Laaa la la la lalaalaaa fabuleuse histoire de la célèbre pochette d’album des Beatles, Abbey Road

Laaa la la la lalaalaaa fabuleuse histoire de la célèbre pochette d’album des Beatles, Abbey Road

Image :

© Iain MacMillan/The Beatles

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Par Donnia Ghezlane-Lala

Publié le

La pochette du plus célèbre des albums au monde fête ses 54 ans aujourd’hui.

Derrière cette image de John Lennon, Ringo Starr, Paul McCartney et George Harrison traversant le passage piéton de la célèbre Abbey Road, on oublie souvent ce nom : Iain MacMillan, photographe qui a marqué l’histoire de la musique en créant l’une des pochettes d’albums les plus connues au monde. C’est dans le quartier de St. John’s Wood, dans le Nord-Ouest de Londres, en face des studios où ont été enregistrés cet album et les précédents, que s’est écrite cette légende. Aujourd’hui, cette légende, devenue une attraction touristique, fête ses 54 ans car la photographie a été prise le 8 août 1969, depuis un escabeau, à 10 heures du matin, en dix minutes top chrono, soit un mois avant la sortie officielle de l’album.

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John Lennon mène la danse, en tenue virginale, suivi de près par Ringo Starr puis Paul McCartney, qui fume et marche pieds nus d’un autre pas que les autres. La posture de Paul McCartney a nourri une théorie du complot des plus farfelues : on le pensait mort et remplacé par un sosie puisqu’il était gaucher mais tenait ici sa cigarette de la main droite. Pour finir le cortège, George Harrison dans un look total jeans, qui tranche avec les costards Tommy Nutter de ses collègues. Sur la pochette originale, aucune inscription ne figure en couverture : le titre de l’album et le nom du groupe sont écrits au dos. L’histoire raconte que le titre, Abbey Road, viendrait de l’esprit de Paul ou de Ringo – même s’il était question un temps de le nommer Everest pour rendre hommage aux cigarettes que fumait Geoff Emerick, leur ingénieur du son, et de faire poser le groupe au pied de l’Himalaya…

Couverture d’Abbey Road, des Beatles. (© Iain MacMillan)

Il était donc tout naturel pour eux de réaliser leur couverture dans cette rue, au croisement entre Abbey Road et Grove End Road, à partir d’une esquisse dessinée en amont par Paul McCartney. Il suffisait simplement de traverser la rue pour créer une image iconique. “Je me souviens qu’on a demandé à un policier de bloquer la circulation pendant que j’étais sur l’escabeau, à prendre les photos. J’ai pris une série de clichés des Beatles en train de traverser dans un sens. On a laissé quelques voitures passer, et puis je les ai photographiés pendant qu’ils traversaient dans l’autre sens. La photo qui a été finalement choisie était la cinquième, sur six prises. C’était la seule où leurs jambes formaient un V parfait, ce que je voulais pour l’esthétique”, retrace pour le Guardian Iain MacMillan. Ce dernier a collaboré avec le graphiste John Kosh pour la composition de cette œuvre.

Un détail dans leur mouvement a toutefois son importance : les Beatles tournent le dos aux studios, comme une prémonition de l’annonce du départ de Lennon six jours avant la sortie de l’album. Un autre détail fait sourire : sous les arbres, à droite de la photo, la silhouette d’un touriste états-unien apparaît. Il a été entre-temps identifié, il s’agit d’un certain Paul Cole qui se trouvait là car il ne voulait plus s’enfermer dans des musées, mais respirer le bon air londonien de ce coin cossu.

Sur la pochette, on le voit discutailler avec le policier assis dans son van, qui gérait la circulation ce jour-là. Il ne se doutait évidemment pas de ce qui se tramait sous ses yeux : quelle ne fut pas sa surprise quand il se découvrit dans l’ombre, des mois plus tard ! Outre le touriste, un objet, ou plutôt un véhicule, a été rendu célèbre grâce à cette image : la Volkswagen Beetle 1968 blanche, modèle 1 500, à gauche. Appartenant à un résidant du quartier, elle est désormais exposée au Stiftung AutoMuseum à Wolfsbourg en Allemagne, comme une œuvre d’art.

Le mur de briques indiquant cette rue classée monument public depuis 2010 – figurant au dos de la pochette – fut détruit dans les années 1970 tandis que le panneau affichant le nom de la rue plus loin fut retiré en 2007, car des fans déchaîné·e·s ne cessaient de le décrocher. À la place, la municipalité a coulé dans le béton les différentes signalétiques pour éviter tout vol, et a profité de la pandémie pour repeindre le zébra. Il est aussi possible d’admirer le passage piéton en ligne, filmé en direct par une caméra de surveillance. Mort en 2006 des suites d’un cancer, le photographe Iain MacMillan laisse derrière lui une image qui a traversé les époques, parodiée des milliers de fois et utilisée en référence de nombreuses autres.