Lorelei : un ticket pour un voyage magique en Amérique

Lorelei : un ticket pour un voyage magique en Amérique

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Par Lucille Bion

Publié le

Lorelei vient de souffler un vent d'espoir et de liberté sur le festival de Deauville.

Au cours du Festival du cinéma américain de Deauville, Konbini vous fait part de ses coups de cœur.

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C’est quoi ?

Un gang de motards ivres fête le retour de Wayland, un grand gaillard tatoué qui vient de sortir de prison, après avoir pris 15 ans pour vol à main armée. Pour se réinsérer dans la société, il dégote une chambre chez une fervente catholique, une sorte de mère Teresa, qui organise notamment des groupes de parole pour les mères célibataires. Parmi elles, il y a Dolores, l’amour de jeunesse de Wayland. Ensemble, ils s’étaient promis de quitter leur trou pour la grande vie à Los Angeles.

Si le premier (joué par Pablo Schreiber, que l’on a déjà vu dans Orange Is the New Black) a traversé en long et en large sa cellule plutôt que le Walk of Fame, la seconde (incarnée par Jena Malone, aperçue dans Hunger Games : L’Embrasement) a également tiré un trait sur sa carrière de nageuse après être tombée enceinte de trois enfants de trois pères différents, évaporés illico dans la nature.

Mais au moment des retrouvailles, la flamme se rallume et Wayland décide rapidement d’emménager chez cette famille attachante mais disloquée. Entre problèmes d’argent, paternité improvisée, nostalgie du passé et amertume, Lorelei s’attaque à des sujets sensibles à travers un récit onirique bourré d’espoir.

Mais c’est bien ?

Ce premier film de la réalisatrice Sabrina Doyle est comme un pansement pour les enfants abandonnés, une thérapie de déculpabilisation pour les mères, une invitation à offrir une seconde chance à ceux que la vie a condamnés trop vite.

Grâce aux producteurs Jennifer Radzikowski et Arnold Zimmerman, une couche de fantaisie réveille ce tableau morne de l’Amérique profonde (comme ils l’avaient déjà fait dans The Florida Project). Avec ses tons bleu-gris et son obsession pour l’océan, Lorelei nous prend dans les filets pour nous déposer sur une plage, en apparence paradisiaque. Cette romance touchante entre une sirène et un motard semble minauder mais invite à un voyage captivant.

Outre ce périple, le film offre une belle place aux personnages masculins. Pablo Schreiber, dans son rôle d’ex-taulard impulsif, ouvrira peu à peu son grand cœur pour devenir une figure paternelle protectrice et émouvante.

Avec beaucoup de sensibilité, Sabrina Doyle tire le portrait d’une famille imparfaite, dont chaque membre isolé est une pièce rapportée avec beaucoup d’amour à revendre. En creux de ce pluri-portrait surprenant et mesuré, la réalisatrice nous invite dans son univers, avec une grammaire visuelle pop désenchantée. Tour à tour cruelle, solaire et sombre, cette traversée des États-Unis célèbre la marginalité grâce à des anti-héros superbes.

Qu’est-ce qu’on retient ?

L’acteur qui tire son épingle du jeu : Pablo Schreiber, blessé mais vaillant.

La principale qualité : un scénario inattendu.

Le principal défaut : on se serait passé des flash-back.

Un film que vous aimerez si vous avez aimé : Paris, Texas et The Florida Project.

Ça aurait pu s’appeler : Une Sirène et un Motard.

La quote pour résumer le film : “Un ticket pour l’Amérique pleine d’espoir”.