On a testé l’escape game féministe et décolonial d’Hortense Belhôte au musée d’Orsay (et c’était génial)

On a testé l’escape game féministe et décolonial d’Hortense Belhôte au musée d’Orsay (et c’était génial)

Image :

© Julien Benhamou/Musée d’Orsay

photo de profil

Par Donnia Ghezlane-Lala

Publié le

D’une main de maestria, Hortense Belhôte nous fait voir l’art à travers ses yeux, avec une approche décoloniale, "féministe, queer et libertaire".

“Il y a quoi à voir en ce moment ?”, “Vous avez une expo à me conseiller ?”, “Vous avez vu quelles expos récemment ?”… Chaque mois, nous tâcherons de répondre à ces questions existentielles qu’on nous pose tout le temps et qui vous font vivre les pires insomnies. Ces recommandations auront le mérite, on l’espère, d’adoucir vos week-ends, de remplir vos cerveaux de belles images et de projets touchants.

À voir aussi sur Konbini

Qui, quoi, où, quand…

Elle est connue pour ses spectacles endiablés ; elle est la créatrice d’une websérie dans laquelle elle déconstruit l’histoire de l’art et met en avant des figures oubliées ; elle sait se mettre en scène comme personne… Elle est ? Elle est ? Hortense Belhôte ! L’autrice, actrice et historienne de l’art, organise en ce moment des escape games (ou “promenades performées”) au musée d’Orsay, dont le principe est de trouver des indices dans les collections de l’institution afin de s’en échapper en 60 minutes chrono. Ça se passe les 29 février, 28 mars et 25 avril, toujours sur les deux créneaux de 19 heures ou 20 heures 30.

Muni·e·s d’un audioguide dans lequel elle nous souffle en direct les étapes à suivre, d’un papier plié à déplier au fur et à mesure de l’expérience selon ses indications et d’un plan, nous voilà embarquées dans ce jeu hors du commun. Les règles sont les suivantes : la solidarité est une vertu ; tout compte, tout a un sens, “c’est-à-dire que quand je dis ‘1, 2, 3, c’est parti’, il faut se rendre en salle 1, 2 ou 3” ; et il ne faut pas toucher les œuvres, sauf si elle nous l’indique…

Hortense Belhôte nous accueille sous l’horloge du musée d’Orsay. (© Donnia Ghezlane-Lala/Konbini)

Ce qu’on a le plus aimé…

Le jeu nous invite à reconsidérer et déconstruire les œuvres exposées à Orsay, dans tout ce qu’elles racontent, dans tout ce qu’elles ont de problématique ou de progressiste, dans tout leur contexte historique. Et c’est un régal. D’une main de maestria, Hortense Belhôte nous fait voir l’art à travers ses yeux, avec une approche décoloniale, “féministe, queer et libertaire”.

On a eu la chance de participer à la première et on ne va pas vous spoiler les éléments de surprise, car il y en a, il y en a même beaucoup. On a adoré toutes ces farces, ces accessoires de cinéma, ces explosions, ces chasses au trésor, ces cadenas à déverrouiller, ces valises d’agent·e·s secret·ète·s, ces rébus, ces puzzles… On est tombées dans beaucoup de pièges tendus. Hortense Belhôte joue incroyablement bien, avec une énergie sans pareille. Le groupe ne se perd jamais si on suit bien et si on respecte les règles du jeu.

Un puzzle à reconstituer et une valise à déverrouiller. (© Donnia Ghezlane-Lala/Konbini)

Les œuvres et épreuves qui nous ont le plus touchées…

Côté œuvres, nous avons aimé ses remarques sur la vie de Rosa Bonheur et sur Gustave Courbet et son Origine du monde. Lors d’un jeu de rébus, Hortense Belhôte déconstruit les “fausses visions documentaristes” des pays colonisés peintes par des artistes blancs : “des femmes nues et des scènes de chasse, une rhétorique coloniale qui montre toujours les sociétés colonisées comme des versions antérieures de la société occidentale”.

Elle met l’accent sur Vieil homme devant des tombeaux d’enfants, rare tableau peint par “un concerné”, Osman Hamdi Bey qui défie l’orientalisme de son époque. Dans un autre jeu, elle aborde les clichés lesbiens interraciaux qui sont monnaie courante dans la peinture. Côté épreuves, vous saurez les reconnaître : on a adoré le jeu de la valise, le coup de théâtre et le clou du spectacle. On n’en dit pas plus.

© Julien Benhamou/Musée d’Orsay

Ce qu’on a moins aimé…

Quelques petits soucis techniques ont perturbé le début de la promenade, mais l’artiste a improvisé avec brio. L’expérience serait plus agréable si le groupe était moins nombreux mais on a bien conscience qu’il faut satisfaire un maximum de monde ! On a fait cette expérience durant le rush exceptionnel de l’exposition Van Gogh, qui se termine début février et qui a mis Orsay en PLS : le musée devrait donc être moins bondé pour les prochaines sessions de mars et avril.

Un petit conseil : si venez entre ami·e·s et si vous voulez faire l’expérience ensemble de A à Z, choisissez des papiers pliés (qu’on vous donne en début d’expérience avec l’audioguide) de la même couleur (rouge, bleu ou jaune), afin de ne pas être séparé·e·s pour les épreuves.

Pour aller plus loin…

On vous conseille tout simplement de binger Merci de ne pas toucher, sur Arte, et de réserver dès maintenant vos places pour le prochain spectacle d’Hortense Belhôte au musée d’Orsay, qui aura lieu du 30 mai au 2 juin 2024 dans l’auditorium.

© Julien Benhamou/Musée d’Orsay

Les prochains escape games d’Hortense Belhôte au musée d’Orsay auront lieu les 29 février, 28 mars et 25 avril, toujours sur les deux créneaux de 19 heures ou 20 heures 30. Du 30 mai au 2 juin 2024, elle performera son spectacle dans l’auditorium du musée.