Pourquoi cette statue d’une sirène fout le bordel en Italie ? (Vous avez sûrement une petite idée)

Pourquoi cette statue d’une sirène fout le bordel en Italie ? (Vous avez sûrement une petite idée)

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© Monopoli Times

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Par Donnia Ghezlane-Lala

Publié le

Une histoire de male gaze et de popotin.

“Trop provocante” : c’est ce que les habitant·e·s d’un village des Pouilles, en Italie, ont jugé en découvrant la gigantesque statue d’une sirène que des étudiant·e·s de l’école d’art Luigi Rosso ont réalisée. Commandée dans le cadre d’un projet d’urbanisme à 384 000 dollars et validée sur croquis par la municipalité, qui souhaitait plusieurs œuvres dont une sur le thème de la mer, la statue intitulée Il Mare trône désormais à Monopoli, dans le parc Rita Levi-Montalcini. Un monument supplémentaire dont ce parc nommé en hommage à une célèbre neurologue italienne, prix Nobel de physiologie en 1986 pour sa découverte du facteur de croissance nerveuse, aurait pu largement se passer.

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Internet n’a pas tardé à s’indigner ensuite, pointant du doigt le male gaze flagrant de la conception. En effet, la sirène – qui laisse perplexe et attirera un bon nombre de touristes – a des attributs quelque peu singuliers : de grosses fesses, une taille fine et de gros seins. Elle se tient le ventre, remontant légèrement sa poitrine débordante. C’est un “hommage à la grande majorité des femmes avec des rondeurs”, a défendu de son côté un des professeurs d’art.

“Ça ressemble à une sirène avec deux implants mammaires en silicone, et par-dessus le marché, un énorme cul”, a commenté un·e internaute dont les propos sont rapportés par le Guardian. “Pourquoi cette sirène a le droit d’avoir un cul alors qu’elle n’a pas de jambes ?”, intervient un·e utilisateur·rice sur Reddit.

Selon les équipes responsables, cette statue représente à merveille “la réalité du corps féminin”. Elles se félicitent même d’avoir choisi une silhouette “avec des rondeurs” plutôt que “fine”, comme on voit “dans les pubs à la télévision” et regrettent que leurs étudiant·e·s ne soient pas félicité·e·s pour leur dur labeur. Selon des esprits plus éveillés, elle n’est que le fruit du regard masculin sexualisant les corps des femmes, depuis la naissance de l’Humanité.

Ce n’est pas la première fois que l’Italie s’attire l’ire de son peuple pour des statues irréalistes et découlant d’un male gaze : souvenez-vous de cette statue qualifiée de “gifle sexiste”. L’école a déjà annoncé l’inauguration d’une nouvelle statue, qui sera dédiée aux “victimes des accidents du travail”. On espère simplement que la travailleuse représentée n’aura pas un gros décolleté et le BBL de Kim Kardashian. Peut-être devrait-on laisser davantage l’argile et la pierre aux artistes femmes pour se dépeindre d’elles-mêmes ?