La comédie loufoque Louis 28 racontée par ses créateurs : “C’était drôle pour nous de ridiculiser la monarchie française”

La comédie loufoque Louis 28 racontée par ses créateurs : “C’était drôle pour nous de ridiculiser la monarchie française”

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Par Delphine Rivet

Publié le

Cette farce uchronique diffusée sur France.tv Slash, on la doit à un duo de scénaristes très inspiré qui nous avait déjà régalés avec le programme Tutotal et la série Toutouyoutou.

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Ils sont un peu comme cul et chemise, Maxime Donzel et Géraldine de Margerie : un humour et des références communes, un brin de décalage et un certain souci du détail. Le duo derrière Tutotal, un programme diffusé sur Arte (et toujours disponible sur YouTube !) qui détournait des vidéos tutorielles pour faire des critiques de films, s’est notamment illustré l’an passé en imaginant l’excellente (et trop confidentielle) Toutouyoutou, dont la saison 1 est sur OCS. Cette fois-ci, c’est sur le service public qu’ils sévissent, avec une comédie intitulée Louis 28.

L’idée de départ – ce que serait la France aujourd’hui si la Révolution avait floppé et si la monarchie était toujours en place – est aussi drôle que maligne. La série suit un ado benêt du nom de Cédric dont on découvre qu’il est le seul héritier du trône. Intrigues de cour et vannes qui fusent entre deux manigances, Louis 28, derrière ses airs de comédie potache (assumée !), est plus fine et mordante qu’elle n’y paraît.

Alors, quand il a fallu donner rendez-vous à Maxime Donzel et Géraldine de Margerie pour en discuter, ce n’est pas sous les ors de Versailles qu’on a voulu les rencontrer mais là où le peuple de France se réunit chaque jour pour cracher son dégoût du pouvoir en place et fomenter la révolte : un café parisien tout ce qu’il y a de plus typique.

Konbini ⎥ Pourquoi cette idée d’écrire une comédie uchronique où la monarchie est toujours en place ?

Maxime Donzel ⎥ Ce qui est intéressant avec la monarchie, c’est que c’est un système politique dans lequel le pouvoir suprême repose sur une personne pour la simple raison qu’elle est le rejeton de quelqu’un. C’est quand même absurde ! Donc c’est forcément une source de comédie. Dans le cadre d’une uchronie où on peut changer l’Histoire, on peut imaginer ce qu’on veut. Surtout dans un cadre français où la monarchie était de droit divin, tous les pouvoirs étaient concentrés sur le roi.

Géraldine de Margerie ⎥ Et quand on a imaginé l’uchronie, on s’est dit : c’est vrai que la grande fierté de la France, c’est la Révolution française, mais les privilèges sont toujours en place. Et c’était un moment où on parlait beaucoup de Macron comme d’un roi jupitérien, ou de l’endogamie dans le milieu du cinéma avec tous les “fils et filles de”. Tout ça, c’était une matière hyper inspirante pour une comédie, pour une satire politique qui reste de l’ordre de la farce.

Maxime Donzel ⎥ C’est assez fun d’aller piocher dans les traditions de l’époque, comme quand le roi, dont on croyait qu’il avait un pouvoir divin, allait toucher les malades et du coup, souvent, il tombait lui-même malade. Il y a des rois qui sont morts comme ça ! C’était drôle pour nous de ridiculiser un peu cette monarchie française.

Quelles sont les séries ou les films qui vous ont influencés ?

Maxime Donzel ⎥ Moi je suis assez fan du travail de Sharon Horgan, en particulier sa première série Pulling. C’est un chef-d’œuvre. On est très comédies américaines sinon, Parks and Recreation ou 30 Rock, surtout pour ce rythme caractéristique. Tina Fey se risque à des blagues qui ne vont pas être comprises par tout le monde, mais elle mitraille. J’admire ça.

Géraldine de Margerie ⎥ Moi j’adore aussi Palais royal ! C’est un plaisir aussi de jouer avec des codes français.

Maxime Donzel ⎥ Et j’ajouterais qu’on a vraiment voulu instiller une dose d’humour “camp”, et pour moi, la référence en la matière, c’est The Golden Girls [Les Craquantes en VF, ndlr].

Géraldine de Margerie ⎥ En France, à quelques exceptions près comme H ou Parlement, la comédie a souvent une dimension un peu “auteur”, genre OVNI(s). C’est parfois dans la retenue ou en sous-texte, ce qui est super, mais nous, pour Slash, on devait s’adresser aux ados. Il a fallu sortir l’artillerie lourde… tout en gardant des moments moins évidents.

Maxime Donzel ⎥ Oui, parce que le piège, ce serait de ne faire qu’une série de sketchs. C’était important pour nous d’avoir des personnages auxquels on s’attache, des rebondissements, une vraie histoire qui avance. C’est un équilibre compliqué à trouver.

Une série pour les ados, certes, mais il y a aussi quelques vannes et références que seuls les trentenaires (ou quadra) pourront comprendre !

Maxime Donzel ⎥ C’est vrai qu’on voulait quand même faire une série assez transversale. On a en fait deux personnages principaux : Cédric [incarné par Nils Othenin-Girard, ndlr] et sa mère Samia [interprétée par Nadia Roz, ndlr]. On a donc essayé de faire quelque chose qui faisait sens pour ces deux personnes-là. On a aussi mis une scène où un des gardes se retourne en entendant le son d’une notif Grindr. Bon, ben là, clairement, seuls les gays vont comprendre. Mais on a tenté parce qu’on était au bon endroit. On n’aurait probablement pas pu le faire sur une série de TF1, donc autant en profiter. France.tv Slash, ça reste aussi une sorte de laboratoire, et on nous laisse beaucoup de liberté pour créer.

Géraldine de Margerie ⎥ Là où ils nous ont fait des remarques, c’était pour des expressions qu’on croyait “de jeunes” alors que ça ne se disait plus. Bon, là, on s’est dit qu’on était vieux. Moi, c’est comme ça que j’ai découvert le mot “dinguerie”. J’avais jamais entendu ça avant et maintenant, tout est une dinguerie.

On voit assez rapidement émerger deux personnages secondaires, La Pompa (Marie-France Alvarez) et La Vipère (Brice Michelini), qui pourraient presque avoir leur propre spin-off !

Maxime Donzel ⎥ C’est l’un des éléments qui a convaincu France.tv Slash. Ce duo, ç’a été une évidence : leur nom, leur personnalité. On avait très envie de ça.

Géraldine de Margerie ⎥ Et puis on adorait leur côté moderne par rapport au reste de la cour. Ils s’occupent de la com’, ils sont chargés de redorer l’image de la monarchie, donc forcément, c’est un point de rencontre hyper drôle. Et ça nous permet aussi ce petit pas de côté, une façon de briser le quatrième mur. Ils sont dans le registre de la vanne un peu méchante, un peu bitchy. Ils sont piquants, ils parlent de cul, bref, on a adoré les écrire. Dans un sens, ils nous ressemblent, c’est proche de notre humour Tutotal. La Pompa et La Vipère, c’est nous en pire.

Est-ce qu’on peut espérer une saison 2 de Louis 28 ?

Maxime Donzel ⎥ On attend encore le feu vert, mais on a déjà un peu pris les devants : on a les synopsis de la saison 2. Si les lecteur·rice·s de Konbini ont aimé Louis 28 et veulent connaître la suite, il faut qu’ils écrivent à Slash pour demander une saison 2 !

La première saison de Louis 28, ses dix épisodes d’une vingtaine de minutes, et les bonus de La Pompa et La Vipère sont disponibles gratuitement sur France.tv Slash.

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