Quelle est l’histoire vraie qui a inspiré la série de Netflix The Watcher ?

Quelle est l’histoire vraie qui a inspiré la série de Netflix The Watcher ?

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© Netflix

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Par Delphine Rivet

Publié le

Comme dans la fiction, l’identité du mystérieux "Watcher" reste à ce jour un mystère.

Sortie le 13 octobre dernier sur Netflix, la série The Watcher, signée Ryan Murphy et Ian Brennan (le même duo qui nous a servi, quelques semaines plus tôt, Monster: The Jeffrey Dahmer’s Story), continue de squatter la première place du top 10 de la plateforme. Impossible de passer à côté du phénomène !

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Mais saviez-vous que cette histoire complètement glaçante était inspirée d’une histoire vraie ? Attention, si vous souhaitez poursuivre la lecture, nous allons devoir évoquer certains éléments de l’intrigue de la série. Mieux vaut donc être à jour, ou immunisé·e contre les spoilers !

Côté fiction, on suit une famille, celle des Brannock, sur le point d’emménager dans la maison de leurs rêves : une grande demeure, dans un coin boisé et paisible du New Jersey, Westfield, dans laquelle ils ont placé toutes leurs économies. Très vite, leur nouvelle vie tourne au cauchemar quand de mystérieuses lettres leur sont adressées. D’abord un peu cringe, les messages deviennent rapidement menaçants. Tous sont écrits à la machine, dans un style un peu ampoulé, et sont signés d’un sibyllin “The Watcher”.

Signé : The Watcher

Un terme que l’on pourrait traduire en français par “l’observateur”. Les Brannock ne se sentent pas les bienvenus et leurs soupçons se portent assez instinctivement sur le voisinage. Qui pourrait bien leur envoyer ces lettres ? Qui les épie au point de tout savoir de leur vie ? Qui est ce terrifiant “Watcher” qui semble nourrir une obsession malsaine, pas seulement pour leur famille, mais surtout pour leur maison ? Si les noms des personnages ont été changés, l’histoire, et l’adresse — le 657 Boulevard — sont quant à elles bien réelles.

Car oui, il y a bien une maison, de style colonial hollandais datant du début du XXe siècle, qui se dresse au 657 Boulevard, à Westfield, dans le New Jersey (à une quarantaine de kilomètres de Manhattan) et celle-ci fut le théâtre d’un drame des plus énigmatiques.

En 2014, les Broaddus achètent la demeure pour la somme d’1,4 millions de dollars. Avant d’emménager pleinement dans leur nouveau nid douillet (qui comprend tout de même six chambres), le couple et ses enfants ne font que des va-et-vient entre cette maison et leur ancienne habitation, le temps d’entreprendre quelques travaux de décoration d’intérieur. Visiblement, leur venue et les changements opérés sur la bâtisse ne sont pas du goût de tout le monde.

À gauche, la maison fictive des Brannock ; à droite, la vraie maison des Broaddus – (© Netflix / Google Maps)

Un jour, Derek, le père de famille, reçoit une lettre tapée à la machine et adressée au “Nouveau propriétaire”. Son contenu lui glace le sang :

“Ma famille veille sur le 657 Boulevard depuis des décennies et, alors que la maison approche de son 110e anniversaire, je suis à mon tour chargé de la garder à l’œil, en attendant son second avènement. Mon grand-père a veillé sur la demeure dans les années 1920 et mon père lui a succédé dans cette mission dans les années 1960. Aujourd’hui, cette mission me revient. Connaissez-vous l’histoire de la maison ? Savez-vous ce qui se cache entre ses murs ? Pourquoi êtes-vous là ? Je le saurai bientôt.”

Au-delà de cet accueil un brin curieux, le messager se fend aussi de quelques remarques pour le moins inquiétantes, se réjouissant de l’arrivée de sang neuf dans la maison. Le terme utilisé est “young blood”, ce qui fait sans le moindre doute référence aux enfants de la famille. Étrange… mais la lettre qui leur parvient quelques mois plus tard fait monter l’angoisse d’un cran :

“Toutes les fenêtres et les portes du 657 Boulevard me permettent de vous observer et de traquer vos moindres faits et gestes dans la maison. Qui suis-je ? Je suis le Watcher et j’ai le contrôle du 657 Boulevard depuis deux décennies.”

Des enquêtes peu concluantes

Quatre lettres signées du “Watcher” seront ainsi délivrées aux Broaddus en un an et demi (les trois premières en l’espace de six mois), une période durant laquelle ils ne résideront pratiquement pas dans la maison, d’abord à cause des travaux, puis par pure crainte pour leur sécurité.

Ils ont bien sûr alerté les autorités compétentes et ont également engagé, comme dans la série, un détective privé. Les enquêtes ne donneront absolument rien. Ils ont également fait appel à un linguiste médico-légal, ainsi que deux anciens agents du FBI, pour analyser l’écriture de leur persécuteur anonyme.

Les conclusions des spécialistes : l’expéditeur utilise des “tics de langage démodés”, et la syntaxe a un certain “panache littéraire” qui pourrait indiquer un amour “vorace” pour la lecture. Toutefois, certaines fautes de frappe trahiraient un caractère “erratique”. Le linguiste propose même une hypothèse un peu tirée par les cheveux : si le “Watcher” utilise ce pseudonyme, c’est peut-être parce qu’il est fan de Game of Thrones, en référence à Jon Snow, qui appartient aux “Watchers on the Wall”. Rien de bien concluant. Tout le voisinage est suspecté, en particulier les Langford qui habitent juste à côté, mais les soupçons les concernant seront finalement écartés.

© Netflix

Les Broaddus, au pied du mur, se sont alors retournés contre les précédents propriétaires de la maison, les Wood, car ceux-ci ne les avaient pas avertis de la menace. Pourtant, en 23 ans passés entre les murs du 657 Boulevard, ces derniers n’ont reçu qu’une seule lettre, mais le contenu leur parut tellement inoffensif, bien qu’un peu étrange, qu’ils n’ont pas pensé une seule seconde devoir le mentionner au moment de la signature du compromis de vente.

L’affaire qui les opposait est allée jusque dans les tribunaux, mais les poursuites ont finalement été abandonnées en 2019. Les Broaddus ont même été soupçonnés d’avoir monté l’histoire de toutes pièces pour s’attirer les faveurs des médias, ou, si leurs finances étaient dans le rouge, pour trouver une porte de sortie en faisant annuler la vente.

Bien que le traumatisme psychologique fut réel si l’on en croit les Broaddus, aucun autre incident que les lettres menaçantes n’a été déploré. Contrairement à la série, donc, il n’y a pas eu d’intrusion d’un voisin, pas d’animal domestique assassiné, ni aucun tunnel découvert sous la maison.

L’identité du Watcher reste, en revanche, un mystère. Cinq ans après la première missive, ils ont enfin réussi à vendre la maison, pour 400 000 dollars de moins que sa valeur d’achat. Ils habiteraient toujours dans les environs, à Westfield. La presse locale n’a rapporté aucun nouveau courrier indésirable depuis que de nouveaux propriétaires ont pris possession de la demeure du 657 Boulevard.

Le tout premier épisode du podcast (en anglais) Strange and Unexplained, sorti en 2021 et intitulé “The Watcher House”, était consacré à cette histoire vraie. Il a été republié le 13 octobre dernier pour coïncider avec la sortie de la série Netflix The Watcher.