Lois anti-trans et anti-drag : on vous explique tout sur la situation aux US

Une situation alarmante

Lois anti-trans et anti-drag : on vous explique tout sur la situation aux US

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© Rosemary Ketchum/Pexels

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Par Flavio Sillitti

Publié le

Ces 12 derniers mois ont été marqués par l’introduction de lois inédites anti-trans et anti-drag aux États-Unis. Mais comment en est-on arrivé là ?

Dans le contexte sociétal toujours plus polarisé et extrémiste des États-Unis d’Amérique, une nouvelle forme d’hérésie semble prendre du terrain ces dernières années, pour déboucher aujourd’hui sur des introductions de lois sans précédent, qui précarisent davantage le quotidien de la jeune communauté LGBTQIA+ aux US, et plus particulièrement les personnes transgenres et les artistes drag-queens.

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2023 marque la pire année de l’Histoire en matière de projets de loi anti-trans, avec un record de projets de loi anti-trans introduites et débattues, dont plusieurs sont déjà passés au statut de lois officielles, tant au niveau étatique que national. La plateforme Human Rights Campaign “recense plus de 800 projets de loi anti-LGBTQIA+, dont plus de 110 limiteraient ou empêcheraient les personnes transgenres d’accéder à des soins conformes à leur genre, tandis que d’autres sont des bathroom bills, des projets de loi sur la censure des programmes scolaires ou des projets de loi contre les spectacles de drag-queens.”

Mais comment les USA en sont arrivés là, et sommes-nous à l’abri de voir la même régression chez nous ?

Lois anti-trans

  • 2015, Texas : premières lois anti-trans, les bathroom bills

Beaucoup datent le tout premier projet de loi qualifié d’anti-trans en 2015, à Houston au Texas, avec ce que l’on appelle l’introduction des bathroom bills, qui ont pour vocation d’interdire l’accès aux sanitaires pour les personnes dont l’assignation biologique (masculine ou féminine) ne correspond pas au genre indiqué à l’entrée.

Depuis, le phénomène n’a jamais désenflé, et les lois de ce genre se sont étendues à d’autres aspects de la vie quotidienne des personnes transgenres : l’accès aux soins de santé, à l’éducation, à la pratique sportive, et aujourd’hui l’accès aux traitements de transition.

  • 2023, Kentucky : pire loi anti-trans de l’Histoire

C’est ainsi qu’en mars dernier, la pire loi anti-trans de l’Histoire états-unienne a été officiellement approuvée : interdisant, au nom de la loi, “aux mineurs transgenres de bénéficier de soins de santé de réassignation de sexe, obligeant les médecins à interrompre la transition de genre des mineurs transgenres à leur charge et empêchant les établissements scolaires de discuter de l’identité de genre ou de l’orientation sexuelle avec les élèves, quel que soit leur âge.” Depuis l’officialisation de cette loi au Kentucky, d’autres projets de loi similaires sont introduits et discutés partout ailleurs dans le pays.

  • 2023, Floride : projets de loi anti-trans toujours plus discriminants

En Floride, qui connaît des temps d’extrémisme conservateur depuis l’arrivée à la tête de l’État du gouverneur Ron DeSantis en 2019, la situation se dégrade également. En mars 2022, un projet de loi surnommé “Don’t Say Gay” avait déjà été voté et appliqué, interdisant aux établissements scolaires de parler d’identité de genre ou d’orientation sexuelle avec les élèves.

Aujourd’hui, c’est un projet de loi encore plus discriminant qui est sur le point d’être officiellement adopté, dans le sens où cette nouvelle législation autoriserait “un tribunal à intervenir pour retirer temporairement un enfant de son foyer s’il reçoit des traitements ou des procédures de réassignation de genre.” En sachant que la seule étape restante au processus de validation de cette législation est la signature du gouverneur conservateur floridien, ce ne serait qu’une question de temps avant de voir une véritable chasse à l’homme naître en Floride.

Lois anti-drag

  • 2023, Tennessee : premiers projets de loi censurant la performance publique des drag-queens

En Amérique, la prohibition légale du travestissement public remonte au XIXe siècle. En 1863, San Francisco a ainsi été la première ville à promulguer une interdiction, appelée “ordonnance sur le travestissement ou la mascarade”, interdisant toute personne de sortir en public si elle portait des vêtements différents de son sexe légal ou de son sexe assigné.

Aujourd’hui, la situation semble n’avoir pas vraiment changé, du moins si l’on en croit la loi votée en mars dernier dans l’État du Tennesse, devenant la toute première loi officielle restrictive en matière de performance publique des artistes drag. Si la loi ne les attaque pas directement, elle les inclut dans ce que le gouverneur Bill Lee appelle les spectacles jugés trop sexualisés. Ainsi, les performances drag en présence d’un public mineur ou à proximité des écoles ou des zones résidentielles sont susceptibles de donner lieu à des amendes.

La loi est entrée en application le 1er avril dernier. Depuis, de nombreuses performances ont été annulées, et la peur se fait ressentir dans la communauté drag. Une dizaine d’autres États républicains américains ont introduit des projets de loi similaires depuis l’introduction de cette législation au Tennessee.

Le monde du divertissement réagit

Si la situation est plus tendue que jamais dans le pays face à ce climat général d’intolérance et de discrimination légalisée, on peut compter sur les grandes figures drag (médiatisées par des shows télévisés à succès comme RuPaul’s Drag Race) pour défendre la cause LGBTQIA+, dénoncer le caractère archaïque de ces projets de loi, mais aussi soutenir les premières victimes de ces décisions politiques.

Le 7 mai dernier, un téléthon inédit du nom de Drag Isn’t Dangerous a été diffusé en ligne, réunissant les plus grandes stars du drag mais aussi des allié·e·s du monde du cinéma ou de la musique, comme Charlize Theron, Marcia Gay Harden, Jesse Eisenberg, Idina Menzel ou Adam Lambert. L’événement a permis de récolter 523 000 dollars destinés à plusieurs associations de défense des droits LGBTQIA+ aux États-Unis.

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Ailleurs, d’autres artistes se sont mobilisés et ont exprimé leur soutien à la cause LGBTQIA+ menacée par ces nouvelles législations. Le concert caritatif Love Rising à Nashville en mars dernier a ainsi rassemblé de grands noms comme Hozier, Sheryl Crow ou Maren Morris. En tournée dans l’État du Tennessee, certain·e·s artistes ont même invité des drag-queens sur scène, à l’instar du chanteur country Orville Peck ou de la superstar Lizzo.