Sonia Faïdi, la flamme du cinéma français sur qui il va falloir compter

Talents of tomorrow 2024 by Konbini

Sonia Faïdi, la flamme du cinéma français sur qui il va falloir compter

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Par Arthur Cios

Publié le

23 ans, un film en salle, et déjà repérée par les César ; Sonia Faïdi n’est pas qu’une formidable actrice, elle est aussi une personnalité à suivre de très près.

Depuis quinze ans, on reçoit des artistes et personnalités mondialement connu·e·s de la pop culture, mais on a aussi à cœur de spotter les talents émergents dont les médias ne parlent pas encore.

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En 2024, après une première édition des Talents of tomorrow, on repart en quête de la relève. La rédaction de Konbini vous propose une série de portraits sur les étoiles de demain, qui vont exploser cette année. Des personnalités jeunes et francophones qu’on vous invite à suivre et soutenir dès maintenant.

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Portrait. La notion de révélation est floue. Pour l’Académie des César en tout cas. Cela peut tout autant être une actrice établie, qui a eu deux premiers rôles cette année et qui travaille depuis de longues années déjà, qu’une actrice qui, en un rôle, électrise tout, bluffe toute une industrie et se fait une place dans la cour des grands. Comment Sonia s’est-elle retrouvée là, dans cette présélection des César 2024 ? Elle-même se pose la question. “Ça n’a aucun sens, c’est mon premier film, c’est mon premier rôle, je ne travaille depuis pas si longtemps que ça, je n’ai pas fait beaucoup de choses, je n’ai même pratiquement rien fait avant. Et il y a des gens qui sont là depuis longtemps, qui méritent leur place. Moi j’ai le temps.”

Certains y liraient de la fausse modestie. C’est tout l’inverse. Il suffit de voir comment débarque la jeune femme dans nos locaux, gros sac sur le dos, manifestement émerveillée qu’on s’intéresse à elle, pour le comprendre. Parfaitement à sa place, et en même temps questionnant en permanence sa légitimité. C’est normal. Et pourtant, dans un métier qui consiste à prendre la lumière, c’est une posture assez rare. 

Il faut dire qu’il y a un alignement des étoiles peu ordinaire. Imaginez un peu : après le bac, vous rentrez à la fac en licence d’info-com mais vous payez pour avoir les cours du soir des Cours Florent. Pour les payer, il faut travailler à côté. Une fois la licence passée, vous tentez le concours de la classe libre des Cours Florent — “c’est un concours vraiment dur, on est plusieurs centaines et il garde 10 filles et 10 garçons“. Et ça passe. Et pendant que vous étudiez officiellement, vous tournez dans une série France TV Slash, et avant qu’elle sorte, vous êtes prise un rôle secondaire important aux côtés de Camélia Jordana et Sofiane Zermani, sur un long métrage au sujet lourd et pas simple — les violences policières.

Le début de carrière de Sonia Faïdi n’est pas des plus communs, en récupérant d’aussi gros rôles pour de premières expériences. “Je suis trop chanceuse, c’est exceptionnel“, dit-elle, comme pour justifier son parcours. La réalité est tout autre : la discussion durera 45 minutes, le shooting à peu près la moitié du temps, mais il ne nous faudra pas plus de 10 minutes pour comprendre que ce n’est pas de la chance. Du tout. On vient à peine de la rencontrer, et on a déjà l’impression d’être de vieux potes qui refont le monde, étalés sur un canapé en cuir trop confortable. C’est une question de charisme ou d’aisance naturelle. Quiconque la croise le saisit immédiatement — à l’image de notre photographe, charmé instantanément.

Quand sa mère a vu pour la première fois une affiche avec le nom de sa fille écrit en grandes lettres, outre l’émotion évidente, sa réponse sera de dire à Sonia : “c’est logique, c’est normal que tu aies une place sur une affiche de film, c’est évident“. Et c’est vrai que ça l’est. Mais pas pour elle. “Je te jure, j’aurais pu faire un high five à la moi de sept ans, j’avais tout gagné, ça m’a bouleversé” raconte-t-elle, avec encore des petits trémolos dans la voix.

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Évidemment, tout ça vient ne vient pas de nulle part. C’est sur les planches de théâtre que Sonia a fait ses premières armes, à l’âge de sept ans. Une activité qu’elle repère au milieu de mille autres (karaté, poterie, violon, peinture, natation, basket, et même golf), et qui aurait pu ne jamais fonctionner pour elle :

“Je faisais le spectacle, toujours très active. Mes parents ont vite compris qu’il fallait que je fasse quelque chose, donc j’ai fait un milliard d’activités. Et au fur et à mesure, il n’y a que le théâtre qui a survécu. Ce qui est fou, parce que je détestais ; je disais à ma mère ‘mais c’est débile, les gens, ils font n’importe quoi’. Parce que je trouvais ça ridicule. Parce que je n’y croyais pas. Puis, au bout d’un moment, j’ai fini par lâcher prise, et j’ai adoré. Le fait d’y croire et surtout d’être cru, ça a tout changé”.

Tout n’est qu’une question de croyance. Quand elle fait des matchs d’impro, que ce soit dans un lycée du Nord de la France ou dans le sixième arrondissement de Paris, tout n’est que croyance. Quand elle insiste auprès de ses profs des Cours Florent pour aller tourner en express (32 jours pour 5 épisodes de 40 minutes) une série française avec des ogres (!), c’est qu’il faut sacrément y croire. 

Car il y a une règle intangible, qui a régi toute la vie de Faïdi : le feeling avec les gens. Il est indispensable. Ce sera pareil pour son premier film, et ses projets futurs.

“Il faut être avec des gens avec qui tu as confiance, avec qui tu peux être vulnérable, enfin lâcher prise.

Après, j’avoue que c’est aussi l’école qui m’a permis d’à ce point ne pas se regarder et faire, juste faire, et y croire. C’est pour ça que j’y reviens toujours.”

Parce que oui, la carrière est lancée. Oui, tout semble bien parti. Et pourtant, Sonia pense avoir encore beaucoup à apprendre. Elle veut passer les concours d’écoles nationales d’art dramatique. Et apprendre, encore et toujours. Tenter des choses. Essayer le doublage, jouer dans une autre langue (à vrai dire, elle vient déjà de le faire, puisqu’elle vient de tourner une série anglaise), retourner sur les planches, s’essayer à des rôles de composition… Et pourquoi pas, un jour, passer derrière la caméra. “C’est trop tôt pour y penser, je ne sais pas, peut-être un jour” dit-elle, avant de conclure, le sourire aux lèvres : “Mais dans ce cas, je retournerai à l’école alors.”

Les recos de Sonia Faïdi

  • Un film : Bye Bye Tibériade (2023), de Lina Soualem.
  • Une expo : Mark Rothko à la Fondation Louis Vuitton.
  • Un livre : À propos d’amour, de bell hooks.
  • Une série : Glee de Ryan Murphy.
  • Un disque : 1,6 de TIF.

Vous pouvez suivre Sonia Faïdi sur Instagram.