou la Juventus, il savait se muer en buteur ou en passeur selon les circonstances.

Un peu moins buteur mais au moins aussi visionnaire sur le jeu, Zidane donnait, lui, cette sensation d’un contrôle absolu du ballon et de ses gestes. “Donnez-moi 10 bouts de bois et Zinédine Zidane, et je gagnerai la Ligue des champions” avait un jour déclaré Sir Alex Ferguson, dans une formule qui résume finalement cette capacité du Français à bonifier mieux que quiconque ses coéquipiers.

Comme Zidane, Riquelme se distinguait par sa capacité à d’abord faire jouer son équipe, avant de briller individuellement. Le contrôle du ballon, le déplacement et la qualité de passe étaient les points forts de l’Argentin, et malgré un manque de vitesse qui a parfois pu lui sembler préjudiciable, il a toujours compensé cela avec énormément d’intelligence.

Les romantiques

Il n’y a pas que les qualités footballistiques propres qui permettent d’évaluer qui ont été les plus grands 10 de l’Histoire. Dans l’affiliation qui existe entre un club, un joueur et des supporters, l’aspect relationnel est un élément déterminant du narratif. Voilà pourquoi certains 10 sortent du lot parce qu’ils incarnent, aussi, une forme de fidélité devenue rare avec le temps, une fidélité qui est souvent ramenée à une forme de romantisme. Ainsi, après Pelé, Zico s’impose probablement comme le deuxième 10 le plus important de l’Histoire du Brésil, en dépit du fait qu’il n’ait pas réussi à remporter le Mondial. Mais parce qu’il était l’incarnation d’une des plus belles Seleção qu’on n’ait jamais vue, et parce qu’il aura joué la majeure partie de sa carrière avec le même club, Flamengo, Zico incarne parfaitement cette espèce de 10, aujourd’hui presque disparue.

Autre Brésilien rentrant dans cette catégorie des romantiques, Rai n’avait pas la dimension de Pelé ou même de Zico, même s’il a, lui, été champion du monde en 1994. Aussi athlétique que fin techniquement, doté d’une autorité naturelle, il s’est imposé comme le leader technique de São Paulo puis du PSG, deux clubs qui jouaient à l’époque les tout premiers rôles.

Mais la palme des romantiques revient, sans trop de surprise, à deux Italiens. Alessandro Del Piero n’aura lui connu presque qu’un seul club, la Juventus, qu’il a accompagné voire guidé pour le meilleur (six championnats, une Ligue des champions) et pour le pire (relégation en Série B en 2006). Spécialiste des coups francs – un autre attribut technique caractéristique du 10 -, il était une sorte d’attaquant-meneur capable d’épouser plusieurs registres.

Comme Del Piero, Francesco Totti s’est distingué par une fidélité à toute épreuve et n’a jamais évolué ailleurs qu’à l’AS Roma. Un choix qui l’aura peut-être bridé dans sa gestion individuelle de carrière, mais qui lui accorde aujourd’hui un statut iconique dans la ville éternelle. Champion à une seule reprise (2001), il aura joué presque 800 matches avec la Louve, brillant principalement par sa vista et sa qualité de pied.

Les gauchers

Le fait d’être gaucher est une autre singularité que partagent certains des plus beaux 10 de l’Histoire. On pense évidemment aux deux Argentins, Diego Maradona et Lionel Messi. Leurs qualités naturelles, technique, vitesse d’exécution, dribble, capacité d’intimidation sur l’adversaire, les placent parmi les plus grands joueurs de tous les temps. Mais ce qui leur a donné une dimension supérieure, c’est aussi d’avoir réussi à entraîner dans leur sillage des équipes, parfois moyennes, vers de grands titres.

Surnommé quant à lui le “Maradona des Carpates”, le spectaculaire et facétieux Gheorghe Hagi a guidé la Roumanie vers trois participations à la Coupe du monde et permis à Galatasaray de remporter une Coupe d’Europe. Autant dire que malgré des excès, son leadership était aussi technique que moral.

Les fantasques

Sans renier les qualités requises pour faire un bon 10, certains joueurs ont réussi à y ajouter une dose de spectacle voire d’excentricité qui a fait leur singularité. Parce que les qualifier de dribbleurs reviendrait à minimiser leur panoplie, on parlera ici de 10 fantasques, qui se distinguent par un maniement quasi-parfait du ballon qui les rend capables d’inventer un geste et, par la même occasion, de faire lever tout un stade. Celui qui symbolise le mieux cette espèce est probablement Ronaldinho, dont le répertoire de gestes techniques était aussi étoffé que les couleurs sur la palette d’un peintre. Ballon d’Or, vainqueur de tous les plus beaux trophées collectifs, Ronnie a régalé et inspiré toute une génération à base d’elásticos, de sombreros, de passements de jambes et de coups francs.

Comme lui, Neymar s’inscrit dans cette tradition de joueurs créatifs, provocateurs et déstabilisants. À cette différence près que le joueur formé à Santos évolue dans un registre plus individuel.

Enfin, il serait injuste de ne pas mentionner Augustine “Jay-Jay” Okocha parmi ces meneurs dits fantasques. Certes, le Nigérian n’a pas touché les hautes sphères qu’ont connues d’autres 10 en termes d’enjeux, mais son inventivité, son côté imprévisible, son coup de patte et sa frappe de balle suffisent pour le placer parmi les 10 les plus atypiques du XXIe siècle.