L’acteur Sofiane Bennacer, qui tient le rôle principal du film de Valeria Bruni-Tedeschi Les Amandiers et mis en examen en octobre à Mulhouse pour viols et des faits de violence, a clamé mercredi son innocence, tandis que les César décidaient de l’exclure de la course pour les nominations du Meilleur espoir masculin 2023.
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Il faisait partie des seize acteurs présélectionnés pour le César du Meilleur espoir masculin, une liste purement indicative qui promeut de jeunes comédiens qui ont des chances de figurer dans la liste des nommés aux César du Meilleur espoir masculin et Meilleur espoir féminin. Il avait été sélectionné aux côtés de deux autres actrices du film, Nadia Tereszkiewicz et Clara Bretheau.
L’Académie a décidé que “les informations publiées par la presse depuis le 22 novembre […] commandaient, sans préjudice de la présomption d’innocence et par respect pour les victimes présumées, de le retirer de la liste des 32 Révélations pour les César 2023”, a-t-elle fait savoir mercredi soir dans un communiqué. Elle précise également qu’elle souhaite ouvrir “une réflexion afin d’envisager une modification du règlement qui régit l’organisation de la cérémonie des César, règlement qui ne prévoit pas, à ce jour, l’hypothèse d’une mise en cause judiciaire d’un·e participant·e à un film éligible”.
Selon Libération, un des membres du comité Révélations aurait mis en garde le groupe quant au cas Sofiane Bennacer, qui figurait sur une majorité de listes de favoris, en parlant simplement de rumeurs le concernant. Le journal précise également que la directrice de casting des Amandiers et l’un des producteurs du film sont membres de l’Académie.
L’argument de la présomption d’innocence
Révélation du dernier film de Valeria Bruni-Tedeschi Les Amandiers, l’acteur de 25 ans souhaitait pourtant “continuer à concourir pour les César”.
“Je suis innocent […]. La présomption d’innocence existe-t-elle encore ? Ou sommes-nous dans un État de non-droit, un État où la simple accusation sans fondement peut détruire une vie ?”, a-t-il lancé dans un long message sur Instagram. Il avait déjà contesté les faits lors de sa mise en examen. Sur ses réseaux, il a ajouté :
“Je vais peut-être me faire boycotter par le cinéma. De toute façon, je me suis fait humilier au plus profond de mon âme […]. Je vais être libre dans quelques mois car je n’ai rien fait […]. S’il y avait la moindre preuve contre moi, pas de simples témoignages bidon, de vraies preuves, je serais déjà en prison.”
Face à ces dénégations, Grégoire Mehl et Anne Lassalle, avocats de l’une des plaignantes, ont annoncé dans la soirée à l’AFP que leur cliente “maintient intégralement les propos et les positions déjà exprimés devant les services enquêteurs”. Cette dernière est “parfaitement consciente des enjeux de la procédure en cours” mais regrette “la médiatisation de cette affaire pour laquelle, malgré les souffrances endurées et les délais de l’enquête, elle a toujours souhaité conserver une certaine discrétion”, poursuivent les avocats.
Selon la procureure de Mulhouse, “il y a eu deux mises en examen pour des faits de viols” sur deux ex-compagnes ainsi qu’une troisième “mise en examen pour violences sur conjoint”. Dans le cadre d’une quatrième plainte déposée par une autre ex-compagne qui dénonçait des faits de viol, Sofiane Bennacer a été placé sous le statut plus favorable de témoin assisté.
Le théâtre national de Strasbourg (TNS), où il avait été admis, avait saisi le ministère de la Culture pour des faits “de violences sexistes, sexuelles et de harcèlement”. Le ministère de la Culture avait ensuite fait un signalement à la justice, a indiqué la procureure, sans préciser la date. L’acteur a été placé sous contrôle judiciaire, a-t-elle précisé. Benjamin Morel, administrateur du TNS, a indiqué mercredi à l’AFP que “c’est Sofiane Bennacer qui a pris la décision de démissionner le 19 février 2021”.
Omerta aux Amandiers
Libération publie également le résultat d’une longue enquête de huit mois concernant l’omerta sur le plateau des Amandiers, pour laquelle le journal a interrogé une quinzaine de personnes présentes sur le tournage. Certaines avaient eu connaissance dès les auditions des accusations de violences sexuelles visant l’acteur, et nombre d’entre elles accusent la production et Valeria Bruni-Tedeschi d’avoir “protégé” Sofiane Bennacer en connaissance de cause.
Des militantes féministes, ayant eu vent de la plainte pour viol déposée en février 2021 par une ex-petite amie de l’acteur, avaient également tenté d’alerter l’opinion publique en collant des messages aux abords du théâtre occupé par le tournage. Deux techniciennes ont plus tard démissionné du projet pour protester contre cette omerta.
Le film est sorti le 16 novembre dernier dans les salles.
Konbini avec AFP
