Main arrachée lors d’une free-party à Redon: la plainte classée sans suite

Main arrachée lors d’une free-party à Redon: la plainte classée sans suite

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Un contrôle de gendarmerie dans un teknival près de Millau, © SYLVAIN THOMAS / AFP

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Par Arthur Cios

Publié le

Le parquet a conclu à un usage "nécessaire et proportionné de la force" par les gendarmes.

La plainte d’un jeune homme de 22 ans, dont la main a été arrachée lors d’une free-party à Redon (Ille-et-Vilaine) en juin 2021, a été classée sans suite, le parquet ayant conclu à un usage “nécessaire et proportionné de la force” par les gendarmes, a-t-on appris samedi.

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Quelque 1 500 personnes avaient participé à cette rave-party non déclarée, dans la nuit du 18 au 19 juin 2021, organisée en hommage à Steve Maia Caniço, ce jeune animateur périscolaire mort noyé à Nantes en 2019 après une charge policière. Peu avant minuit, une tentative de dispersion des teufeurs, qui voulaient s’installer sur l’hippodrome de la ville, avait tourné à l’affrontement avec les gendarmes. Un Rennais de 22 ans avait perdu la main.

Dans un long communiqué, le procureur de la République de Rennes Philippe Astruc a étayé sa décision en expliquant que la free-party avait été interdite par arrêté préfectoral, et que des “violences […] importantes [avaient] été commises par les ‘teufeurs’ […] à l’encontre des forces de l’ordre”, citant “des jets de cocktails Molotov, de boules de pétanque, et de troncs d’arbres“. L’enquête a dénombré “58 tirs de LBD, 1.602 usages de grenades CM6, 139 de grenades MP7, 239 de grenades GM2L et 24 de grenades GENL“, indique le communiqué.

L’heure de la blessure a été déterminée “à 2H42” grâce notamment aux vidéos de journalistes et aux appels téléphoniques passés aux services de secours, et les investigations “tendent à mettre en cause une grenade GM2L“. Cette dernière a remplacé la GLI-F4 en janvier 2020. L’enquête montre aussi que cette grenade “est arrivée au sol et que la victime s’en est volontairement emparée“.

Selon le procureur, l’usage de ces armes s’est fait “en riposte et s’est avéré nécessaire et proportionné, en ce que les affrontements [ont] constamment consisté en des approches hostiles et violentes des ‘teufeurs’, au plus près des forces de l’ordre dont certaines étaient blessées“.

Dans une enquête parue en juillet, Mediapart avait démontré que les pompiers avaient été interdits d’accès sur les lieux de la fête par le préfet. Selon le procureur “aucune directive tendant à empêcher l’action des secours n’a été donnée“. Interrogé par l’AFP, l’avocat de la victime, Me Stéphane Vallée se réserve le droit de déposer une plainte avec constitution de partie civile lorsqu’il disposera des éléments de l’enquête.

Même si la grenade n’avait pas été ramassée et lui avait explosé au visage, la problématique reste la même. On a la certitude que c’est une grenade tirée par les forces de l’ordre qui est à l’origine de cette main arrachée et que malgré tout il ne va rien se passer. C’est compliqué à entendre“, a-t-il déclaré.

Nous demandons l’interdiction des grenades GM2L dont les effets ne sont pas proportionnés puisqu’elles peuvent mutiler“, a réagi de son côté auprès de l’AFP Anne-Sophie Simpere, chargée de plaidoyer à Amnesty International, avant d’ajouter :

Il est regrettable d’avoir classé l’affaire alors qu’il n’y a pas eu de communication préalable avec les ‘teufeurs’ et que des armes mutilantes ont été utilisées dans des conditions très dangereuses: de nuit, sans visibilité, sur une foule de jeunes.

Konbini avec AFP.