La bande dessinée a connu une nouvelle année de croissance en France en 2020, dans un contexte pourtant difficile avec des semaines de fermeture pour les librairies, selon des chiffres de l’institut GfK publiés jeudi. Le nombre d’exemplaires vendus a grimpé de 9 % à 53,1 millions, et le chiffre d’affaires de 6 % à 591 millions d’euros.
La BD est, depuis plusieurs années, le segment de l’édition qui connaît la meilleure croissance, lui permettant d’augmenter une part de marché qui atteint désormais 18 %. Selon GfK, avec un livre acheté sur six, c’est “le troisième segment” sur le marché, après la littérature générale et les livres pour la jeunesse.
Les fermetures de librairies au printemps et en novembre ont eu pour effet de perturber le calendrier des nouveautés, avec un nombre de sorties en baisse de 12 %, et des annulations ou reports qui ont concerné des auteurs moins connus.
Au sein des BD, les mangas sont le genre le plus dynamique, représentant 42 % des exemplaires vendus, et une croissance de 18 % en 2020. Le reste des ventes est réparti entre “BD de genre” (27 % du marché), BD jeunesse (25 %) et comics (6 %).
Les meilleures ventes de l’année côté BD ont été un album de Lucky Luke, Un cow-boy dans le coton, suivi de L’Arabe du futur 5 de Riad Sattouf et du 27e tome des aventures de Blake et Mortimer, Le Cri du Moloch.
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Si “les Français ont acheté massivement des BD au moment de la réouverture” des librairies, cela a surtout profité aux auteurs les plus connus. “Leur poids a été renforcé tout au long de l’année”, estime GfK. En réalité, la BD souffre non pas de l’érosion des ventes, sensible dans d’autres secteurs du livre, mais plus de la rémunération très faible pour les auteurs, sauf pour les plus célèbres.
Des chiffres qui tombent dans un contexte tendu
Ces chiffres, qui renforcent cette idée d’inégalité au sein de ce secteur, sont parus ce jeudi 28 janvier, à la veille du palmarès du célèbre Festival international de la BD d’Angoulême, qui se déroule dans un contexte particulier.
La partie grand public de ce festival a été reportée à juin pour qu’il puisse se tenir en extérieur si la crise sanitaire l’impose. Pour compenser le manque de visibilité, la direction du festival a lancé en décembre des expositions, dans une quarantaine de gares SNCF, de l’œuvre d’auteurs de BD.
L’initiative n’a pas entièrement convaincu. Le collectif Auteurs et autrices en action (AAA), qui réclame une plus grande part du chiffre d’affaires de la BD pour les auteurs, a déploré que le festival et la SNCF “se refusent encore cette année même à rémunérer les autrices et auteurs dont elles exposent le travail”.
Une tribune a été signée par près de 700 auteurs, dont certains sont dans la sélection officielle en vue des récompenses décernées vendredi, à l’instar de Zanzim (Peau d’homme) et Maurane Mazars (Tanz). Ils menacent d’un “boycott total du versant public du Festival d’Angoulême, en juin prochain, si aucun acte réel et concret n’est posé d’ici là, à l’endroit de notre statut professionnel, de notre représentation et d’un juste rééquilibrage de la chaîne du livre”.
Konbini avec AFP