L’artiste Ai Weiwei voit ses expositions annulées après un tweet sur l’État d’Israël

L’artiste Ai Weiwei voit ses expositions annulées après un tweet sur l’État d’Israël

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© Horacio Villalobos/Corbis/Getty Images

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Par Donnia Ghezlane-Lala

Publié le , modifié le

"Si la liberté d’expression est limitée au même type d’opinions, elle devient un emprisonnement."

Il aura fallu un tweet pour que des projets entiers d’expositions s’effondrent. Tout a commencé avec la Lisson Gallery qui a décidé d’annuler son show consacré à Ai Weiwei suite à ses déclarations sur l’État d’Israël et l’aide des États-Unis. Cette exposition devait être inaugurée ce mercredi, à Londres. The Art Newspaper rapporte que le tweet posté par l’artiste en mandarin (et supprimé depuis) disait ceci : “La culpabilité liée à la persécution du peuple juif a parfois été transférée pour compenser celle que nous ne ressentons pas envers le monde arabe. Financièrement, culturellement et médiatiquement, la communauté juive a une présence significative aux États-Unis. L’aide annuelle de 3 milliards de dollars à l’État d’Israël est, depuis des décennies, présentée comme l’un des investissements les plus précieux jamais réalisés par les États-Unis. Ce partenariat est souvent décrit comme celui d’un destin partagé”.

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L’artiste chinois exilé a accusé la galerie d’avoir pris cette décision à cause de son tweet. Le communiqué de presse de la Lisson Gallery, consulté par Artnews, a justifié cette annulation par le fait que “ce n’était pas le bon moment pour présenter ses œuvres”. “Il n’y a pas de place pour un débat qui peut être qualifié d’antisémite ou d’islamophobe à une époque où tous les efforts devraient viser à mettre fin aux souffrances tragiques dans les territoires israéliens et palestiniens, ainsi que dans les communautés internationales. Ai Weiwei est bien connu pour son soutien à la liberté d’expression et pour sa défense des opprimés, et nous respectons et valorisons profondément notre relation de longue date avec lui.” À ce jour, il n’est pas clair si la galerie compte vraiment reprogrammer l’événement, tant les temps d’organisation d’expositions sont longs.

À cela, Ai Weiwei, fervent défenseur de la liberté d’expression, a exprimé sa déception : “Si la liberté d’expression est limitée au même type d’opinions, elle devient un emprisonnement pour l’expression. La liberté d’expression concerne des voix différentes, des voix différentes des nôtres. Pour faire simple, nous n’avons jamais vécu dans une société où la liberté d’expression est assurée, mais plutôt dans une société où la parole n’est pas valorisée ; le discours d’un individu n’est pas jugé important ou acceptable par les contrôleurs de la parole.” L’activiste a rajouté que ces décisions avaient été prises “pour éviter de nouveaux différends et pour [son] propre bien-être”, et qu’un simple tweet ne suffisait évidemment pas pour préciser toute la complexité de sa pensée sur l’État d’Israël et la Palestine. “J’ai tenté d’être objectif et neutre sans jugement moral, accusations ou évaluation des actions humaines.”

La Lisson Gallery a par la suite pris la décision d’annuler une autre exposition d’Ai Weiwei, cette fois-ci à New York, qui devait débuter le 5 mars 2024. Et comme un effet domino, The Art Newspaper révèle que deux autres expositions à Paris et Berlin (qui devaient ouvrir respectivement ce mois-ci et en juin 2024) ont été annulées, par une autre galerie, la Galerie Max Hetzler.

L’annulation de ces expositions et ces censures sont déplorables, certes, mais il ne faut pas oublier que le plus important est de garder les yeux rivés sur ce qu’il se passe à Gaza et en Cisjordanie. On vous invite à regarder le documentaire Human Flow, réalisé par Ai Weiwei en 2017, qui aborde la lutte palestinienne et l’occupation israélienne de la Palestine, et plus particulièrement de la bande Gaza. En attendant, ses autres expositions, au Kunsthal Rotterdam des Pays-Bas et à la Galerie Neugerriemschneider de Berlin, peuvent continuer, elles, d’exister.