De la danse au cinéma
Née en 1982 à Bab El Oued, Sofia Boutella quitte l’Algérie pour la France à l’âge de 10 ans. Après la danse classique à Alger, elle découvre ici la gymnastique rythmique. Elle fait le grand écart entre passion et pression, et finit par devenir une grosse bosseuse. À l’adolescence, elle délaisse les ballerines pour les baskets et excelle dans sa nouvelle lubie, le hip-hop.
Elle intègre alors la troupe du Vagabond Crew. Embarquée dans Chienne de vie, la première création de la bande, Sofia Boutella, dynamique et gracieuse, se fait remarquer pour ses performances physiques. À cette époque, la cinéaste Blanca Li est à la recherche de perles rares pour jouer dans son film aux bonnes vibes, Le Défi. Le talent de Sofia la convainc, et celle-ci décroche son premier rôle :
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Sur les plateaux de cinéma, la jeune femme se trouve finalement un nouveau terrain :
“La première fois que j’ai tourné, j’avais 17 ans. C’était ma première expérience et j’ai pris beaucoup de plaisir. J’avais envie d’apprendre et c’est ce que j’ai fait. J’ai ensuite continué, car je sentais une passion par rapport à ça. Il y a beaucoup de choses qui m’inspirent. Je pense que c’est juste une accumulation de films que j’ai vus, de voir l’effet que ça a sur moi et de me rendre compte à quel point j’aime ça.”
Mais avant de se faire appeler par les gros studios – et de se retrouver dans Kingsman : Services Secrets ou dans Star Trek : Sans limites – l’actrice enchaîne les spots de pub pour Narta et Nike, jusqu’au jour où le géant à la virgule fait d’elle son égérie :
Ce nouveau visage ne tarde pas à attirer les regards. Rihanna la convie dans le clip brûlant de “S.O.S”, Chris Brown pour celui de son monstrueux “Wall to Wall”, et Jamiroquai pour celui du funky et coloré “Little L”. Même le légendaire Michael Jackson l’invite à se trémousser dans le clip de “Hollywood Tonight” :
Mais malgré toutes ces rencontres enrichissantes, dont elle parle avec les yeux qui brillent, c’est la reine de la pop qui la marquera plus que tout. Réputée pour ses shows spectaculaires, Madonna (après avoir collaboré avec la danseuse sur les clips de “Hung Up”, “Sorry” et “Celebration”) la met en avant dans sa tournée mondiale Confessions Tour :
“Madonna est quelqu’un qui m’a beaucoup inspirée, qui m’a beaucoup aidée. En tant que femme, elle m’a donné une sorte de force parce qu’elle a une opinion, elle a un avis qu’elle met en avant. Elle n’est pas timide et elle travaille beaucoup : j’ai beaucoup d’admiration pour ça.”
Sofia Boutella explique que l’icône de la musique l’a aidée à assumer sa féminité, à trouver sa voie et à exprimer ses opinions. En effet, travailler avec Madonna, la version sulfureuse de Marilyn Monroe, n’a pas seulement été un tournant dans sa carrière : comme pour achever son apprentissage, la pro du hip-hop, qui était alors un garçon manqué, s’est métamorphosée grâce à cette star planétaire en femme libérée.
La nouvelle héroïne badass d’Hollywood
Avec cette nouvelle philosophie de vie, la jeune guerrière était enfin prête à conquérir le monde du cinéma. Pourtant, à la base, elle ne visait pas nécessairement Hollywood :
“Je n’ai pas été à Hollywood pour être à Hollywood, vraiment. Je suis allée à Los Angeles parce que j’étais en train de répéter pour ma première tournée avec Madonna. Une fois à Tokyo, le management de la tournée m’a demandé où je voulais aller avec mon billet de retour. J’ai seulement cité Los Angeles parce qu’il me restait deux mois pour mon visa, et je ne sais pas pourquoi, je suis restée, c’est devenu ma base. Mais j’ai beaucoup voyagé.”
Là-bas, le travail requiert un rythme intense. L’actrice nous confie qu’elle a dû redoubler d’effort pour s’adapter. Toujours sincère dans sa passion, elle se voit maintenant propulsée dans l’un des blockbusters les plus attendus et controversés de l’année : le reboot de La Momie. Afin de montrer l’ampleur du relooking qu’elle a subi pour incarner le rôle-titre, elle a posté sur son compte Instagram une photo de la préparation de son personnage, qui demandait… six heures de maquillage !
Pour ce rôle, elle avoue avoir été séduite par la conviction et la peine de son personnage. Bannie des siens parce qu’elle avait soif de pouvoir, l’ancienne princesse royale Ahmanet est enterrée et oubliée pendant des siècles. Tom Cruise, au physique désormais intemporel, la délivre de sa prison au cours d’une mission et la ramène en Angleterre, où elle détruit tout sur son passage, dans le but d’achever ce qu’elle avait planifié des siècles plus tôt. À l’écran, derrière son impressionnant maquillage, elle hurle, saute partout et aspire la vie de ses victimes. Dans la peau de la méchante, elle ouvre la voie au prometteur projet de “Dark Universe” d’Universal – qui souhait faire renaître les monstres iconiques qui ont marqué Hollywood. Un grand plan qu’elle défend avec entrain :
“Je pense qu’à un moment on a tous été déçus. Un cœur brisé (quelles que soient les raisons), c’est difficile à réparer. Et c’est pour cela que les monstres – ou les méchants dans les films en général – sont fascinants. Les ‘méchants’, il n’y a pas une autre manière de dire ça ? On dirait que j’ai cinq ans [Rires]. Je pense qu’ils sont intéressants à observer, parce qu’il y a une étape que l’on ne franchit pas, nous les gentils, parce que l’on rationalise. On a l’occasion d’observer un personnage qui va dans ce côté obscur fascinant à observer. C’est pour ça que les films de monstres sont intéressants, parce que c’est une belle métaphore.”
Le cinéma l’accueille maintenant à bras ouverts. Prochainement à l’affiche du costaud Atomic Blonde (aux côtés de Charlize Theron) et de Fahrenheit 451 (avec Michael Shannon), la jeune femme s’est clairement imposée dans la catégorie des actrices prometteuses.