Les 23 de 2023 : Lafleyne, l’étoile montante du R’n’B francophone

Les 23 de 2023 : Lafleyne, l’étoile montante du R’n’B francophone

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Par Yasmine Mady

Publié le , modifié le

"Ce qui m’inspire, c’est souvent des phases de tristesse ou de colère. Je peux difficilement écrire quand je vais bien."

Depuis plus de 15 ans, Konbini va à la rencontre des plus grandes stars et personnalités de la pop culture dans le monde entier, celles et ceux qui nous font rêver au quotidien à travers leur passion, leur détermination et leurs talents, afin de vous livrer tous leurs secrets.

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En 2023, la rédaction de Konbini a décidé de faire briller avant tout la jeunesse et la création francophones à travers 23 portraits de jeunes talents en pleine bourre, à suivre dès maintenant et dans les prochaines années. Des acteurs et actrices prometteur·se·s aux chanteur·se·s émergent·e·s, des chefs qui montent aux sportifs et sportives en pleine éclosion en passant par des artistes engagées de tout horizon, Konbini vous présente sa liste des 23 personnalités qui vont exploser en 2023.

La fiche d’identité de Lafleyne, chanteuse, 23 ans

  • Lieu de l’interview ? Dans les locaux de Konbini et plus précisément dans la salle “Jean Jullien” où on avait une vue sur Louane en plein podcast au Konbini Café.
  • Le meilleur moment de son année 2022 ? Sa première scène chez Soul Kitchen dans un petit bar. Cette première expérience l’a totalement motivée à poursuivre la scène.
  • Une personnalité qui l’inspire ? Bonnie Banane “parce que dans les personnalités féminines qui font de la musique, il n’y en a pas énormément qui sortent du lot comme elle le fait et dans les constantes de ce que j’écoute elle ressort beaucoup.”
  • La personne qui fera 2023 selon Lafleyne est… Kelz ! “C’est un artiste de New York qui a une voix atypique avec de très jolis morceaux.” Elle nous a recommandé d’écouter son titre “Sinner”.
  • Une phrase qui l’inspire particulièrement ? “Il n’y a que toi qui décides”. Ce sont des mots que l’artiste Tuerie du label Foufoune Palace lui a prononcés et qu’elle garde en résonance dans son parcours de jeune artiste.

“La musique a une grande place dans la culture malgache. Quand tu vas dans un culte malgache, les chants sont polyphoniques. C’est ça qui m’a sensibilisée à la musique.”

Portrait. Tous les quatre matins sur Twitter depuis quelques années, on a le droit à l’éternelle question “est-ce que le R’n’B est mort ?” accompagnée de tous les débats redondants qui vont avec. Dans ce chaos, il y a des artistes comme Lafleyne qui viennent adoucir nos cœurs, remettre les barres sur les T et la musique au premier plan.

À 23 ans, Lafleyne impressionne de par sa pluridisciplinarité et son grand amour pour la musique. Lorsqu’on discute avec elle, on ne peut qu’être happé par sa passion et sa culture. On le sent, elle aime creuser, découvrir et ça se retranscrit dans son parcours, dans sa manière de partager son art.

À chaque fois qu’elle sort un nouveau titre, on la redécouvre dans une nouvelle manière d’expérimenter son propre style, dans une nouvelle façon d’être elle-même. Lafleyne c’est de la pop, du R’n’B, plein d’autres inspirations mais surtout de la musique avant tout.

Ses deux parents étant d’origine malgache, le nom de scène “Lafleyne” provient de la prononciation de son prénom en malgache : Lalaina et de la consonance avec “la flemme”. “La flemme, la paresse. À la base, ce sont des substantifs qui me définissaient mais, avec la musique, j’ai appris à me battre contre ça parce que pour qu’un projet aboutisse, tu es obligée de prendre sur toi et de faire les trucs dans les temps. Quand j’ai décidé de sortir un single ou mon projet de trois titres, j’ai appris ce que c’était que de respecter des deadlines, de comprendre les enjeux de chaque personne impliquée dans mon travail et j’ai gagné une vision globale des choses.”

Pour Lafleyne, la musique c’est aussi une histoire de famille. Son père fait du piano, de la basse, de la guitare, du trombone et du saxophone. Sa grande sœur fait du piano, sa sœur de la harpe et sa mère a commencé le piano il y a peu.

Venant d’une famille protestante, depuis petite, Lafleyne a eu pour habitude de se rendre à l’église et là-bas, la musique a pris pour elle une dimension émotionnelle : “Quand tu vas dans un culte malgache, les chants sont polyphoniques (des mélodies faites de la superposition de plusieurs voix plutôt qu’une seule). Et même sans comprendre les paroles, la polyphonie touche vachement à l’émotionnel. Je pense que c’est ça qui m’a sensibilisée à la musique d’abord.”

Sa grande sœur, quant à elle, est dotée de l’oreille absolue. Cette dernière faisait des vidéos sur YouTube où elle reprenait à l’oreille des sons de rap ou d’électro au piano. “J’avais 10-11 ans et je trouvais ça très impressionnant”, nous a confié Lafleyne. Lorsque sa grande sœur a quitté la maison, Lafleyne a eu le piano pour elle toute seule et c’est pleine d’inspiration qu’elle a tenté de faire comme son aînée : “J’ai voulu faire comme elle donc j’ai cherché d’oreille des morceaux de rap, des samples…”.

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Avant la mise en mots, Lafleyne a donc commencé sa musique par la prod. Alors qu’elle a 19 ans, son père lui offre un AKAI MP3 mini, un petit clavier maître sur lequel elle va prendre ses marques, et comme toutes les légendes de la musique à leurs débuts, elle craquera également le logiciel FL Studio pour pouvoir faire ses productions.

Si elle a su bâtir une petite communauté autour de sa musique à travers le temps, les OG l’ont vu débuter avec des reprises d’artistes. Nous sommes entre 2018 et 2020 et Lafleyne chante les lyrics de Nekfeu, Krisy, Hamza, Aya Nakamura, Myth Syzer ou encore Julien Doré sur ses compositions originales et se fait remarquer sur les réseaux sociaux.

“J’ai commencé à faire des compos pour trouver des sonorités assez cool. Je n’avais pas de texte à poser au début donc je faisais des reprises avec mes prods.”

Au fil du temps, elle a trouvé les mots, les siens, et désormais, elle écrit tous ses textes. Pour la jeune artiste, écrire c’est aussi transformer sa tristesse et sa colère en chanson et rendre tout cela un peu plus intemporel.

“Ce qui m’inspire, c’est souvent des phases de tristesse ou de colère. Je peux difficilement écrire quand je vais bien ou alors c’est un titre qui ne va pas très bien vieillir par rapport aux autres. Je trouve qu’on ressent mieux la sincérité dans les titres qui sont colériques et tristes.”

L’intention et la passion que Lafleyne met dans son processus musical sont le cœur du “pourquoi” elle est une artiste nécessaire dans le paysage musical francophone. Sur ses réseaux sociaux, depuis quelques années, on la voit s’essayer. Tantôt au piano, tantôt au ukulélé, tantôt à l’AKAI mini, tantôt a cappella. La suivre, c’est la voir grandir en même temps que son art. La suivre, c’est être plongé dans sa bulle qu’elle nous partage ici et là, en toute authenticité et vulnérabilité.

Dans “NANA”, le tout premier titre qu’elle a sorti sur les plateformes de streaming, on ressent cette singularité et cette vulnérabilité. C’est une chanson spéciale. Ça ne ressemble à rien de ce qu’on a l’habitude d’entendre et, en même temps, c’est si familier. “NANA”, c’est l’histoire d’une adolescente qui devient une jeune femme, qui “en a assez et qui veut grandir”. L’histoire de la “poupée, le bébé, le poupon, le trésor de papa” qui “ne l’entend jamais pleurer la nuit”, pour reprendre les paroles du titre.

“J’ai écrit ‘NANA’ sur une période assez longue, j’écrivais des petits bouts de phrases, des paragraphes de trucs sur ma vie qui m’embêtaient. Par exemple, comment j’étais vue par les gens qui m’entouraient, comment je voulais qu’on me voie. En plus, je sortais du lycée, j’entrais en études supérieures donc, en vrai, ta vie change beaucoup à ce moment-là.”

On a eu la chance d’assister à une scène de Lafleyne lors du Shimmy Fest en été 2022. Au moment de jouer “NANA”, la jeune interprète était très émue. “J’étais très émue car c’était la première fois que je le faisais en live et c’était la première fois que je voyais la réaction des gens sur un morceau comme celui-là. Ça m’a fait bizarre parce que c’est un morceau que je ne chante vraiment jamais. Je l’ai enregistré, sorti et je ne l’ai plus jamais chanté. C’était émouvant de voir qu’il parlait à autant de personnes devant mes yeux.”

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Aujourd’hui “Nana” a grandi, et sa manière de créer aussi. Si elle devait choisir deux sons à faire écouter à quelqu’un qui souhaite la découvrir, ça serait “Bye” et “Rappelle”. Deux titres qui font partie de Flash, un projet en trois titres, qu’elle a sorti en octobre dernier et dans lequel elle expérimente une nouvelle façon de construire un morceau, en incluant davantage la réflexion du texte.

“J’ai changé ma façon de travailler mes titres sur ces sons-là. C’est un bon moyen de découvrir le travail que je suis capable de faire.”

Pour 2023, Lafleyne se souhaite de s’épanouir et de faire des trucs qui lui plaisent. Elle nous a également soufflé dans l’oreillette qu’elle nous préparait quelques surprises dans les mois à venir. En attendant, elle nous a offert un avant-goût de ce qui allait nous attendre cette année : c’est “Big Fleyni dans les crédits”. Eh non, le R’n’B n’est pas mort, streamez Lafleyne.

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Les recos de Lafleyne

  • Une série : Atlanta, créée par Donald Glover.
  • Un film : Her, réalisé par Spike Jonze avec Joaquin Phoenix et Amy Adams.
  • Un album : 19 MASTERS, de Saya Gray.

Vous pouvez retrouver Lafleyne sur son compte Instagram et écouter sa musique en streaming.