Serpents, poison et blues : des cultes religieux bien extrêmes documentés par Robert LeBlanc

Serpents, poison et blues : des cultes religieux bien extrêmes documentés par Robert LeBlanc

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© Robert LeBlanc

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Par Lise Lanot

Publié le , modifié le

Fasciné par les rites en voie de disparition, le photographe est parti à la rencontre d’un monde qui lui était étranger.

“Ils saisiront des serpents ; s’ils boivent quelque breuvage mortel, il ne leur fera point de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades, seront guéris.” Cette bien mystérieuse prophétie provient de la Bible, de l’Évangile selon Marc (16:18) plus précisément. Si toute parole religieuse est à interpréter, celles-ci sont prises au sérieux par quelques poignées de fidèles, la plupart résidant du côté des montagnes Appalaches, qui invitent serpents et poison le temps de leurs cultes.

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Robert LeBlanc s’est aventuré à l’est des États-Unis, le long de ces routes sinueuses bordées de paulownias et de pins noirs. Ne croyant pas “à ce en quoi croit l’Église” mais résolument curieux (notamment des “choses sur le point de disparaître”), le photographe a rencontré les membres d’une église où des serpents sont manipulés pendant les prêches : “Je n’avais jamais vu cela, mais j’ai été complètement fasciné après mon premier culte. C’est un truc tellement poignant à vivre. Et les membres sont fascinants. Je suis tombé amoureux du tout”, nous raconte le photographe.

Gloryland. (© Robert LeBlanc)

Mettre en confiance les membres de ces communautés rurales, “où il semble y avoir une église pour dix maisons”, n’a pas été chose aisée, prévient Robert LeBlanc : “J’ai parlé au pasteur Wolford trois à quatre mois avant qu’il ne m’invite dans l’église. C’était une longue et lente danse de mise en confiance mais on s’est tous très bien entendus et ils m’ont inclus comme si j’étais un des leurs”.

À travers des images en noir et blanc, il tente de rendre compte de ces cérémonies si particulières, de la dimension mystique qui les accompagne, du mélange de “delta blues et bluegrass” qu’on y entend, des mixtures “d’eau et de strychnine” bues cul sec (mais qui “ne leur [font] point de mal”) et des danses des serpents, aussi sinueuses que les routes qui les entourent.

Gloryland. (© Robert LeBlanc)

“Plein de gens ont rejeté l’idée de ce livre à cause de son lien avec l’église, ce que je trouve absurde. C’est un monde très excitant, avec de sacrés personnages. Juger des gens ou des groupes sans connaître leur histoire, c’est vraiment un gros problème de l’humanité. […] Ce n’est pas grave de ne pas croire aux mêmes choses, je ne crois pas à ce en quoi croit l’Église, mais je les respecte”, défend l’artiste.

Bien qu’étranger à ces communautés, Robert LeBlanc affirme sa fierté de les avoir mises en lumière : “La série Gloryland a été acceptée au Getty Museum Research Institute Library, ça me rend super heureux. Maintenant, les générations futures pourront étudier le sujet.” Reste à savoir ce qu’Ève pense de tels acoquinements avec celui qui a précipité son départ du jardin d’Éden.

Gloryland. (© Robert LeBlanc)

Gloryland. (© Robert LeBlanc)

Gloryland. (© Robert LeBlanc)

Gloryland. (© Robert LeBlanc)

Gloryland. (© Robert LeBlanc)

Gloryland. (© Robert LeBlanc)

Gloryland. (© Robert LeBlanc)

Vous pouvez retrouver le travail de Robert LeBlanc sur son site. Son livre Gloryland est disponible aux éditions Setanta Books.