Non, László Tóth, cet architecte hongrois fuyant l’Europe nazie et débarquant aux États-Unis, interprété par Adrien Brody, n’existe pas. Et cette information peut sonner comme une vraie surprise pour les cinéphiles (et les autres aussi) qui ont déjà découvert le film “chef-d’œuvre” de Brady Corbet, à découvrir en salles françaises depuis ce mercredi 12 février.
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Le film, nommé dans plusieurs catégories aux Oscars (dont Meilleur film), n’est effectivement pas tiré d’une histoire vraie, malgré la richesse du récit de son protagoniste, et des détails historiques qui l’entourent, abordant à la fois l’antisémitisme américain des années 1950, l’Holocauste, la naissance du mouvement brutaliste et l’après-guerre en général.
Pour composer ce personnage fictif, le réalisateur Brady Corbet se serait en réalité inspiré d’autres figures juives de l’architecture moderniste, comme l’Hongrois-Allemand Marcel Breuer ou l’Estonien Louis Isadore Kahn, qui ont exercé avant l’Holocauste, contrairement au héros de The Brutalist qui développe sa maestria en plein contexte de Shoah et d’après-Shoah.
Pour beaucoup, le personnage de László Tóth est également inspiré de l’architecte brutaliste Ernő Goldfinger, lui aussi juif et hongrois, qui a également fui le régime nazi de son pays avec sa femme. À la seule différence qu’il a rejoint l’Angleterre et pas l’Amérique, et que ce n’est pas un homme fortuné qui l’a aidé, mais le Parti Communiste Britannique.
En réalité, plusieurs László Tóth ont existé, mais aucun n’était celui du film. À la place, ils étaient athlètes hongrois, mathématiciens hongrois, et le plus connu d’entre eux était un géologue hongrois basé en Australie qui se prenait pour Jésus-Christ — c’est véridique. Pas d’architecte moderniste dans le lot, donc.
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Tous les László Tóth ont été tués
En interview pour le média NPR, l’acteur Adrien Brody explique la raison simple, historique et funeste derrière la nécessité d’inventer le protagoniste du film : “The Brutalist est une histoire fictive. Lorsque Brady et Mona [Fastvold, la coscénariste de Corbet] ont fait leurs recherches pour essayer d’écrire un film sur un architecte européen qui avait survécu à l’occupation nazie et poursuivi son travail en Amérique, il n’y en avait aucun parce qu’ils avaient tous été tués.”
Brady Corbet, lui, confiait à The Hollywood Reporter que son film “montre comment la psychologie de l’après-guerre a façonné l’architecture de l’après-guerre.” Le personnage de László Tóth et son récit, tous les deux fictifs, servent donc plutôt à raconter des événements bien réels comme l’Holocauste, l’immigration, l’architecture moderne d’après-guerre et la naissance du brutalisme.