Shrinking, la série tragicomique et bienveillante qui va vous donner envie d’aller chez le psy

Shrinking, la série tragicomique et bienveillante qui va vous donner envie d’aller chez le psy

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Par Adrien Delage

Publié le

Dans la veine de Ted Lasso, Shrinking est une série réconfortante, drôle et touchante, portée par un Jason Segel de gala.

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La guerre en Ukraine, la catastrophe chimique en Ohio, le séisme qui a ravagé la Turquie et la Syrie, la sobriété énergique… Il a rarement été aussi difficile d’ouvrir un journal et d’affronter la cruelle réalité qui nous entoure au quotidien. Heureusement, les séries sont et resteront un objet d’art et de fiction capable de nous permettre de nous évader pendant quelques heures, et certaines encore plus que d’autres.

On parle évidemment des séries “doudou”, celles qui nous rassurent, nous font rire et pleurer, sont d’une étrange manière cathartiques et nous aident à avancer même quand l’univers ne tourne pas rond. Celles du calibre de Shrinking, la nouvelle pépite d’Apple dont vous allez assurément et éperdument tomber amoureux si vous avez un cœur doux et empathique comme votre serviteur.

Shrinking nous invite dans un cabinet de psychothérapie californien au sein duquel bosse Jimmy Laird (Jason Segel), un psy qui traverse le deuil de sa femme avec beaucoup de difficultés. Délaissant sa fille et moins pertinent auprès de ses patients à cause du chagrin qui le consume, il décide de se reprendre en main en employant une méthode complètement non éthique : s’immiscer pleinement dans la vie de ses patients, quitte à les priver de leur libre arbitre.

Si cette technique déplaît fortement à son patron le docteur Phil Rhodes (Harrison Ford), Jimmy se rend compte qu’elle a parfois des résultats étonnamment positifs et qu’elle lui permet surtout d’avancer et d’entamer un long chemin vers la guérison.

Une nouvelle douceur sucrée à la Ted Lasso

Si je présente Shrinking comme une série qui vous veut (fait) du bien, ce n’est pas dû au hasard. Le scénario a été écrit par Jason Segel et deux personnalités essentielles au succès de Ted Lasso, une autre dramédie doudou d’Apple, à savoir le showrunner Bill Lawrence (aussi connu pour Scrubs et Cougar Town) et l’acteur et scénariste Brett Goldstein, l’interprète du taiseux et génial Roy Kent.

Le tandem a clairement insufflé à Shrinking la même vibe bienveillante, drôle et touchante qui fait de Ted Lasso l’une des meilleures dramédies de ces dernières années. Le club de foot anglais a juste été remplacé par un cabinet de psychothérapeutes, dans une série qui parle encore plus frontalement du deuil et plus généralement de la santé mentale.

Un sujet de société majeur à notre époque au vu des griefs de l’actualité récente comme je le mentionnais en préambule et qui est au cœur des conversations familiales, amoureuses et amicales. Qui n’a jamais entendu dans son entourage : “Je vois un psy” ou “je crois que je devrais aller consulter”, pour des raisons soudaines ou latentes ?

Ces dernières années, les scénaristes du petit écran en ont fait leur cheval de bataille, de This Is Us à Normal People, en passant par Moon Knight, Big Little Lies ou encore la cultissime BoJack Horseman. La plupart du temps, le contexte (un mélo, une série de super-héros, une série animée avec des personnages anthropomorphes) n’est qu’un prétexte pour soulever le sujet de la santé mentale et l’explorer de différentes manières.

Mais Shrinking, en ancrant son univers au sein même des professionnel·elle·s qui travaillent pour nous aider à aller mieux, avec en prime une confusion des rôles entre docteur et patient comme point de départ, nous touche au plus haut point, notamment à travers la tendresse et la douceur de son écriture, qui nous cueille dès le premier épisode.

Ainsi, le pilote pose une question centrale et très juste : comment aider les autres si on est soi-même au bord du gouffre, comme c’est le cas de Jimmy ? La série tente d’y répondre tout au long de la saison avec un récit tragicomique extrêmement bien mené et qui peut compter sur des interprètes en pleine bourre.

Des psys qui vous veulent du bien

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Il y a évidemment Jason Segel, inoubliable Marshall de How I Met Your Mother, qui confirme sa polyvalence et son grand talent depuis la fin de la sitcom (si vous ne l’avez pas vu dans l’anthologie Dispatches from Elsewhere, disponible chez nous sur Prime Video, foncez). Il est tout simplement brillant dans sa manière d’aborder les nuances émotionnelles de Jimmy, nous faisant passer du rire aux larmes et inversement en seulement quelques rictus.

Mais Jason Segel est particulièrement bien entouré, à commencer par un Harrison Ford à contre-emploi en psychologue grincheux et un peu bourru mais étonnamment fragile et vulnérable. Le personnage de Phil, atteint de la maladie de Parkinson dont il refuse de parler à son entourage, permet une introspection délicate de la vieillesse et de la peur de devenir un fardeau pour sa famille.

Mais notre coup de cœur de la série s’adresse à Jessica Williams (Girls, Love Life), qui incarne la troisième psy de la bande. Une énergie folle, des punchlines hilarantes et un sourire contagieux qui font de Gaby un personnage solaire et écrit avec beaucoup d’amour et d’empowerment.

Et comme dans Ted Lasso encore une fois, Shrinking peut compter sur des rôles secondaires profonds et attachants, d’Alice (Lukita Maxwell), la fille de Jimmy, à Sean (Luke Tennie), le patient souffrant de TSPT, en passant par Brian (Michael Urie), le meilleur ami gay ultra-optimiste de Jimmy, et sa voisine Liz (Christa Miller). Des personnages bouleversants, attendrissants et très réalistes, du genre qu’on a envie de réunir autour de soi pour leur faire un câlin et oublier tous ses soucis du quotidien.

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L’intelligence et la délicatesse de la série transparaissent à travers des situations de lieux communs mises en scène par le réalisateur James Ponsoldt. Par exemple, on s’est tous déjà demandé comment les psychologues et psychothérapeutes pouvaient supporter la charge mentale des traumatismes et démons intérieurs de leurs patients. Shrinking tente d’y répondre avec humour et une certaine forme de maladresse hyperattachante symbolisée par la destruction des barrières éthiques entre Jimmy et ses patients. Il se retrouve alors régulièrement dans des situations cocasses, gênantes ou qui vont (souvent) vous briser le cœur, car criantes de vérité.

Alors, oui, on pleure beaucoup devant Shrinking, mais on rit aussi énormément à force de se reconnaître dans les réactions spontanées des personnages, et parfois les deux en même temps quand on s’imagine soutenu par un psy qui serait un ami aussi fidèle et empathique que Jimmy.

Personnellement, on a réservé sans aucune déception notre séance chez les psys de Shrinking, et 2023 nous semble un peu moins sombre et traumatisante le temps d’une poignée de minutes, chose inestimable dans le contexte actuel. Alors, on vous conseille d’en faire de même, parce que rien n’est plus important que votre santé mentale et celle de vos proches. Et si la fiction peut jouer un tout petit rôle dans votre bien-être, vous trouverez au moins une série au grand cœur pour vous prendre par la main et ne plus vous lâcher.

La première saison de Shrinking est diffusée à raison d’un épisode par semaine tous les vendredis sur Apple TV+.