Que vaut vraiment le retour d’Ateyaba avec La Vie en Violet, 9 ans après ?

Que vaut vraiment le retour d’Ateyaba avec La Vie en Violet, 9 ans après ?

Image :

© Youtube “ALC” – Pochette version digitale “La vie en Violet”

photo de profil

Par Simon Dangien

Publié le , modifié le

Spoiler : c’est encore difficile d’avoir un avis définitif et très tranché sur cet album aux contours extrêmes et surprenants.

Voilà neuf ans maintenant que le premier album d’Ateyaba a éclos. À l’époque, il se faisait encore appeler Joke et il était l’une, si ce n’est la plus grosse pépite du rap français, ouvrant à ce moment-là une, voire plusieurs, nouvelle brèche dans l’industrie montante du hip-hop. Après un retour maintes et maintes fois reporté, un album, Ultraviolet, qui ne verra jamais le jour et plusieurs polémiques récentes autour de propos transphobes relayés sur les réseaux sociaux, son deuxième album est là. Tardif, mais pourquoi se plaindre après avoir attendu si longtemps en se rongeant les ongles ?

À voir aussi sur Konbini

La vie en Ateyaba

Il y a cinq et trois mois, Ateyaba balançait respectivement les clips de “ALC” et “Playa Part. II”, extraits tous deux de son dernier projet en date Infinigga, sorti en juillet 2021. Oui, c’est tard, mais Ateyaba s’en fout, et ça, on commence à bien le comprendre. Le 16 juin, le rappeur originaire de Montpellier envoyait encore un visuel, celui du morceau “Shenron”, présenté comme le premier extrait de son nouvel album qui sortira un mois plus tard, le 14 juillet 2023. Jour de fête nationale : Ateyaba sortira bien son deuxième album, neuf longues années après le premier !

Même les montagnes changent

Il s’agit là de son huitième projet et deuxième album. Parmi les dix-sept titres qui le composent, on ne retrouve qu’une seule collaboration, sur le morceau “Ghana”, avec Young Nudy. Sur La Vie en Violet, Ateyaba est accompagné par une belle bande de producteurs, comme FREAKEY! (très présent sur le projet), Variedy ou encore Jaycee, qui compose notamment l’outro du morceau “SOLER”. Dans le projet, on retrouve un Ateyaba toujours au contact des influences américaines qui lui ont permis, dès le début de sa carrière, de se placer comme avant-gardiste et créateur d’une musique inspirante à part entière. Mais comme tout le monde, ses influences évoluent et infusent dans sa musique.

Même si on retrouve ici l’Ateyaba que nous connaissons, avec sa nonchalance habituelle dans les flows, son attitude et son ego trip ultra-assumé, on observe aussi de nouvelles sonorités, parfois proches de la plugg. Il nous fait entrer dans un univers différent et quelque peu éloigné de son terrain de jeu habituel. Plus de rondeur et de mélodies, les instrumentales sont plus estivales, musicales, moins caverneuses et offrent une nouvelle palette de couleurs à l’ex-Joke.

Des couleurs qui peuvent interloquer, déranger, mais encore une fois, Ateyaba ne s’interdit rien. On ressent à l’écoute que la question de la recevabilité du public est mise au second, voire au troisième plan. Nous pourrions apparenter cela à une force pour un rappeur en quête de liberté artistique, mais il est possible aussi de retourner la pièce et de voir les choses autrement : certains morceaux sont très spéciaux et il est difficile d’accrocher à l’entièreté de la proposition d’Ateyaba, en plus d’être surpris par ses nouvelles sonorités.

Porter le poids de la hype Ultraviolet

L’autre aspect à prendre en compte pour une partie du public lançant pour la première fois “Cookies”, l’intro de l’album, c’est bien sûr le passif dans la carrière d’Ateyaba. La hype autour d’Ultraviolet, son album le plus attendu qui ne verra jamais le jour, est peut-être un facteur décevant à l’écoute d’un album qui n’est pas celui attendu par les fans depuis plusieurs années. Une certaine frustration peut alors s’installer, menant à des attentes encore plus hautes qui ne pourront jamais être comblées, ou encore une sorte de ras-le-bol, qui déçoit l’auditeur avant même les premières écoutes et ne le rassure pas après celles-ci.

Tiens, les premières écoutes d’ailleurs. Difficile à ce stade de bien digérer tout l’album. On ne retient pas tous les morceaux, loin de là, mais certains nous restent à l’oreille, comme “228” ou “SOLER”. D’autres titres passeront, de notre côté, à la trappe, mais il reste encore à observer comment La Vie en Violet va évoluer prochainement et si ces mêmes titres, écoute après écoute, se fraieront un passage dans nos tympans et playlists. La musique d’Ateyaba est vivante et peut parfois prendre du temps à être comprise. À surveiller.

À côté, on attend aussi de voir comment Ateyaba va faire vivre le projet, lui qui reste pour le moment assez discret sur sa promotion.

Polarisation

Forte proposition artistique, attente mitigée et frustration d’un retour bien trop attendu… Absolument tous les éléments sont réunis pour faire de La Vie en Violet un véritable champ de bataille artificiel où les camps s’affrontent pour des idéaux, parfois bancals et surtout loin d’être toujours liés à de l’artistique pur. D’autres points entrent en jeu dans l’écoute et l’analyse de ce projet, et ce sont tous ces points réunis qui donnent une telle polarisation sur les réseaux sociaux, notamment Twitter qui croule sous les avis dithyrambiques ou au contraire extrêmement critiques, sans nuance.

Ateyaba est un artiste qui divise, il le prouve une nouvelle fois avec ce projet qui cristallise à lui seul tout ce qui fait des réseaux sociaux un complexe lieu d’expression. Il s’agira maintenant de voir comment va évoluer le projet et si, comme par le passé, Ateyaba avait raison trop tôt ou, plutôt, bien avant nous, simples mortels.

Chargement du twitt...

Chargement du twitt...

Chargement du twitt...

Chargement du twitt...