Pour la première fois, la voix poétique du jeune artiste canadien résonne seule, sur Stay Alive. Jusqu’à la sortie de ce morceau le 10 mars dernier, Mustafa Ahmed alias “Mustafa the Poet” était plus connu pour ses collaborations avec de grands noms de la musique.
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Né de parents soudanais, Mustafa Ahmed a grandi à Toronto, dans le premier immeuble de logements sociaux d’Amérique du Nord. C’est pendant son enfance qu’est né son amour pour la poésie. Dès son plus jeune âge, la puissance de ses mots résonnent dans les rues de sa ville. À 12 ans, les journaux locaux le qualifiait déjà de “petit poète de Toronto” alors qu’il s’attaquait à dénoncer, la misère du monde et de son quartier. L’écho de sa poésie a touché jusqu’aux plus célèbres artistes du Canada.
En 2014, il sort un EP qui lui ouvre les premières portes du succès : il commence les collaborations. Deux ans plus tard, la puissance de son talent explose encore les barrière de son cercle, le conduisant à co-écrire “Attention“, titre de l’album Starboy de The Weeknd. Doucement, le jeune canadien se fait un nom.
“Stay Alive”
Avec ce titre “Stay Alive”, Mustafa présente en solo son art et son histoire. La douceur poignante de sa voix contraste parfaitement avec la dureté de ses paroles. Dans ce morceau, véritable hommage à son quartier et à ses proches, il compare les rues de Regent Park à l’enfer. Dans son clip, on le suit d’ailleurs dans une ballade entre les immeubles qui l’ont vu grandir, entouré de ses plus proches amis.
“Que les amis que j’ai perdu reposent en paix, longue vie à ceux qui sont en vie, rien n’est vain, Regent Park à jamais.” déclarait-il sur Twitter lors de la sortie. À travers l’exemple de son quartier, il revient sur la sombre réalité de communautés marginalisées et stigmatisées par la violence de leurs cités. S’il se présente seul cette fois-ci, il peut tout de même compter sur le soutien des grands. On doit notamment la production de ce titre à Frank Dukes et James Blake.
Mais le petit poète n’est pas seulement musicien. Au delà de son don pour la musique, il a su briller par ses talents de réalisateur. Activiste notoire, il parvient à allier avec brio la puissance des mots à celle de l’image. Son court métrage Remember me, Toronto a d’ailleurs fait beaucoup de bruit au moment de sa sortie en 2018, notamment grâce à l’apparition à l’écran de plusieurs personnalités.
Dans ce film, il revient sur la question des violences armées dans les quartiers de Toronto, et sur la manière dont elle affecte ses habitants. Il a lui-même perdu l’un de ses amis dans un combat de gangs. Il soutient ce récit grâce à l’intervention de Drake et de 8 autres rappeurs originaires de cette ville comme BAKA NOT NICE et Pressa.
Par ces témoignages honnêtes, ils reviennent sur leur passé marqué par cette violence. Tous racontent avoir perdu des amis dans ces rues, et reviennent sur la condition que leur impose la vie dans ces quartiers. Un film sombre qui, tout comme les textes de ce poète des temps modernes, a un impact brutal sur celui qui le regarde.