Dans son exposition “Beirut ma bet mout/Beyrouth ne meurt jamais” (qui est aussi le titre d’un de ses morceaux), Yuksek dévoile un projet réalisé à Beyrouth, en hommage à la force du peuple libanais, aux victimes et survivant·e·s des drames qui ont récemment frappé la capitale, comme la double explosion survenue au port, le 4 août 2020. Depuis quelques années, le musicien, connu pour ses créations musicales électroniques et cinématographiques, s’est mis à la photographie : “C’est la photo qui m’a poussé à sortir de chez moi. Elle m’a aidé à réapprivoiser le monde à une époque où l’extérieur me semblait hostile”, confie-t-il.
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Du 21 septembre au 12 octobre 2024, ses diptyques capturés à l’argentique seront exposés à la Chapelle des Andrettes, dans le cadre de la biennale d’Aix-en-Provence. Ces images doubles “soulignent les contrastes entre destruction et renouveau, ombre et lumière, reflétant la dualité du quotidien au Liban”, rapporte l’auteur Erwan Desplanques à propos des photos de Yuksek, dans lesquelles “les ailes d’un ange surgissent derrière une grille, un immeuble éventré [apparaît] à côté d’oiseaux en cages, trois corbillards [font] face à trois baigneurs”.
Beirut ma bet mout. (© Yuksek)
“Il a atterri à Beyrouth le 7 octobre 2023, jour des attentats du Hamas en Israël, entamant dans ce climat explosif une traversée, non du désert mais d’un miroir (fêlé), sillonnant le pays à bord d’une Dacia de location dans l’espoir de ‘se perdre le plus possible’. De Gemmayzé aux quartiers arméniens, de Baalbek aux stations balnéaires décaties du littoral, Yuksek archive ce qui résiste aux assauts et survit à la désillusion. Il travaille à la lisière, capte depuis l’habitacle ce qui résonne avec sa mélancolie, raconte les fêtes et les guerres achevées.
Partout, des kilomètres de câbles, de parapets, de terrains vagues, de guérites, on peut se demander comment ça tient, à quoi ça tient : les lampadaires penchent, tout semble bancal, les échafaudages comme les façades, mais le miracle du Liban est de tenir debout. […] Yuksek met de l’ordre dans le désaxé, répare le monde par son intuition du cadrage, qui alterne les vides et les pleins, un sens du rythme et de la cassure. Souvent, il faut se rapprocher, chercher l’énigme ou l’indice, épingler l’infime trace d’humour parmi les vestiges”, analyse l’auteur qui a coécrit le livre de l’exposition.
L’artiste puise dans ses allers-retours fréquents entre la France et le Liban, où il livre depuis plus de quinze ans des performances dans des clubs de la capitale. Cette série est un hommage vibrant à cette ville aux multiples facettes, et raconte les “histoires de survie et d’espérance” de ses habitant·e·s.
Beirut ma bet mout. (© Yuksek)
Beirut ma bet mout. (© Yuksek)
Beirut ma bet mout. (© Yuksek)
Beirut ma bet mout. (© Yuksek)
Beirut ma bet mout. (© Yuksek)
Beirut ma bet mout. (© Yuksek)
Beirut ma bet mout. (© Yuksek)
Beirut ma bet mout. (© Yuksek)
Beirut ma bet mout. (© Yuksek)
Beirut ma bet mout. (© Yuksek)
Beirut ma bet mout. (© Yuksek)
Beirut ma bet mout. (© Yuksek)
Beirut ma bet mout. (© Yuksek)
En plus de l’exposition à la Chapelle des Andrettes, du 21 septembre au 12 octobre 2024, cette série photographique fait aussi l’objet d’un beau livre éponyme publié aux éditions Le Bec en l’air/Harmonia Mundi.