Vous connaissez Fabrice Éboué humoriste, vous devez connaître Fabrice Éboué rappeur

Eazy-E-boué

Vous connaissez Fabrice Éboué humoriste, vous devez connaître Fabrice Éboué rappeur

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Par Sandra Gomes

Publié le

On part d’une casquette vue dans notre dernier Food Club pour vous faire découvrir une scène méconnue et un joyau de la documentation du hip-hop en France.

Vous êtes déjà plus de 400 000 à avoir vu notre dernier Food Club avec Fabrice Éboué mais combien d’entre vous connaissent sa première carrière de rappeur ?

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Ce week-end, en regardant la master class de mon collègue Robin de la rubrique Food, moi en mélomane que je suis, j’ai surtout été interpellée par cette casquette. Je dois avouer que je m’y connais moins en classement de bières d’épicerie qu’en rap français, et ce “Splifton” sur le couvre-chef d’Éboué, ça me semble être une très bonne occasion de vous parler d’une scène historique du hip-hop en France, et bien trop méconnue du grand public.

La courte mais importante carrière de Mr Faf dans le hip-hop français

Dans les années 1990, une bande d’amis passionnés par le son va amener un bout d’Amérique dans le 94. Diggers fous, experts de la culture hip-hop en pleine effervescence aux États-Unis et dont les débuts en France sont pleins de promesses, et surtout bons vivants, des amis vont former un crew pour laisser leur trace dans notre patrimoine musical. Parmi eux, Fabrice Éboué est le nerd de la bande, ses connaissances musicales sont impressionnantes et il sera celui qui transmettra le goût de la nouveauté aux autres membres, dont Aelpéacha, reconnu aujourd’hui comme un pionnier de la G-funk française. Fabrice devient alors Mr Faf.

“Splifton”, version traduite et pimpée de Joinville, petite ville du Val-de-Marne d’où est originaire son leader, devient dans les années 1990 un collectif notable dans le rap français et développe une scène qui prend rapidement de l’ampleur, à force de soirées “Gin & Juice” à la sauce US, barbecues géants, et mixtapes qui réunissent tous les talents de la région ayant une appétence particulière pour le son chaud et rond de la West Coast pendant que le rap de la capitale n’a d’yeux que pour New York et sa grisaille.

Un goût pour l’écriture découvert grâce au rap

L’autre particularité de cette scène, c’est d’apporter de l’humour dans un courant musical que l’on pense, à tort, forcément sérieux. Dès ces balbutiements, le rap était déjà une musique de célébration et de fête. La G-funk française de Splifton va respecter tous les codes américains du genre en y apportant une décontraction et un humour presque potache, où évidemment, le jeune Fabrice va briller.

C’est lui qui écrira les premiers textes d’Aelpéacha, il enregistrera même un album en 1997, avant de tuer l’idée dans l’œuf et de mettre un terme à sa carrière, reconnaissant au micro de OuiHustle : “J’étais le plus mauvais rappeur de l’Histoire, par contre j’avais une facilité pour les textes. Et mon goût pour l’écriture est venu grâce au rap”.

Leur histoire est racontée dans un documentaire sorti en 2016 intitulé sobrement Splifton réalisé par Aelpéacha lui-même et on y retrouve de nombreux intervenants, acteurs du mouvement à l’époque comme Jean-Pascal Zadi, Driver, Fabrice Éboué, ou commentateurs du phénomène comme Olivier Cachin et Mehdi Maïzi. Il est disponible sur YouTube, il y a un paquet d’images d’archives qui donnent franchement envie de participer à leurs épiques fêtes d’anniversaires aux concours de bodybuilding, et on vous invite fortement à vous plonger dans ce pan de l’histoire du rap en France. Maintenant, vous savez.