Les portraits puissants de Matthew Eguavoen abordent les tabous liés à la santé mentale

Les portraits puissants de Matthew Eguavoen abordent les tabous liés à la santé mentale

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© Matthew Eguavoen

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Par Lise Lanot

Publié le

Dans ses portraits, le peintre nigérian cherche des remèdes à la dépression et souligne la façon dont la santé mentale peut être "négligée, stigmatisée et invisibilisée".

Dans le vaste espace d’exposition de la galerie Afikaris, les personnages de Matthew Eguavoen nous fixent. Le regard droit, sûrs d’eux, ils semblent questionner notre présence : non pas concernant ce qu’on peut bien faire là, mais plutôt concernant ce qu’on apporte à la discussion. Ici, la conversation tourne autour de ce qui nous pèse : les angoisses, les traumatismes, le deuil, les liens entretenus avec l’au-delà, les traditions et les tabous, notamment en ce qui concerne la dépression et la santé mentale qui a “longtemps été – et continue d’être – négligée, stigmatisée et invisibilisée sur le continent africain”, énonce la galerie parisienne.

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À travers une dizaine de portraits aux titres aussi évocateurs que Le silence après la discussion, Repose-toi sur moi ou À la fin, il n’y a rien et tout qui compte, le peintre nigérian insiste sur “l’importance d’un système d’écoute et de soutien – physique comme spirituel – pour surmonter la dépression, notamment à travers les traditions”. Les corps s’enchevêtrent et se portent, les décors sont intimes, les moments silencieux, lourds de tous les maux partagés à l’abri de nos regards indiscrets. “Derrière ces portraits”, ajoute la galerie,“se cache l’expérience de l’artiste, lui-même concerné et témoin d’un mal-être global installé parmi la jeunesse”.

Matthew Eguavoen, What is ours will find us, 2023.

Dans sa quête de sérénité et de libération de la parole, le peintre entreprend la création de ponts entre les êtres, les époques et les mœurs. Il célèbre notamment la culture de sa région d’origine, Edo. En témoigne le nom de son exposition, “Ukhurhę”, d’après le bâton de bois gravé qui “représente les ancêtres de la famille, unit le monde physique au monde spirituel, connectant les vivants aux esprits”. En honorant les âmes disparues et en “renouant avec les traditions”, Matthew Eguavoen cherche à “répondre à la souffrance et trouver la voie de l’apaisement”.

Matthew Eguavoen, Comforting Silence, 2023.

Matthew Eguavoen, The Silence After The Conversation, 2023.

Matthew Eguavoen, Lean on me, 2023.

Matthew Eguavoen, In the end nothing and everything matters, 2023.

Matthew Eguavoen, I still have faith in the midst of Everything, 2023.

Matthew Eguavoen, Egbé Okpá II, 2024.

Matthew Eguavoen, Egbé Okpá I, 2024.

“Ukhurhę”, l”exposition du travail de Matthew Eguavoen, est visible à la galerie Afikaris jusqu’au 27 avril 2024.