Everything Everywhere all at once des Daniel (sortie en salles le 31 août)
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Le film le plus fou de l’année, de loin. L’un des meilleurs aussi, sans hésitation. Loin des flatulences de leur premier long (Swiss Army Man), le duo de réalisateurs, composé de Daniel Scheinert et Daniel Kwan, gagne en ampleur et en maturité avec ce “blockbuster indé” signé A24 qui a fait l’événement outre-Atlantique — devenant au passage le plus grand succès de l’histoire du studio le plus hype de la décennie. Une histoire de multivers, sans super-héros, mais avec un couple tenant une laverie, d’une intensité, d’une richesse, d’une intelligence et d’une originalité rare.
Flee de Jonas Poher Rasmussen (sortie en salles le 31 août)
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On pense forcément au film d’Ari Folman, Valse avec Bachir, pour la forme — un documentaire sous la forme de récit, tout en animation. Mais Flee est tout autre chose. Le réalisateur danois raconte le véritable témoignage de son ami de lycée, qui a fui Kaboul en 1989 et qui a essayé avec sa famille d’arriver en Europe, avant de stagner à Moscou. De raconter son histoire et de raconter comment “Amin” lui a raconté son histoire. Le tout au fil d’une discussion entre amis, une vraie, provoquant une sensation d’intimité déconcertante. On comprend mieux que le film ait été nommé dans les catégories “Meilleur film d’animation” et “Meilleur film documentaire” aux Oscars 2022.
Les Cinq Diables de Léa Mysius (sortie en salles le 31 août)
On martèle depuis des mois et des mois que le cinéma de genre se renouvelle en France, qu’il essaye, enfin, d’incorporer les codes de notre cinéma propres au fantastique, en évitant l’aspect blockbuster hollywoodien. Malgré certains échecs (critiques ou commerciales), Les Cinq Diables est la preuve que cela peut être réussi, rafraîchissant et prenant. Cette histoire de jeune fille à l’odorat surdéveloppé qui peut revivre les souvenirs de sa mère et démêler les secrets de famille est aussi la preuve qu’il faut suivre de très près le travail de Léa Mysius. Une future grande cinéaste.
Les Petites Marguerites de Vera Chytilova (ressortie en salles le 31 août)
On sait que si l’on vous parle de nouvelle vague tchèque, cela ne semble qu’assez peu vendeur. Néanmoins, si l’on vous dit que le film le plus célèbre de la réalisatrice Vera Chytilova, sorti en 1966, est un chef-d’œuvre culte, sorte de poème féministe franchement punk qui a vécu une deuxième gloire outre-Atlantique grâce à une certaine sortie vidéo dans la Criterion Collection, et en France avec le travail acharné de Malavida pour remettre au goût du jour le travail de la cinéaste, on pèse nos mots. Un chef-d’œuvre, qui va chercher du côté du dadaïsme et du cinéma de Godard. Mais ce n’est pas le plus important : voir ces deux jeunes femmes s’amuser, s’ennuyer et découvrir cette folie stylistique et pop sur grand écran est une chance qu’il ne faudra pas laisser passer.
Le Visiteur du futur de François Descraques (sortie en salles le 7 septembre)
Personne n’aurait parié, en 2009, sur cette petite websérie, tournée entre potes avec des équipements rudimentaires. Pourtant, François Descraques tenait là un concept redoutable : un voyageur du futur débarque dans la vie de Raph, un jeune homme un peu paumé, pour l’avertir d’un cataclysme. Quatre saisons, une BD, un roman et un manga plus tard, le visiteur se paye des aventures sur grand écran. Le résultat est à l’image de son créateur et réalisateur : ambitieux, inventif et généreux. Du grand spectacle de SF comme on en voit trop peu en France, où l’on retrouve tout ce qui faisait l’âme et l’humour de la série. De quoi ravir les fans et faire de nouveaux adeptes.
Chronique d’une liaison passagère d’Emmanuel Mouret (sortie en salles le 14 septembre)
Que vous connaissiez la filmographie chargée d’Emmanuel Mouret et que vous l’ayez découverte avec son dernier long, qui a connu un beau succès post-confinement (Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait), ou que vous ne connaissiez pas du tout le bonhomme n’importe qu’assez peu. Cette romance entre une jeune femme divorcée (Sandrine Kiberlain) et un mari trompant pour la première fois sa conjointe (Vincent Macaigne) est un bonbon, tantôt hilarant, tantôt vous déchirant le bide.
Fire of Love de Sara Dosa (sortie en salles le 14 septembre)
Applaudi au festival de Sundance, Fire of Love est une histoire d’amour et l’histoire d’une passion incandescente. Réalisé par l’Américaine Sara Dosa, il documente l’histoire du couple de volcanologues français Maurice et Katia Krafft, unis dans la vie par leur ardente passion commune des volcans qui leur coûtera la vie en 1991, sur le flanc d’un volcan japonais en éruption.
Réalisé à partir des vidéos époustouflantes et terrifiantes, pleines de lave rougeoyante et de paysages désolés tournées par les Krafft sur et à l’intérieur des cratères du monde entier, dans un style Nouvelle Vague, enrichi d’images animées, d’archives d’interviews et narré par la réalisatrice Miranda July, Fire of Love est un documentaire à part qui s’intéresse surtout à l’inhabituel “triangle amoureux” qui unissait les deux chercheurs et leur obsession volcanique.
Avatar de James Cameron (ressortie en salles le 21 septembre)
À quelques semaines de la sortie du deuxième volet de la saga lancée par James Cameron il y a maintenant 13 ans, vous prendrez bien une piqûre de rappel avec le premier Avatar, non ? D’autant plus qu’en plus de permettre aux spectateurs de se replonger dans l’univers à temps pour La Voie de l’eau, le cinéaste a promis une remastérisation 4K digne de ce nom pour ce blockbuster terriblement important.
Don’t Worry Darling d’Olivia Wilde (sortie en salles le 21 septembre)
Florence Pugh + Harry Style + Chris Pine + Gemma Chan + une réalisation léchée signée Olivia Wilde (à qui l’on doit l’excellent Booksmart) + un scénario de SF oppressant + une vibe années 1950 stylisée = l’un des films les plus attendus de l’année. Rien que ça.
Les Enfants des autres de Rebecca Zlotowski (sortie en salles le 21 septembre)
La réalisatrice française surdouée nous revient avec un cinquième long-métrage, le plus réussi et le plus sensible de tous, portée par une Virginie Efira impériale. Elle s’appelle Rachel, elle a 40 ans, elle n’a pas d’enfants, elle aime ses élèves, elle est amie avec son ex et elle tombe amoureuse d’Ali, divorcé et papa d’une petite fille de quatre ans. Tout en subissant le poids de l’horloge biologique qui emprisonne parfois les femmes qui veulent devenir mères, Rachel va s’attacher à cette enfant comme si elle était sienne, tout en comprenant qu’elle ne sera qu’une figurante de sa vie.
Une nouvelle fois, Rebecca Zlotowski filme une trajectoire féminine qui sort des cadres avec une subtilité et une émotion rare. En filmant les questionnements intimes de Rachel au plus près, la réalisatrice interroge la notion de famille, le désir maternel et la cruauté du temps qui passe à deux vitesses pour les hommes et les femmes.
Moonage Daydream de Brett Morgen (sortie en salles le 21 septembre)
Après s’être attaqué à un monstre de la musique en 2015 dans l’incroyable documentaire Kurt Cobain: Montage of Heck, Brett Morgen remet ça en se concentrant cette fois sur David Bowie. De la même manière, le cinéaste américain mêle images d’archive, récit de la vie de l’artiste et vision artistique proche de l’univers de la rock star. Un véritable événement, pour les aficionados et les néophytes, à ne surtout pas rater.
Ninjababy de Yngvild Sve Flikke (sortie en salles le 21 septembre)
En salles le même jour que Les Enfants des autres, Ninjababy évoque quant à lui le non-désir de maternité avec une légèreté bienvenue. Dans ce petit bonbon de la rentrée, Rakel, 23 ans, sorte de jumelle norvégienne et modernisée de Juno, a tous les désirs du monde, sauf celui de devenir mère. Mais elle va tomber enceinte suite à un coup d’un soir et le découvrir six mois plus tard. L’adoption est donc la seule et unique solution et rien ne détournera Rakel de sa décision (à l’inverse de Juno qui se laissait convaincre par des militantes pro-life de garder son enfant).
Adapté du roman graphique Fallteknikk d’Inga Sætre, Ninjababy est un teen movie intelligent porté par une héroïne courageuse et qui rend hommage à son matériau d’origine en mêlant habillement animation et prises de vues réelles.
Athena de Romain Gavras (sortie sur Netflix le 23 septembre)
Gavras, deuxième du nom, (à qui l’on doit les excellents Notre jour viendra et Le monde est à toi), est enfin de retour, avec un long-métrage coécrit avec Ladj Ly, porté par Dali Benssalah et dont l’ampleur semble inédite. Narrant l’embrasement d’une cité suite à une bavure policière, et mêlant à ces violences le déchirement d’une famille, cet Athena a l’ambition d’être la tragédie grecque qui va marquer au fer rouge la Biennale de Venise — et cette rentrée ciné particulièrement chargée.
Blonde d’Andrew Dominik (sortie sur Netflix le 28 septembre)
C’était déjà le projet le plus excitant de l’année et ça l’est encore. Ana de Armas dans une version fictionnalisée de Marilyn Monroe, basée sur un best-seller assez brillant de Joyce Carol Oates, réalisée par Andrew Dominik (L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford, Cogan: Killing Them Softly) et avec un casting de second rôle solide (Adrien Brody, Bobby Carnavale). Ça s’annonce intense et fou.
Sans filtre de Ruben Östlund (sortie en salles le 28 septembre)
Dans cette nouvelle satire jouissive, cette fois-ci dans le monde des ultra-riches et du luxe, le réalisateur suédois suit l’aventure de Yaya et Carl, un couple de mannequins et influenceurs en vacances sur une croisière de luxe pour un voyage qui va tourner à la catastrophe. Dans une sorte de Titanic inversé, où les plus faibles ne sont pas forcément les perdants, le film décortique les ressorts de classe : les riches contre les pauvres, mais aussi les hommes contre les femmes, et les Blancs contre les Noirs.
Après Play (2011), Snow Therapy (2014) et The Square (2017), Ruben Östlund poursuit sa méticuleuse dissection des conventions sociales, des petites lâchetés et autres dilemmes moraux dans un long-métrage radical. Cinq ans après sa Palme d’Or reçu pour The Square, le cinéaste a une nouvelle fois été couronné de la récompense suprême à Cannes cette année, décernée par un jury “extrêmement choqué par ce film” et qui a de nouveau divisé les festivaliers. Fin août, nous apprenions également la mort subite de Charlbi Dean, l’actrice principale du film, à l’âge de 32 ans.
Article coécrit par Arthur Cios, Manon Marcillat et Delphine Rivet.