L’histoire de cette statue qui commémorait le massacre de Tiananmen saisie par la police chinoise

L’histoire de cette statue qui commémorait le massacre de Tiananmen saisie par la police chinoise

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© Peter Adams/Stone/Getty Images

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Par Konbini avec AFP

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Selon les autorités chinoises, il s’agirait d’une "pièce à conviction"…

La police de Hong Kong a saisi une “pièce à conviction” qui a été identifiée par les médias locaux comme une statue commémorant la répression meurtrière de la place Tiananmen en 1989 et qui avait été démontée en 2021. Le département de la sécurité nationale a effectué des perquisitions et saisi “une pièce à conviction liée à une affaire d’incitation à la subversion” à Yuen Long, un quartier de l’ex-colonie britannique où se trouve l’université de Hong Kong (HKU).

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La “subversion” est l’une des catégories d’infractions introduites à Hong Kong en 2020 par la loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin. Elle est passible d’une peine maximale de perpétuité. L’université de Hong Kong a confirmé que la police avait présenté un mandat de perquisition et “retiré un élément de preuve” de son site de Yuen Long.

La statue de huit mètres de haut, œuvre de l’artiste danois Jens Galschiot et intitulée Pillar of Shame (“Pilier de la honte”), présentant des visages angoissés sur une tour torsadée, a été exposée à la HKU pendant plus de vingt ans. Elle a été démontée en 2021 à la suite des manifestations prodémocratie dans le territoire et ses pièces ont été stockées dans un conteneur de marchandises sur un terrain de l’université de Hong Kong.

La saisie survient à un mois du 4 juin, qui marquera le 34e anniversaire de l’écrasement sanglant du mouvement de protestation prodémocratie de la place Tiananmen à Pékin. Jusqu’en 2020, des milliers de personnes commémoraient chaque année cet anniversaire avec une veillée dans le Victoria Park, mais elle a été interdite par la police à la suite d’immenses manifestations parfois violentes réclamant plus de droits.

Les trois dirigeants de l’Alliance Hong Kong, à l’origine de l’organisation d’une veillée commémorative, sont dans l’attente d’un procès, accusés d’avoir incité à la subversion envers l’État. “Ils ne peuvent pas utiliser cette sculpture comme une sorte de preuve contre le mouvement démocratique car j’en suis le propriétaire et c’est moi qui ai pris l’initiative de l’installer à Hong Kong”, a déclaré Jens Galschiot à l’AFP.

L’artiste danois a déclaré qu’il envisageait une action en justice pour faire valoir son droit de propriété sur sa statue. Il a dit l’année dernière qu’il avait essayé de faire sortir la statue de Hong Kong mais qu’aucune compagnie de logistique n’avait accepté de le faire, par crainte de représailles. Les universités de Hong Kong ont retiré les monuments commémorant Tiananmen qui se trouvaient sur leur campus depuis des années.