On vous explique le dernier coup de Banksy (et pourquoi c’est plus complexe qu’il n’y paraît)

On vous explique le dernier coup de Banksy (et pourquoi c’est plus complexe qu’il n’y paraît)

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© Banksy

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Par Lise Lanot

Publié le

Des ouvriers se mordent les doigts d’avoir démoli un Banksy, mais n’était-ce pas le plan de départ de l’artiste ?

Il semble que la nouvelle n’ait pas fait pâlir Banksy. Au contraire, d’une pierre deux coups, il a révélé sur son compte Instagram l’apparition et la démolition de sa dernière œuvre en date. Réalisée à Herne Bay, une ville côtière du comté de Kent, au sud-est du Royaume-Uni, la fresque présente la silhouette sombre d’un enfant qui semble ouvrir les rideaux derrière sa fenêtre, à côté d’un chat. Les rideaux sont en réalité deux rectangles de tôle grise travaillés par l’artiste.

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La dernière image partagée hier par Banksy montre cette façade détruite par un excavateur, l’œuvre ayant déjà disparu. En commentaires, les rumeurs allaient bon train, nombre de fans imaginant que l’œuvre avait dû être subtilisée par des collectionneur·se·s véreux·ses sur le point de ramasser un joli pactole. Banksy n’a ajouté aucune légende ni information à ses images, laissant la porte ouverte aux interprétations.

Et pourtant, on a vite découvert que la destruction de l’œuvre n’était qu’un hasard puisque les entrepreneurs chargés d’abattre la bâtisse datant de 1529 n’avaient “aucune idée qu’il s’agissait d’un Banksy”, ont-ils rapporté au média local Kent Online. “Ça m’a rendu malade quand j’ai compris que c’en était un – on était verts”, a ajouté l’un d’eux.

On peut cependant se demander si cette démolition constituait un tel hasard pour Banksy lui-même. Kent Online rapporte que la destruction de l’édifice avait été actée fin 2022 sur demande d’une entreprise qui souhaiterait y construire des habitations, un McDonald’s et des chaînes de magasins.

Habitué aux retournements de situation et pieds de nez, le street artiste anonyme a bien pu vouloir contrer l’affolement que suscite inlassablement toute révélation de ses œuvres et, surtout, mettre en lumière la transformation d’un espace rural en un énième lieu de consommation.

Le titre de l’œuvre, Morning is Broken, collerait parfaitement à cette idée de lendemains maudits, rongés par le capitalisme. Finalement, l’œuvre de Banksy pourrait ne pas seulement être ce pochoir mais plutôt la destruction du pochoir, comme l’impossibilité pour l’enfant et son chat de naïvement se réveiller au milieu d’une campagne préservée des affres du libéralisme. Une œuvre méta qui fait penser à son dessin autodétruit lors d’une vente aux enchères : qu’est-ce qui est l’œuvre, l’originale ou la destruction ?

Sachant que les restes de l’œuvre ont été “repêchés” juste après sa revendication par Banksy, il n’est pas impossible que Morning is Broken se retrouve aux enchères, partant pour des millions, à des années-lumière de cette mise en scène et des velléités, qu’on imagine militantes, de Banksy.