Révélation de la série Bardot, Julia de Nuñez n’est jamais plus vivante que sur scène

Talents of tomorrow 2024 by Konbini

Révélation de la série Bardot, Julia de Nuñez n’est jamais plus vivante que sur scène

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Par Delphine Rivet

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À 23 ans, Julia de Nuñez est l’incarnation de la jeune Brigitte Bardot sur le petit écran. Portrait d’une comédienne qui sait ce qu’elle veut.

Depuis quinze ans, on reçoit des artistes et personnalités mondialement connu·e·s de la pop culture, mais on a aussi à cœur de spotter les talents émergents dont les médias ne parlent pas encore.

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En 2024, après une première édition des Talents of tomorrow, on repart en quête de la relève. La rédaction de Konbini vous propose une série de portraits sur les étoiles de demain, qui vont exploser cette année. Des personnalités jeunes et francophones qu’on vous invite à suivre et soutenir dès maintenant.

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Portrait. Dans Bardot, la mini-série de France 2 (disponible sur Netflix), Roger Vadim (incarné par Victor Belmondo) dit de BB : “C’est une jeune fille d’aujourd’hui dans un monde d’hier”. Julia de Nuñez, qui a incarné la jeune icône le temps de ces six épisodes, a été bercée par les films de La Nouvelle Vague, d’Orson Welles ou encore d’Alfred Hitchcock. “Quand j’étais petite, on ne regardait pas des Disney mais des films de Charlie Chaplin, de Buster Keaton”.

Ado, elle se pâme devant Clint Eastwood et Paul Newman et rêve encore aujourd’hui de jouer des rôles à la Gena Rowlands dans les œuvres de John Cassavetes. Quand je lui fais remarquer que ce sont des références peu communes pour une jeune fille de 23 ans, elle reconnaît : “Quand j’étais petite je n’avais pas du tout les références des gens de mon âge, j’étais toujours décalée, la ringarde qui ne connaissait pas les expressions, le vocabulaire, la manière d’être des jeunes de ma génération. Mais c’est comme ça que j’ai été éduquée”.

Enfant, celle que son oncle appelle “la bête à câlins” est gentille, très affectueuse, et surtout sensible. “Une vraie petite éponge”, me dit-elle en souriant. À l’école, c’est compliqué. Julia m’explique qu’elle a toujours eu du mal, “mon rêve c’était d’être une bonne élève, mais je pensais que j’étais bête. Je ne comprenais pas”. Personne n’a envie de se sentir différent·e à cet âge-là, et je comprends assez vite que cette situation, qui la faisait douter de sa propre intelligence, l’a vraiment affectée. C’est finalement le théâtre qui va lui faire comprendre sa valeur.

“Le théâtre a été ma roue de secours”

“C’était dingue pour moi : dès les premiers cours de théâtre, j’arrivais à apprendre mon texte. Je le lisais une fois, et c’était bon. Ce que je n’arrivais jamais à faire en cours. C’était un endroit où je me sentais vraiment bien, même un peu douée. Ça a été ma roue de secours.” Elle qui a grandi avec des parents libraire et journaliste, bercée par des musiques boliviennes et brésiliennes, des classiques du cinéma et de la littérature, se prend à rêver, un jour, d’être une élève modèle. “Je lisais La Cabane magique, et les Mille et une histoires, mais sinon je ne lisais pas tant que ça. En revanche, je regardais beaucoup de films, grâce à ma mère, qui est très cinéphile. C’était notre moment ensemble.”

C’est après avoir vu le film L’Étudiante, avec Sophie Marceau, qu’elle s’inscrit à l’université en Lettres modernes. “C’était terrifiant. J’avais ce désir de faire quelque chose d’académique, d’être à la fac, d’être une intello”. La réalité rattrape vite le fantasme, et l’ennui et la mélancolie s’installent. Le théâtre lui manque terriblement. Les ami·e·s avec qui elle s’inventait des personnages pendant des heures ont suivi leur propre voie. Il lui manquait soudain cet espace, cette bulle, où elle pouvait s’amuser, s’imaginer des mondes, sortir d’elle-même, convoquer des émotions insoupçonnées.

“J’étais très malheureuse, ça me manquait énormément. Je me suis dit ‘si ça te met dans cet état-là, c’est ce que c’est un besoin vital'”

© Caroline Dubois / France Télévisions

Elle s’inscrit alors dans des cours de théâtre à l’école privée Périmony qui a notamment vu passer dans ses couloirs des comédiennes comme Camille Cottin ou Fanny Ardant. Durant sa première année, une amie lui envoie une annonce de casting : “recherche jeune fille entre 18 et 25 ans pour incarner BB”. Rien de plus. Elle saisit l’occasion et se rend au casting. Julia de Nuñez a toujours eu cette connexion particulière avec Brigitte Bardot. Dès que je la rencontre, la ressemblance est frappante : de longs cheveux blonds un peu sauvages, une moue boudeuse, et un air de défiance dans le regard. Elle n’a que 8 ans quand elle découvre BB, aussi timorée qu’indomptable, sur la jaquette DVD du film Et Dieu… créa la femme de Roger Vadim, sorti en 1956.

Dès l’adolescence, on commence à la comparer à BB, “quand j’ai commencé à devenir une femme” me dit-elle un peu résignée. Alors forcément, quand l’opportunité se présente d’exorciser une bonne fois pour toutes le spectre de la star qui la suit depuis des années, elle n’hésite pas. C’est son tout premier casting. Le processus sera long, mais c’est finalement elle qui est retenue pour le rôle dans la mini-série de France 2 écrite et réalisée par Danièle et Christopher Thompson (la mère et le fils). Comme une évidence. Elle qui n’a jamais mis les pieds sur un plateau de tournage découvre les règles du jeu.

“Si tu commences ton travail par la voix ou la gestuelle, ce n’est pas un mouvement intérieur, c’est cosmétique”

Pour invoquer la jeune Brigitte Bardot, elle va puiser en elle et y ajouter sa touche personnelle. Et pour l’y aider, elle reçoit les précieux conseils d’un coach. Tout part du scénario qu’il faut disséquer, analyser, pour créer le personnage et lui donner de l’épaisseur, couche après couche. Et puis Bardot, c’est aussi un corps. Un corps qui a, bien sûr, beaucoup été admiré et sexualisé, mais surtout qui raconte une histoire. Julia prend alors des cours de danse pour faire ressortir cette animalité, cet instinct propre à BB. Et puis il y a cette voix, cette intonation.

C’est aussi là que se niche le risque, non négligeable, de tomber dans la caricature. Pas question alors d’essayer de l’imiter. Julia m’explique que c’est en travaillant de l’intérieur vers l’extérieur son personnage, qu’elle a trouvé le ton juste. “Cette intonation, ce n’est pas tout à fait celle de Bardot, c’est celle que j’ai trouvée et qui m’était venue naturellement. C’est venu se déposer là. Si tu commences ton travail par la voix ou la gestuelle, ce n’est pas un mouvement intérieur, c’est cosmétique.”

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“J’étais tellement dans une forme d’urgence, que ce rôle est tombé à pic. C’était mon espoir”

Décrocher le rôle-titre d’une mini-série dite “de prestige” sur une grande chaîne, a fortiori pour incarner une icône du cinéma français, c’est évidemment inespéré pour une jeune comédienne qui n’avait jamais tourné auparavant. Mais Bardot, ça représente tellement plus pour Julia de Nuñez. Elle traverse alors une période très douloureuse sur le plan personnel, et toute l’expérience est venue occuper un vide qu’elle pensait insondable, en la ramenant à des choses très concrètes. “D’une certaine manière, si on devait psychanalyser le truc, c’était un rôle un peu salutaire. Ça nous a fait, à moi et à ma famille, énormément de bien. J’étais tellement dans une forme d’urgence, que c’est tombé à pic. C’était mon espoir.”

Elle m’assure pourtant que BB est un rôle que l’on quitte facilement. De toute façon, ce principe d’entrer dans la peau d’un personnage, elle n’y croit pas. Une maturité désarmante pour une si jeune actrice. Et quand je lui demande si elle n’a pas peur de l’après Bardot, et si elle redoute de ne pas retrouver tout de suite une partition aussi majeure, elle me répond que non, ça ne l’angoisse pas. S’il le faut, elle changera de voie. “Je déteste l’idée de m’emprisonner là-dedans. Pour l’instant je suis scellée à ce métier. Mais je ne me projette pas trop comme ça. Par les temps qui courent, je trouve ça un peu con.”

En attendant, elle continue de faire ce qu’elle aime : jouer, encore et encore. Elle rêve de rôles de femmes désespérées, “à la Cate Blanchett dans Blue Jasmine. Ou de comédies, même si elle déplore le manque de scénarios comiques intéressants pour les femmes. En janvier, elle tourne dans son premier film, Héros, d’Élie Chouraqui, aux côtés de Kad Merad et Marie Gillain, avant d’enchaîner en février avec La Réparation, un long-métrage de Régis Wargnier.

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Les recos de Julia de Nuñez

  • Un jeu vidéo : Marvel’s Spider-Man 2 sur PS5.
  • Un livre : Le Parfum de Patrick Süskind.
  • Une série : Heroes (qu’elle vient juste de commencer) de Tim Kring.
  • Un morceau : “Sensations” de Jul.
  • Un film : Laisse parler ton cœur (Kuch Kuch Hota Hai, 1998), une romance Bollywoodienne de Karan Johar.

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