Rencontre avec Tsew, le kid qui fait chavirer les cœurs

Rencontre avec Tsew, le kid qui fait chavirer les cœurs

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©Lucas Posson

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Par Guillaume Narduzzi

Publié le

Le jeune artiste vient de dévoiler sa première mixtape, Diavolana, ce vendredi 22 novembre et confirme les espoirs placés en lui.

En mettant des mots sur les maux du quotidien, Tsew The Kid est devenu l’un des artistes plébiscités de la nouvelle génération. Après avoir tant affolé le Web avec ses phases de kickage, ému son audience avec son écriture sensible et empreinte d’un spleen poétique au possible, le jeune artiste prend désormais son envol depuis sa signature sur le très solide label Panenka Music (PLK, Georgio, Therapie Taxi…).

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Celui qui n’a pourtant plus rien d’un enfant propose depuis plusieurs années sa musique faite avec le cœur sur ses différents réseaux sociaux. Adoré par les internautes, Tsew a créé sa propre recette – une formule bien à lui – ancrée dans le R’n’B, le rap et la chanson plus traditionnelle. Véritable phénomène, il a notamment rempli La Maroquinerie en seulement 48 heures pour sa première date et est devenu l’un des plus gros espoirs de la plateforme Deezer. Une popularité immense pour Tsew The Kid, qui témoigne de sa capacité à devenir un artiste majeur de sa génération. Alors que sa première mixtape, Diavolana, vient de paraître en ce vendredi 22 septembre, nous sommes allés à la rencontre de cet intrigant jeune homme. Entretien à cœur ouvert.

Konbini | Qui es-tu ?

Tsew The Kid | Hello ! Moi c’est Tsew The Kid, chanteur-auteur-compositeur.

Quand es-tu né ? 

Le 3 décembre 1996.

D’où viens-tu ?

Je suis d’origine malgache. J’ai grandi cinq ans là-bas. Je suis né à Paris, pour les papiers [rires]. Et donc de 1996 à 2001, j’ai vécu à Madagascar. Je suis arrivé en France le 11 septembre 2001 et depuis je vis dans le 91, à Savigny-sur-Orge. 

Quand et comment as-tu commencé la musique ?

La musique est arrivée naturellement, je viens d’une famille de musiciens et chanteurs. C’est parti d’ambiance familiale depuis tout petit, avec notamment mon père qui jouait du piano et de la guitare à la maison, qui chante également, ma sœur qui l’accompagne, ma mère qui est dans une chorale gospel, mon petit frère qui fait du piano aussi… Ça m’a donné envie de chanter. Parallèlement, mon grand cousin écrivait des textes de rap, et il m’a transmis l’envie d’écrire. J’ai combiné un peu tout ça pour faire ma propre musique au fur et à mesure. J’aime bien rendre ça organique, être à l’aise sur différents registres. Un peu à l’image de Bruno Mars, je le trouve très fort là-dessus. C’est une de mes références. C’est ce que j’essaie de faire en restant moi-même et en créant mon propre style. 

©Lucas Posson

Qu’est-ce que tu faisais avant ?

J’ai eu mon bac scientifique. J’ai entamé une licence en économie/gestion à la faculté d’Orsay, puis à celle de Sceaux jusqu’à la L3. Puis la musique a vraiment pris de la place, donc j’ai pu me permettre de lâcher les études. Ça fait deux ans que je suis à 100 % dans la musique, depuis septembre 2017. Avec mon meilleur pote et manager, Jérôme, et mon grand cousin, Anthony, on a décidé de lancer le projet Tsew The Kid. On s’est dit qu’on allait se donner sur les réseaux, essayer de grandir comme on peut et ensuite voir ce que ça donne. Bonne expérience pour l’instant.

Quel a été le déclic ?

J’allais plus en cours déjà [rires]. En vrai, j’ai senti que l’audience grandissait et que je voyais que ça pouvait me permettre d’être indépendant financièrement, je me suis dit “autant en faire mon métier”. On a réussi à passer un cap intéressant, qui nous a permis d’ouvrir des portes que je n’aurais jamais imaginé ouvrir.

Quelles sont tes influences musicales ?

Bruno Mars pour le côté funky et son timbre de voix, et le fait qu’il est à l’aise dans différents registres. Je trouve ça super important le timbre de voix, ça permet de distinguer vraiment les artistes. Miguel pour le côté rock californien. J’aime sa façon d’aborder la musique. The Weeknd pour le côté “deep” et “Jackson” un peu qui se ressent dans la voix. En France, je dirais OBOY pour le côté nonchalant, il incarne une nouvelle vibe. Joke, enfin Ateyaba. J’avais acheté son album, excellent. Il est collector [rires]. Il m’a beaucoup inspiré, pour adapter ma musique chantée sur du rap. Au début, j’avais envie de rapper comme lui.

Comment as-tu été découvert ? 

Mois de décembre 2018. Je balance deux freestyles qui ont été marquants. Le premier, je chante avec une voix un peu aiguë, puis je commence à kicker. Ça a surpris beaucoup de monde et ça a fait le tour de Twitter, genre 700 000 vues. Puis dans la foulée, “Même les monstres rêvent d’amour”, que j’ai transformé en chanson en janvier dernier. Je sentais que je l’avais vraiment fait avec le cœur, et c’est un des sons que j’ai le mieux écrit, je pense. Ça a été un gros tournant, de transformer un freestyle qui a marché en un son sur les plateformes, qui a bien fonctionné également. C’est même devenu mon morceau phare, avec “Cigarette”. À partir de là, la machine a commencé à se lancer. 

Comment tu décrirais ton univers artistique ?

Beaucoup d’amour, c’est sûr. C’est un thème récurrent. Il y a de la simplicité, mon image n’est pas spécialement travaillée, c’est authentique. J’essaie de rester simple en tout cas. Ce que j’essaie de véhiculer, c’est l’image du cœur. C’est la base d’un être humain, des relations et des interactions. C’est pour ça que j’en ai fait mon logo aussi.

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On ressent l’influence rap dans l’écriture, avec des sonorités qui oscillent entre R’n’B, pop et chanson française. Comment tu es arrivé à cette formule ?

Mon influence, initialement, c’est plutôt des gens qui chantent. Mais en avril 2018, j’ai fait un concours de rap sur Instagram, “1 Minute 2 rap”. Ça m’a permis de réfléchir autrement et de m’adapter. Il fallait faire un truc qui me plaise, mais un peu plus rappé pour que ça plaise aux internautes. C’était un bon moyen de mêler les deux en gardant ma signature vocale, et j’ai l’impression d’avoir réussi à avoir une nouvelle palette. Maintenant, je peux jongler sur les deux quand j’écris mes chansons. Ça incarne bien la nouvelle génération où le rap est devenu plus chanté, un cross-over entre différents registres. Comme Lomepal par exemple, son dernier album est génial

Tu parlais de Twitter tout à l’heure, maintenant Instagram. Les réseaux ont vraiment porté ton projet.

Je m’en suis servi comme un outil de travail. Ça incarne bien la nouvelle génération et c’est efficace. Si tu fais bien le travail, tu peux toucher des gens en masse. Ce que j’aime bien aussi, c’est que ça me permet d’être proche de ma communauté dès le début. On m’a dit qu’il y a certains artistes signés en maison de disques qui essaient de créer une communauté justement, alors que moi c’est l’inverse. Limite je trouve ça mieux. Je réponds à quasi tous les messages, et je fais de la musique pour ça : l’interaction avec le public.

Est-ce que t’es sur Tik Tok aussi ?

Oui j’ai créé un compte Tik Tok aussi pour toucher les plus jeunes. Ils sont actifs de ouf. J’étais un peu sceptique au début, mais c’est bien. Tu postes des vidéos, puis après les utilisateurs visionnent ça et peuvent faire des remix dessus. On en a eu quelques-uns qui étaient bien drôles. Ils sont imaginatifs [rires].

Tu viens de faire un featuring avec Lonespi également.

Ça a été très spontané, j’ai bien kiffé. Quand c’est instinctif, ça se ressent. C’est parti de Twitter, encore une fois, quelqu’un qui nous a tagués et qui a dit : “ce serait bien que Tsew et Lonespi fassent un feat.” Lonepsi a demandé : “t’en dis quoi Tsew ?” À ce moment-là, je faisais du shopping pour un shooting photo. Jérôme m’appelle et me dit de checker Twitter. Je récupère le numéro de Lonepsi et je l’appelle. J’étais pas très loin et je lui ai dit : “je prends un Uber et j’arrive”. On s’est posés avec une bière sur les quais, et on a discuté pour se connaître un peu plus. Ensuite, on est allés chez lui pour enregistrer, il m’a laissé une heure pour mon couplet et j’ai enregistré direct.

Il y a beaucoup d’amour, mais aussi de la mélancolie qui émane de tes textes. D’où provient-elle ?

C’est des expériences et du vécu que je retranscris à travers mes textes. Je le vis un peu comme un exutoire. J’essaie, à travers cette mélancolie, de faire percevoir une petite lueur d’espoir. C’est important parce que c’est pas top d’écouter un son et de rester dans ta tristesse après. Je m’en rends compte quand les gens m’envoient des messages en disant qu’ils ont l’impression que j’ai posé des mots sur ce qu’ils ressentent. Et moi de mon côté, je me sens compris et je peux aller de l’avant. Je suis vraiment content de ça.

Tu chantais un peu en espagnol sur ton premier EP (“Peruanita”, “Cara”). C’est quelque chose que tu aimerais explorer ?

Ouais clairement, j’aime bien. J’ai déjà placé des mots en malgache dans mes morceaux. J’aime bien mélanger des langues que je trouve harmonieuses, comme l’espagnol ou le malgache. Après “Peruanita”, c’était surtout en rapport avec une ex qui est péruvienne. Mais l’espagnol, c’est trop stylé. Dans les sons, ça glisse tout seul.

Tu parles souvent d’amour dans tes chansons. Tu souhaites évoquer d’autres thématiques ou tu penses que c’est un filon que tu peux encore exploiter ?

L’amour est un thème, mais tu peux le diversifier. J’essaie de toucher à ses différents sous-thèmes. Mais effectivement, je vais aborder d’autres thèmes dans mes prochains titres. C’est une continuité du son “Même les monstres rêvent d’amour”. Beaucoup de remises en question, sur ma vie, mon parcours, ma famille, mes relations… J’ai un vide en moi, comme tout le monde sur terre. Je réfléchis à comment je pourrais le combler. Tu penses à tout ce que tu as fait, tout ce que tu projettes de faire, et ça m’a pousser à écrire certains sons, assez forts je pense, qui vont arriver bientôt.

Tu as rempli La Maroquinerie très rapidement…

Yes, les 12 et 13 octobre. La première date en 48h, et la deuxième en une semaine et demi je crois. Ça m’a fait plaisir comme j’avais un peu d’appréhension, j’avais peur qu’il n’y ait personne. Mais ça m’a fait chaud au cœur. C’est quelque chose que j’aime bien, la scène. Il n’y a plus de téléphone, t’es face au public. L’interaction est plus forte et je m’amuse. J’adore retrouver de l’adrénaline avant de monter sur scène, comme quand je faisais du tennis plus jeune et que tu rentres sur le court. Je kiffe le challenge.

Comment, de ton point de vue, t’expliques les succès de “Même les monstres rêvent d’amour” et “Cigarette” ?

Je ne pensais pas que “Cigarette” allait fonctionner autant. Tu peux te poser, fermer les yeux et imaginer la scène. Le son est très visuel, avec beaucoup de détails, et ça touche pas mal de gens. T’associes une image à un sentiment. “Même les monstres rêvent d’amour”, je l’ai écrite dans une période où je me posais beaucoup de questions. Je me pose beaucoup de questions de manière générale, mais là j’avais atteint un summum. J’ai réussi à retranscrire ça sur une vibe, je suis allé au studio, enfin dans mon garage, et ça s’est fait comme ça. 

T’es signé sur quel label ?

J’ai signé en juin dernier. Ça m’a vraiment fait passé un cap. J’ai peur de stagner, tu vois ? Heureusement que je suis entouré de gens qui m’encouragent à “step-up”. Le label pourra nous permettre d’atteindre une plus grosse audience, de taper à plus grosse échelle. C’est des gens très compétents, du solide. Je me professionnalise, je vais en studio… même s’il ne faut pas sous-estimer mon garage [rires].

Tu fais partie des nouveaux talents de Deezer. Selon toi, quels sont tes axes de progression désormais ?

Je dirais la scène. C’est le plus flagrant actuellement. Je vais commencer très simple avec mon DJ, mais j’ai envie d’évoluer et de rendre le truc organique, avec une scénographie à l’américaine. Comme des Bruno Mars ou des Kendrick, c’est incroyable. Sinon musicalement, je veux explorer plein de facettes de moi-même, et ne pas m’enfermer dans des cases. Que je puisse avoir différents thèmes dans ma musique, et toujours garder en tête qu’il faut savoir varier les registres. Mais surtout, garder la tête sur les épaules.

Quelles seraient les meilleures conditions pour écouter ta musique ?

Dans le lit avant de dormir, t’es bien je pense. Tu te retrouves seul avec toi-même et t’es plus sensible à la musique. Sinon dans les transports, quand t’es avec tes écouteurs et que tu phases en regardant la vitre. Ou alors à deux, pour un petit date, ça peut aider [rires]

Si tu devais convaincre les gens d’écouter ta musique, tu leurs dirais quoi ?

Hmm… J’ai pas vraiment envie de convaincre. Il faut pas forcer les gens. Si ma musique te touche, c’est que t’étais dans le bon mood et que t’en avais besoin, donc kiffes. C’est que j’ai bien fait mon taff. Si t’as pas le mood, franchement, c’est pas grave. Peut-être que mes sons reviendront quand même dans tes playlists un jour ou l’autre, et que tu seras dans le bon mood.

Tu planches sur un premier album ?

Mixtape d’abord, tu connais ! “Partir loin” est le premier single, clippé, qui est sorti en septembre. Le deuxième, “Loin de moi” est arrivé en octobre, et le troisième, “Peur de sombrer”, on l’a gardé pour le jour de la sortie du projet. Les trois sont clippés.

Le mot de la fin ?

“L’univers conspire à nous plaire quand les souhaits viennent du cœur”, inspiré de Paulo Coelho, L’Alchimiste.