Mais pourquoi cette exposition montre-t-elle des tableaux… à l’envers ?

Mais pourquoi cette exposition montre-t-elle des tableaux… à l’envers ?

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© Martin van Meytens/Cecilia Heisser ; Nationalmuseum

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Par Lise Lanot

Publié le

Autoportraits cachés, fesses de nonnes dissimulées et détails camouflés : cette exposition montre les dessous de célèbres œuvres.

En entrant dans l’exposition “Reverso” du Musée du Prado, le public a la surprise de découvrir l’arrière de 105 tableaux plutôt que leur célèbre face. Il ne s’agit pas là d’une erreur ou d’une mauvaise blague de la part du célèbre établissement madrilène mais d’une volonté du conservateur Miguel Ángel Blanco, qui a souhaité dévoiler au grand public les secrets bien gardés de célèbres toiles et artistes.

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L’exposition, qui donne l’impression de pénétrer à l’intérieur d’ateliers de peintres, permet de découvrir les différents usages et mystères des arrières de toiles. Certaines présentent quelques mots des artistes, les dessins des auteur·rice·s qui y laissent leur trace à travers des éléments biographiques (comme un portrait ou un paysage représentant l’endroit où leurs géniteur·rice·s se trouvent) ou des croquis préparatoires.

D’autres encore montrent des œuvres à part entière. Un des spécimens les plus célèbres présentés au Prado concerne La Nonne agenouillée de Martin van Meytens. Son côté face montre une nonne en train de prier tandis qu’une consœur plus âgée l’observe dans un coin. Son côté pile montre quant à lui les derrières de la scène et de la nonne, déculottée. C’est un exemple parmi tant d’autres des dessins pornographiques représentant des femmes et secrètement intégrés par des artistes hommes au fil du temps – c’est la preuve, sans doute, que tout n’était pas mieux avant.

Une grotte secrète et mystérieuse

Les œuvres sont exposées dans des salles peintes, pour la première fois, en noir, afin que le public ait l’impression d’entrer à l’intérieur de ce qui ressemblerait à “une grotte”, note The Guardian, un lieu mystérieux et hors du temps. À l’intérieur, pas “d’ordre chronologique”, ni de “hiérarchie” afin de laisser “un maximum de liberté” à l’expérience, explique le musée qui a tout de même imaginé des “sections selon les différents aspects des revers des toiles”.

En plus d’avoir retourné nombre d’œuvres habituellement montrées “à l’endroit” au Prado, l’exposition a pu emprunter des travaux signés d’artistes qui n’avaient jamais été accueilli·e·s dans le musée, à l’instar de Sophie Calle, Antoni Tàpies, René Magritte ou Vincent van Gogh. Ce vaste tour de piste d’un nouvel angle vise à approfondir nos connaissances en histoire de l’art et nous faire (re)découvrir des artistes qu’on croyait connaître par cœur.

L’exposition “Reverso” est visible au Musée du Prado jusqu’au 3 mars 2024.