Désireux de travailler avec Ünkut, la marque de vêtements de Booba, Pablo Attal a créé une collection capsule de 40 pièces. Tout seul. À 18 ans. Rencontre avec un jeune ambitieux.
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“Laissez-moi travailler chez Ünkut.” Cette injonction, incrustée dans l’adresse URL d’un Tumblr, est devenue la devise de Pablo Attal. Ce Parisien de 18 ans, autoproclamé “boobologue” de la première heure, vient de créer une collection de vêtements – qui n’est du reste pas à vendre – estampillés du logo Ünkut, la griffe de Booba lancée en 2004. Le but ? Intégrer l’équipe du rappeur, qui a bercé l’enfance du garçon et encourager ce dernier à conquérir un nouveau public.
Contacté par téléphone, l’étudiant en économie, qui a par ailleurs un pied dans la mode depuis quelques années (il est le premier Noir à avoir défilé pour le créateur russe Gosha Rubchinskiy en 2012), nous précise :
“Mon but n’est vraiment pas de dénigrer Ünkut, mais il y a selon moi un réel manque à consommer. J’ai grandi avec un groupe de huit potes, on est tous des vrais fans de Booba, totalement ancrés dans la ‘b2ologie’. En parallèle, on adore les vêtements, on est des puristes du streetwear, on aime porter des sapes de qualité… Mais on ne se retrouve pas chez Ünkut. Que ce soit en boutique ou en ligne, je n’ai jamais retrouvé l’esprit des pièces qu’on a pu voir, plus jeunes, dans les clips des albums Temps mort ou Ouest Side.
Moi par exemple, je porte énormément de survêtements (et je suis loin d’être le seul), et je n’arrive pas à comprendre pourquoi Ünkut n’a toujours pas créé de survêtement tout basique, entièrement noir. Ça ferait un best-seller ! D’ailleurs, c’est dans les basiques que j’aimerais voir Ünkut évoluer : le hoodie, le T-shirt, le débardeur aussi. Je pense qu’Ünkut a un autre public à toucher.”
“J’ai commencé à mettre des Ü et des logos Ünkut partout”
Pour palier ce manque, Pablo Attal commence à confectionner des pièces en utilisant le logo original de la marque. Cette frénésie débute en 2015, à la suite d’un concert donné par le Duc à l’AccorHotels Arena de Paris. “J’avais acheté un T-shirt au stand Ünkut, mais en rentrant chez moi, j’ai remarqué que je n’aimais ni la coupe, ni l’impression du T-shirt”, se souvient le jeune homme. Il poursuit :
“Je décide donc de créer mon T-shirt souvenir. Sur un T-shirt Russell, j’ai imprimé le logo original et, dans le dos, une photo de l’ouverture du show que j’avais prise. Petit à petit, j’ai commencé à mettre des Ü et des logos Ünkut partout : j’ai customisé une paire d’Air Force 1 Lunar, puis un jean, puis un autre T-shirt, puis encore un jean…”
Et puis, à l’été 2016, tout s’accélère : Pablo Attal s’envole pour la Grosse Pomme, flanqué de ses éternels comparses d’enfance, eux aussi biberonnés à la sauce B2O. Un pèlerinage vers la terre sainte du hip-hop que le rappeur français a lui-même opéré à la fin des années 1990 – ce qui a beaucoup influencé sa musique – et qui, visiblement, a donné des ailes à notre créateur-amateur.
“C’est à New York que j’ai eu l’idée de créer cette collection capsule, nous explique ce dernier. J’étais dans une vraie ‘boobamania’ [rires] : j’ai réécouté tous les albums de Booba, je parlais de ça toute la journée… mes potes n’en pouvaient plus !“
“Cette capsule est ma carte de visite”
Là-bas, Pablo Attal achète l’essentiel de sa matière première : T-shirts, jeans, sneakers… De retour à Paris, il se lance à la recherche d’un atelier, qu’il finit rapidement par trouver. “Et dans l’euphorie, j’ai créé une quarantaine de pièces… en une journée et demie.”
Cette collection artisanale et autoproduite, réminiscence de la culture streetwear de la fin des années 1990, est composée de vêtements uniques, qui vont des jeans aux T-shirts en passant par des durags. Baptisée “1 of Ü”, elle prend vie dans un lookbook léché, capturé par le photographe Martin Mougeot, qui rend hommage à Paris et sa banlieue. “Cette capsule est ma carte de visite. Je l’ai créée dans l’unique but que l’équipe Ünkut repère et apprécie mon travail“, souligne Pablo Attal, avant de conclure, des “ü” plein les yeux :
“Qüand on est fan, on cültive toüjoürs plüs oü moins le rêve de contribüer à l’histoire de l’artiste qü’on admire. J’espère qüe cette collection est l’oütil qüi me permettra de réaliser ce rêve.”
Retrouvez le reste du lookbook de la collection “1 for Ü” sur www.laissezmoitravaillerchezunkut.com