Pourquoi des éditos mode de Kendrick Lamar, Drake et J. Cole resurgissent sur X/Twitter ?

Pourquoi des éditos mode de Kendrick Lamar, Drake et J. Cole resurgissent sur X/Twitter ?

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Par Lise Lanot

Publié le

Mais pourquoi donc sont-ils "habillés comme des méchants Disney Channel" ?

Kendrick Lamar dans un improbable combo cravate/veston/chapeau pied-de-poule ; J. Cole en plein saut de biche, une veste en cuir nonchalamment ouverte sur une chemise à carreaux bien cintrée et Drake… qui Drake, full mode clin d’œil et index pointé vers l’objectif activé. On pourrait croire à des publicités pour Target ou Walmart, les supermarchés bon marché et familiaux des États-Unis, mais non, il s’agit bien de l’actuel Big 3 du rap US, photographié par le magazine GQ dans les années 2000-2010.

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Récemment repartagées sur X/Twitter, les images ont rapidement attiré les meilleurs commentaires d’internautes qui notent que : Purée, GQ s’en est vraiment pris à tout le monde”, Ils les ont habillés comme des méchants Disney Channel” ou Ils ont déguisé Kendrick en Sunny Bridges [personnage de la série Class 3000, ndlr]“. D’autres archives de GQ présentant les plus gros rappeurs de ces vingt dernières années sont vite remontées, à l’instar d’A$AP Rocky et son petit pull sur les épaules sur un bateau et une ribambelle de filles en bikini ; de Childish Gambino apparemment coincé dans son personnage de Troy Barnes dans Community ; et de Chance the Rapper, qui n’a apparemment jamais posé ses deux pieds en même temps le temps du photoshoot.

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Au-delà des blagues et du potentiel mèmesque de ces images, ces éditos mode interrogent l’évolution du traitement des rappeurs et des hommes noirs par les grands magazines. Bien conscients de la popularité et de l’argent amassés par les rappeurs du XXIe siècle, les journaux semblaient tiraillés entre leur volonté de les placer en une et leur incapacité à ne pas les grimer dans ce qu’ils estimaient être les codes respectables de la masculinité. Ces archives soulignent également la question, toujours d’actualité, de la façon dont sont maquillées, coiffées et photographiées les personnes noires par des équipes majoritairement blanches – à qui on a appris à travailler sur des cheveux et des peaux claires.

En juillet 2020, la célèbre photographe Annie Leibovitz a été par exemple épinglée pour ses photos de la gymnaste Simone Biles pour Vogue. La série de photos avait déclenché une salve de réactions sur les réseaux, les internautes jugeant les images “ternes” et les couleurs “fades”, arguant que Simone Biles n’était pas mise en valeur, au contraire des couvertures habituelles du magazine de mode qui s’efforce de montrer des sujets sous leur meilleur jour.

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Lors d’une rencontre littéraire organisée au Montvenus, Christelle Bakima Poundza soulignait la façon dont Aya Nakamura “a une esthétique très différente de ce à quoi elle ressemble habituellement, sur son compte Insta par exemple, dans les visuels de la dernière campagne Lancôme“, comme si la célèbre marque avait voulu quelque peu assagir son image. L’autrice traite dans son livre Corps noirs. Réflexions sur le mannequinat, la mode et les femmes noires de la façon dont les mannequins noires se retrouvent confrontées à des personnes qui leur avouent parfois ne pas savoir les maquiller, les coiffer ou gérer la lumière ou les retouches de leurs photos.

Interrogée, la mannequin Alima Fofana notait cependant une évolution depuis ses débuts, notamment concernant la diversité de produits de beauté désormais (un peu plus) disponibles. De même, si on peut se permettre de rire des éditos de GQ des années 2000 et 2010, c’est aussi parce que les choses changent et que les images sont désormais plus alignées avec les personnalités de ces célèbres modèles, plus à même d’imposer leur style.