J’ai testé une combinaison qui nous met dans la peau d’un senior pour voir si je pouvais trimer jusqu’à 64 ans

J’ai testé une combinaison qui nous met dans la peau d’un senior pour voir si je pouvais trimer jusqu’à 64 ans

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Senior man suffering from a heart attack at home

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Par Konbini

Publié le

Spoiler : non.

“Vous verrez, à notre âge !”, cette phrase a la capacité de faire lever les yeux au ciel de bon nombre de millennials un brin exaspérés par les leçons de vie non sollicitées de nos seniors. Lorsqu’on vieillit, ce n’est pas tant l’incapacité à comprendre TikTok qui nous pénalise mais d’abord, et avant tout le vieillissement du corps.

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Or, il est difficile de s’imaginer avec un corps abîmé par l’âge lorsqu’on est encore à son “prime” pour reprendre une expression chère à la Gen Z. Cela tombe bien, c’est exactement ce que nous a proposé de tester Domitys, réseau de résidences services pour seniors.

L’idée est simple : se mettre dans la “peau” d’un·e octogénaire en s’équipant d’une combinaison composée de nombreux éléments lestés (gilet, gants, genouillères, etc.) destinés à alourdir, contracter, bloquer, gêner vos mouvements mais aussi vos muscles et vos articulations. On s’équipe aussi d’un masque teinté pour reproduire la sensation d’une cataracte, par exemple, et enfin, des bouchons d’oreille pour amplifier la surdité.

17 kilos d’âge

Une fois la combinaison entièrement enfilée, votre perception du monde change du tout au tout. Le dispositif est supposé nous mettre dans la peau d’une personne de 80 ans environ – même si cela dépend aussi beaucoup de votre état de forme de base. Le tout pèse 17 kilos, un poids de l’âge estimé par Domitys à mesure qu’ils compilaient les retours de leurs différents résidents.

Du fait des équipements lestés, le moindre mouvement devient plus difficile. Un escalier essouffle, se mouvoir dans l’espace fatigue, ou pire, faire de l’exercice physique devient un calvaire. On comprend alors beaucoup mieux pourquoi il est nécessaire pour les seniors de se poser sur un banc au cours d’une balade : c’est une pause absolument vitale.

Pour la mise en situation, j’essaye d’écrire un SMS sur mon téléphone à pavé physique. Les doigts sont rigides du fait des gants de la combinaison, comme pour simuler l’arthrose, tandis qu’il est difficile de voir correctement ce que l’on écrit – à part en zoomant énormément.

Des difficultés au quotidien qui isolent

L’idée est de montrer les difficultés qui ne font que s’aggraver à mesure que l’âge avance. “C’est au quotidien pour nous [les seniors, ndlr.], ce genre de douleurs”, témoigne une des résidentes.

Et c’est d’autant plus le cas lorsqu’on a eu une vie “usante”. Ici, il faut notamment comprendre tous les métiers avec des pénibilités physiques qui ont tendance à accélérer le vieillissement du corps. À l’heure où la question est au centre du dialogue social et d’une réflexion plus globale sur l’âge jusqu’auquel nous pouvons travailler, ce genre d’expérience a le mérite de donner un point de vue bien moins entendu – et ressenti, de fait.

Une mise en situation classique m’est proposée : une chute, à domicile, sans personne autour pour aider. La stratégie adoptée par les seniors ici, est bien souvent de s’aider d’un mur pour se relever. L’isolement prend tout son sens, jusque dans l’intégrité physique des seniors. Pire que tout, l’effet de panique est très commun même si beaucoup (trop) de seniors en prennent malheureusement l’habitude.

Si l’expérience fut courte, elle est permanente pour les seniors et il faut admettre que se mettre à la place d’un senior pendant une trentaine de minutes donne envie de prendre des nouvelles des seniors de sa famille qui endurent au quotidien (et depuis de nombreuses années) ces douleurs et difficultés.

Article rédigé dans le cadre d’une invitation.