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On a classé (objectivement) tous les albums d’Eminem

On a classé (objectivement) tous les albums d’Eminem

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Par Timothée Van Poecke

Publié le

Eminem vient d’avoir 50 ans. Un demi-siècle, onze albums. C’est le moment de délibérer.

Avec son passage du demi-siècle, on a naturellement recommencé à parler de la discographie de cette légende à la rédaction.

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Plus de vingt-cinq ans de carrière, dix-huit projets, près de 400 morceaux dévoilés, 149 récompenses décernées (dont un Oscar), Marshall Mathers est incontestablement un géant de la musique. Face à ce palmarès et à cette longévité, il est compliqué d’établir un classement de ses meilleurs albums, mais on s’est bel et bien prêtés à l’exercice.

Voici notre classement objectif des onze albums d’Eminem.

11. Revival (2017)

La plus grande évidence de ce classement. Quelle déception, quatre ans après la sortie de The Marshall Mathers LP 2. En réalité, on a le sentiment que l’album est meilleur aujourd’hui qu’en 2017. “Believe”, “Tragic Endings”, “Arose”, ces morceaux sonnent bien et sont loin d’être désagréables à l’oreille, mais quelque chose ne va pas avec cet album. C’est le projet qui ressemble le moins à Eminem. L’omniprésence de samples rock, l’inclusion de gimmicks pop inutiles, les feats inefficaces… Beaucoup trop de points négatifs se démarquent et font de ce projet le pire album de Marshall Mathers.

10. Kamikaze (2018)

On y est presque. Certainement déterminé à faire oublier Revival sorti un an plus tôt, Eminem dévoile Kamikaze par surprise. Le problème de cet album ? Si Revival était très décevant, Kamikaze l’est juste un peu moins. Le projet n’est pas nécessairement mauvais, mais il ne répond pas aux attentes des fans. Ça fait quand même du bien de voir Eminem revenir à plus de rap et de technique. Mention spéciale au retour des apparitions de Paul Rosenberg, le manager de Marshall, dans l’album.

9. Recovery (2010)

Bon, mais amer. Recovery est touchant, sincère, mais peut-être un peu trop pour un fan d’Eminem. Plus que mature, ce projet a surtout été un succès commercial, et c’est ce qui pourrait expliquer le problème de cet album. La formule utilisée par Eminem est simple. Recovery manque d’excentricité et intègre une touche pop efficace qui plaît au grand public. Mais où sont les interludes ? Les prises de risque ? Cette empreinte folle qui nous fait aimer Marshall ? En jugeant le projet morceau par morceau, on ne peut pas dire que l’album est mauvais, il est même très bon, mais logiquement en dessous des autres.

8. The Marshall Mathers LP 2 (2013)

Ça s’équilibre. Sorti trois ans après Recovery, The Marshall Mathers LP 2 nous offre un Eminem qui a retrouvé un peu de sa folie. “Evil Twin”, “Brainless”, “Berzerk”… Ces morceaux complètent très bien les touches plus introspectives du projet. En écoutant l’album, on retrouve toujours cette formule commerciale qu’on connaît de son prédécesseur, mais ces coups d’éclat équilibrent l’ensemble. On regrette un peu l’existence de “So Far…” et (on n’aurait jamais cru dire ça un jour) le featuring avec Kendrick Lamar… Les lyrics et les références, c’est bien, mais musicalement, sur ces morceaux, ça ne fonctionne pas.

7. Music to Be Murdered By (2020)

Le dernier en date. C’était presque inespéré et pourtant, Eminem a réussi à sortir un bon album après Revival et Kamikaze. Le retour aux vingt titres, l’introduction incisive, un morceau sur son beau-père… Sur Music to Be Murdered By, on a le sentiment que Marshall prend du plaisir, et ça se répercute assez logiquement sur l’auditeur. Les collaborations avec des artistes des années 2020, comme Young M.A, le regretté Juice Wrld ou encore Don Toliver, fonctionnent bien, et ça fait plaisir à voir. Le projet est solide dans son ensemble et laisse entrevoir un brin d’espoir par rapport à la suite de la carrière d’Eminem.

6. Infinite (1996)

La vieille école, la vraie. Infinite pue les années 1990, et qu’est-ce que cette époque va bien au teint d’Eminem. Même si Slim Shady, le personnage créé par Marshall, n’est pas encore arrivé et que le rappeur manque alors de personnalité, la technique et l’écriture sont déjà au rendez-vous. Cet album est difficile à classer tant il est différent des autres et précoce dans la carrière d’Eminem, mais son efficacité sur des productions posées, presque lofi, le rend particulier.

PS : quel plaisir d’entendre la voix de Proof sur “W.E.G.O”.

5. Encore (2004)

Plat du pied, sécurité. À sa sortie en 2004, Encore sonnait comme une impression de déjà-vu, mais force est de constater que l’album est très bon. L’émouvant “Mockingbird”, les engagés “Like Toy Soldiers” et “Mosh”, la mythique parodie de Michael Jackson dans “Just Lose It”… Eminem montre toute sa palette technique sur ce projet. Encore, c’est un mélange de gamineries et d’émotions, mais toujours en maîtrise. On sent que le rappeur se fait plaisir sur les refrains, et ça fonctionne parfaitement.

4. Relapse (2009)

La bombe à retardement. Après avoir fait face au syndrome de la page blanche et avoir surmonté ses problèmes liés à la drogue, Eminem dévoile Relapse, cinq après son dernier album. Le projet est évidemment un succès commercial, tout le monde attendait le retour de Marshall, mais les avis à propos de Relapse divergent. Un temps sous-coté, l’album est devenu, au fil du temps, un classique de la discographie du rappeur. Il est difficile de citer un mauvais morceau du projet tant il est complet. Eminem est revenu plus mature et toujours aussi fort.

3. The Slim Shady LP (1999)

Le (vrai) début de quelque chose de grand. C’est le premier album d’Eminem sous les ailes de Dr. Dre et Jimmy Iovine. Sur The Slim Shady LP, le rappeur incarne son personnage. On est face à l’Eminem le plus insolent de sa longue carrière. Les interludes sont mythiques, le flow est tranchant, et, surtout, une identité particulière se dégage du projet. La patte de l’artiste s’installe, son caractère, et c’est ce qui fait toute la différence. Tous les morceaux sont au minimum bons, et cet album a donné naissance à l’un des plus grands classiques de la discographie d’Eminem, “My Name Is”. Mention spéciale à “Rock Bottom”, qui est un morceau extraordinaire.

2. The Eminem Show (2002)

Après les immenses succès de The Slim Shady LP et The Marshall Mathers LP, Eminem a réussi à mettre la barre tout aussi haut pour The Eminem Show. Trois classiques du rap, et quelle belle réalisation pour fermer la marche. Le niveau est trop haut et les enchaînements de morceaux marquants. “Sing for the Moment”, “Superman”, “Hailie’s Song”… Eminem était à son pic dans cette période années 2000, et ça se ressent. Le début d’une certaine maturité se dégage, notamment sur “White America”, où Marshall démontre une forte envie de dénoncer la classe politique. Difficile de trouver des défauts à The Eminem Show. Il n’est pas loin de la première place, mais il fait face à un mastodonte.

1. The Marshall Mathers LP (2000)

Le classique à retenir ? Le classique absolu ? C’est lui. C’est l’œuvre ultime d’Eminem, son troisième album solo : The Marshall Mathers LP. Avec près de 11 millions d’exemplaires vendus, c’est le second album de rap le plus vendu de tous les temps, juste derrière Speakerboxxx/The Love Below du groupe Outkast. Si The Slim Shady LP confirmait le potentiel du rappeur, The Marshall Mathers LP l’inscrit dans la légende.

C’est l’album dans lequel on retrouve “Kim”, qui nous aura tous choqués, et “Stan”, qui aura touché le monde entier. Celui dans lequel on retrouve les personnages de Steve Berman et de Ken Kaniff et leurs chansons éponymes. Celui où l’apparition de Paul Rosenberg est une des plus iconiques. Celui où Eminem partage un morceau incroyable avec Dr. Dre, Snoop Dogg, Xzibit et Nate Dogg. Celui où il n’y a pas un seul morceau à mettre à la poubelle. Marshall était à son prime, et personne ne pouvait rivaliser avec lui en 2000.