“Comment ce film ne peut-il pas être considéré comme LE film du moment ?”
Acclamé au dernier festival de Cannes – duquel il était reparti avec pas moins de quatre statuettes, dont celle (tant convoitée) du Prix du jury –, 120 battements par minute a su émouvoir les salles combles de France et d’ailleurs. Mais s’il a secoué les spectateurs et la Croisette, il a visiblement laissé l’Académie de marbre.
En effet, alors que le film sensation de Robin Campillo partait grand favori de la course à l’Oscar du meilleur film étranger, ce dernier a vu ses chances de sacre réduites à néant lorsqu’il n’a pas retrouvé son nom parmi les neuf longs-métrages officiellement présélectionnés pour concourir dans cette catégorie.
Si cette omission en a révolté beaucoup, elle ne fait aucun sens non plus pour Barry Jenkins qui, profitant des fêtes pour visionner 120 battements par minute, s’est visiblement pris une énorme claque. Le cinéaste américain, dont le film Moonlight a été primé meilleur film à la dernière cérémonie des Oscars, a laissé entendre – dans une longue tirade via son compte Twitter – qu’il aurait souhaité la même reconnaissance à son homologue français.
C’est ainsi qu’un Jenkins volubile et interloqué a partagé sa frustration dans une série de tweets, qui ont sans doute fait écho au sentiment partagé de déception :
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So... BPM is pretty damn extraordinary
— Barry Jenkins (@BarryJenkins) 24 décembre 2017
Traduction : “Alors… 120 battements par minute est carrément extraordinaire.”
Between SUGARMAN so soundly besting HOW TO SURVIVE A PLAGUE and this not even making the shortlist, I truly don’t know what to make of it all....
— Barry Jenkins (@BarryJenkins) 24 décembre 2017
Traduction : “Entre Sugar Man et How to Survive a Plague, et il n’arrive même pas à la présélection, je ne sais vraiment pas quoi penser de tout ça.”
And while it is IMPORTANT AS HELL, especially right now, to see a film based on factual events featuring YOUNG PEOPLE literally fighting for their lives, fighting for all our lives honestly, against bigotry and bigoted bureaucratic policy (not to mention corporate greed)...
— Barry Jenkins (@BarryJenkins) 24 décembre 2017
Traduction : “Bien qu’il soit d’une importance cruciale, surtout maintenant, de voir un film basé sur des évènements factuels, mettre en scène des jeunes se battant littéralement pour leur vie – pour toutes nos vies, même – contre les préjugés, contre une politique bureaucratique intolérante (sans parler de la cupidité des laboratoires).”
...while all that is super important and SUPER relevant for folks young and old NOW to see embedded within a work of art... just the symbolic importance and POWER of a body recognizing and showcasing THAT in and of itself...
— Barry Jenkins (@BarryJenkins) 24 décembre 2017
Traduction : “… Alors que tout ça est super important et super pertinent, pour les jeunes comme les plus vieux aujourd’hui, de se voir interprétés en tant qu’œuvre… Ne serait-ce que concernant l’importance symbolique et le pouvoir du corps et d’une organisation…
...BPM is also just a really terrific damn film. And it’s deceptive because the “beats” are so very big and “dramatic” and yet... there’s so much of what seasoned dimplomats refer to as “soft power” at play. Little gestures of the eye (the characters’ and ours) that flutter by
— Barry Jenkins (@BarryJenkins) 24 décembre 2017
Traduction : “… 120 BPM est aussi juste un film vraiment incroyable. Et c’est trompeur, parce que les “battements” sont tellement énormes et “dramatiques” et pourtant… Il y a tant de ce que les diplomates expérimentés appellent la “puissance douce” dans le jeu des acteurs. De petits mouvements subtils des yeux (ceux des personnages comme les nôtres), qui battent.
Obviously I loved it. And I just wonder how this not THE film of the moment? Is it because we’re shown cum on a dying man’s chest? We placed it in the sand in Moonlight because that felt true and natural in the environment but... maybe @guylodge has a point
— Barry Jenkins (@BarryJenkins) 24 décembre 2017
Traduction : “Forcément, je l’ai adoré. Et je me demande juste comment ce film n’est considéré comme LE film du moment ? Est-ce parce que l’on montre du sperme sur le buste d’un homme mourant ? Dans Moonlight, on l’a placé dans le sable parce que ça semblait vrai et naturel dans l’environnement, mais peut-être que @guylodge a raison.”
But here we are: the artists continue on and so I can only thank Robin Campillo and everyone for making this wonderful film. As someone who’s mother was diagnosed HIV+ in the early 90s and IS STILL WITH US, I’m biased and thankful for ACT UP and this moving testament to them
— Barry Jenkins (@BarryJenkins) 25 décembre 2017
Traduction : “Mais voilà où nous en sommes : les artistes continuent, donc je ne peux que remercier Robin Campillo et toute l’équipe d’avoir réalisé ce film merveilleux. Pour quelqu’un dont la mère a été diagnostiquée séropositive au début des années 90 et qui est toujours avec nous, je suis biaisé et reconnaissant envers Act Up, et cet hommage touchant à leur action.”