En France, la parole des victimes d’agressions sexuelles dans l’industrie musicale se libère petit à petit, notamment grâce au mouvement #MusicToo. Dans un contexte où les comportements problématiques commencent à être dénoncés publiquement, Mediapart a publié une enquête menée dans le monde du metal, un milieu “hyper masculin” qui cache une toxicité pour les femmes qui en font partie.
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Un témoignage accablant
En octobre 2020, Pauline, 38 ans, explique sur Instagram avoir été agressée sexuellement en 2010 par un employé de Rage Tour, une société qui programme des concerts de groupes punk, metal et hardcore :
“Je me souviens de ce connard qui me dit ‘Tu sortiras pas de là tant que tu ne m’auras pas montré ta poitrine’. Je me souviens de ses attouchements.”
Un mois plus tard, en réponse cette déclaration, Rage Tour a affirmé dans un communiqué sa volonté de déposer une plainte pour diffamation, car “l’ensemble des salariés de la société est indirectement concerné par cette accusation”. Suite aux protestations des internautes, la société a décidé de revenir sur cette décision, reconnaissant que “la démarche était inadaptée“.
De nombreuses victimes qui luttent pour être écoutées
Cette affaire met en lumière des comportements qui se perpétuent dans le monde du metal. Mediapart relaie la voix de plusieurs victimes qui déclarent avoir été abusées, agressées sexuellement ou violées, par des personnalités influentes du milieu et des artistes.
Ainsi, une jeune femme revient sur une expérience traumatisante qu’elle a vécue alors qu’elle n’avait que 17 ans. Elle raconte au média spécialisé dans les enquêtes, comment elle a été approchée par Till, du groupe Guerilla Poubelle :
“Quand, à 17 ans, le mec du groupe punk nouvelle génération le plus connu de France s’est approché de moi, je n’ai pas vu que je tombais dans un piège.”
La jeune femme se met donc à fréquenter l’artiste. Cependant, ce dernier ne respecte pas son consentement et la pousse à avoir un rapport non protégé. Elle explique :
“C’est le lendemain en allant à l’école que je me suis rendu compte que non, il n’y a pas eu de préservatif : son sperme me coulait dans la culotte et le long des jambes en arrivant dans la cour de récré.”
De son côté, Till a affirmé à Mediapart que ces rapports sexuels étaient consentis “de même que l’absence de protection“.
Un problème enraciné dans le monde du metal
Enfin, l’enquête de Mediapart met en relief ces problèmes ancrés dans le monde du metal et “la toxicité d’un milieu qui a l’air cool“. Estelle et Justine, créatrices du podcast Heavystériques qui donne la voix aux femmes de l’industrie musicale, expliquent :
“Un truc propre à notre milieu est que sous prétexte que ce sont des musiques extrêmes, certaines personnes justifient d’avoir des discours et des comportements violents et haineux, en mode ‘on est extrême donc on peut se permettre ça’.”
Pour lutter contre les agressions sexuelles, le Hellfest a présenté sa volonté de prendre des mesures, afin que les concerts deviennent des lieux plus sûrs pour les femmes. En effet, ces dernières années, la part de femmes a augmenté au sein du public metal. Cependant, comme le conclut le site d’information, “le chemin est encore long avant d’aboutir à une scène réellement égalitaire. Comme c’est le cas, du reste, pour la société tout entière“.