Pourquoi cet artiste a-t-il recréé le mur d’un camp de concentration pour une exposition ?

Pourquoi cet artiste a-t-il recréé le mur d’un camp de concentration pour une exposition ?

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© Philippe Ramakers/Unsplash

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Par Lise Lanot

Publié le

Piers Secunda présentera une installation d’un mur criblé de balles, en référence à un mur devant lequel des prisonniers du régime nazi étaient fusillés.

Cela faisait trois ans que Piers Secunda enquêtait sur une parcelle de terre située à Aurigny, dans les îles Anglo-Normandes. Ces prochaines semaines, l’artiste britannique présentera les résultats de ses recherches sous la forme d’une reproduction d’un mur criblé de balles, exposée à Londres. Le mur original fait partie d’un fort victorien d’Aurigny devant lequel des prisonniers du régime nazi étaient fusillés.

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Si l’exposition est d’importance, c’est parce que “le gouvernement britannique a décidé de ne pas poursuivre les responsables des crimes de guerre, terrifiés à l’idée d’une humiliation internationale”, et ce malgré la découverte de fosses communes sur l’île, rappelle le Guardian. Exposer, dans la capitale, une scène de crime nazie vise à rappeler qu’un camp de concentration existait en Grande-Bretagne.

Sans doute grâce à son caractère insulaire, perdu au milieu de la Manche, Aurigny et sa tragique histoire sont relativement restées cachées. Pourtant, l’île constituait le seul camp de concentration nazi sur le sol britannique. Dès la fin de la guerre, un officier des renseignements britanniques racontait des “crimes d’une nature systématiquement brutale et impitoyable” commis sur son sol pendant la guerre.

Plus de 80 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, Piers Secunda déterre ces vieux souvenirs afin de faire sortir l’inconnu. L’artiste s’est intéressé à Aurignyd’une part parce que “l’avion de son grand-père s’est fait tirer dessus la nuit avant le Débarquement”, souligne le Guardian, et d’autre part, parce qu’il travaille de façon générale autour des “conséquences de la violence”, et ce depuis le 11-Septembre, lorsqu’il vivait à côté de New York.

Auparavant adepte de l’art abstrait, il confie que “l’horreur émotionnelle” suscitée par les attaques a opéré un revirement dans son cerveau, laissant place à “un nouveau mode”. “J’ai alors doucement commencé à créer des œuvres sur la destruction de la culture.” Avec son travail, l’art rencontre l’Histoire et cherche, comme souvent, à éveiller les consciences.