Stephen Sondheim, légende de la comédie musicale américaine et parolier de West Side Story, est décédé vendredi à l’âge de 91 ans, a indiqué un porte-parole. Son avocat, F. Richard Pappas, avait annoncé au New York Times que Stephen Sondheim s’était éteint soudainement à son domicile de Roxbury, dans le Connecticut (nord-est du pays), après avoir célébré Thanksgiving avec ses amis la veille. Rick Miramontez, porte-parole d’une de ses pièces, Company, actuellement en représentation à Broadway, a confirmé sa mort à l’AFP.
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Formé tout jeune par le grand maître de la comédie musicale Oscar Hammerstein (Show Boat, La Mélodie du bonheur), Stephen Sondheim avait été engagé à seulement 25 ans pour écrire les paroles de la désormais mythique West Side Story, son premier spectacle sur Broadway, plus tard adapté à l’écran.
Né le 22 mars 1930 à New York, il était considéré comme l’un des plus grands compositeurs de comédie musicale et était perçu comme un intellectuel du genre, car il préférait le théâtre d’art au divertissement si répandu à Broadway. Il avait notamment travaillé sur Sweeney Todd, Gypsy, Sunday in the Park with George, A Little Night Music, comme compositeur ou parolier. Au cours de sa longue carrière, ce géant de Broadway a remporté huit Grammy Awards, tout autant de Tony Awards, un Oscar, ainsi qu’un prix Pulitzer.
Stephen Sondheim, dont les parents travaillaient dans la mode, s’était passionné pour le théâtre musical dès son plus jeune âge. Après avoir travaillé à la télévision ou écrit des mots croisés pour le New York Magazine, c’est grâce à West Side Story qu’il accède à la gloire.
Quand cinéma et actualité se répondent
Sa mort fait écho à l’actualité cinéma du moment puisque, sur Netflix, Lin-Manuel Miranda rend hommage à une autre étoile de la comédie musicale, Jonathan Larson. Auteur-compositeur de génie, il a signé l’une des plus grandes comédies musicales de tous les temps : Rent, transposition de La Bohème de Puccini, à New York, dans les années 1990, restée douze ans à l’affiche à Broadway, du 29 avril 1996 au 7 septembre 2008. Génie maudit, Larson mourut le matin de l’avant-première d’un anévrisme aortique, à l’âge de 35 ans.
Avant de connaître la gloire posthume, Jonathan Larson avait écrit le musical futuriste Suberbia, inspiré de 1984, le roman dystopique de George Orwell, qui ne rencontra pas le succès escompté. En parallèle, il couchait ses frustrations de créateur sur papier et composa Tick, Tick… Boom! en référence à l’urgence créatrice qui l’animait à l’approche de la trentaine. Il fut encouragé dès ses débuts, sans grand succès, par Stephen Sondheim, qui devint son mentor.
Interprété par Bradley Whitford dans le film de Lin-Manuel Miranda, le compositeur fait cependant un caméo vocal dans un message d’encouragement laissé sur le répondeur de Larson, écrit par Sondheim lui-même : “C’est un excellent travail qui a de l’avenir. Et toi aussi. Je te rappelle plus tard avec quelques conseils si ça te va. En attendant, sois fier.”
“Terrible perte”
En 2015, Barack Obama, alors président des États-Unis, lui avait attribué la médaille présidentielle de la Liberté, la plus haute distinction civile. “Pour le dire simplement, Stephen a réinventé la comédie musicale américaine, avait dit Barack Obama. Sa musique est si belle, ses paroles si précises, que même lorsqu’il expose les imperfections de la vie quotidienne, il les transcende.” “Remercions le Seigneur que Sondheim ait vécu jusqu’à 91 ans et ait eu le temps d’écrire de si merveilleuses musiques et d’excellents textes ! Qu’il repose en paix”, a salué Barbra Streisand, icône de la chanson, en tweetant une photo d’eux deux.
L’actrice et chanteuse Anna Kendrick a déploré une “terrible perte”. “Il y a quelques jours, je disais à quelqu’un à quel point il est amusant (et vraiment difficile) de chanter du Stephen Sondheim. Interpréter ses œuvres a été l’un des plus grands privilèges de ma carrière”, a-t-elle réagi sur Twitter. L’acteur Hugh Jackman a de son côté exprimé sa gratitude au parolier. “De temps en temps, une personne vient changer fondamentalement un genre artistique tout entier. Stephen Sondheim était de celles-là. Au moment où des millions de personnes pleurent son décès, je tiens aussi à exprimer ma reconnaissance pour tout ce qu’il m’a donné, à moi et à tant d’autres”, a-t-il écrit.
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À New York, dans le quartier de Broadway devant le théâtre Bernard Jacobs, la metteuse en scène britannique de Company – A Musical Comedy, Marianne Elliott, a salué “un génie qui sera toujours une référence”.
Malgré le succès mondial de Stephen Sondheim, il aura fallu attendre 2010 pour que ses comédies musicales connaissent les honneurs des planches parisiennes, avec A Little Night Music au prestigieux théâtre du Châtelet. Avant cela, seule une production de A Funny Thing Happened on the Way to the Forum avait été mise à l’affiche du théâtre du Palais-Royal en 1965, sans grand écho.
Preuve de la longévité de ses œuvres, deux de ses pièces, Company, créée en 1970, et Assassins, qui date de 1990, étaient jouées à Broadway cet automne. Quelques jours avant sa mort, l’artiste respecté avait dit dans une interview au New York Times avoir été “chanceux”, ravi de voir ses spectacles joués encore et encore.
Konbini avec AFP