Kendrick Lamar et ses différents alter ego

Kendrick Lamar et ses différents alter ego

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Par Yasmine Mady

Publié le

De K.Dot à Kung Fu Kenny jusqu’à désormais Oklama !

Après cinq albums encensés par la critique et cinq ans d’absence, Kendrick Lamar sera enfin de retour vendredi 13 mai avec un nouvel album intitulé Mr. Morale & the Big Steppers, et c’est sûrement l’un des albums les plus attendus de cette décennie. Un nouveau single, “The Heart Part 5”, vient de sortir en totale synchronisation avec le sujet que nous allons aborder dans cet article.

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Pour l’occasion (et pour nous aider à tenir pendant cette attente insoutenable), on revient sur quelques-uns des nombreux surnoms ou alter ego de Kendrick Lamar : de K.Dot à Kung Fu Kenny jusqu’au tout dernier, Oklama, encore très mystérieux mais qui semble se dévoiler peu à peu… 

#1. K.Dot : les prémices

Avant de signer ses albums “Kendrick Lamar”, le rappeur originaire de Compton a sorti quatre mixtapes sous le blaze de “K.Dot”. C’est dans un son titré “Kendrick Lamar”, issu d’une mixtape sortie en 2009, qu’il deviendra officiellement Kendrick Lamar. Il expliquera dans ce titre : “No more K.Dot, my mother had named me Kendrick, Fuck a stage name”, soit, en français : “K. Dot, c’est fini, ma mère m’a appelé Kendrick, f*ck les noms de scène.”

Il avait également exprimé en 2011, auprès d’Hard Knock TV : “Changer de nom, c’était une manière pour moi d’évoluer. Je veux que les gens sachent qui je suis en tant que personne et ce que je représente.” C’est paradoxalement en devenant totalement lui-même artistiquement qu’il a ouvert la porte à la possibilité de créer de multiples alter ego et personnages.

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#2. Good Kid : vers le couronnement

C’est dans cette même mixtape de 2009 que Kendrick nous donnera un premier avant-goût de l’un de ses alias les plus emblématiques de sa carrière : Good Kid. Dans “Celebration”, il rappait déjà : “Good kid, mad city evil in my heart.” Trois ans plus tard, en 2012, il sortira le projet qui le propulsera au rang de GOAT (“greatest of all time”) sur la scène internationale : Good Kid, M.A.A.D City.

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Avant d’être Kendrick Lamar, il est d’abord le “Good Kid” de Compton et, à travers ses projets, il a toujours mis un point d’honneur à représenter cette réalité. Good Kid, M.A.A.D City est un projet autobiographique qui dessine les contours de son adolescence. Il y raconte comment l’environnement dans lequel il a grandi a façonné ce qu’il est devenu aujourd’hui : le “King”.

Dans le titre “Compton” du même album, K.Dot fera d’ailleurs pour la première fois référence à lui-même comme étant le Roi. Dès le premier couplet, il annonce la couleur : “This is King Kendrick Lamar. King Kendrick and I meant it.” Traduction : “C’est Roi Kendrick Lamar. Roi Kendrick et j’insiste.”

Ce titre est d’autant plus emblématique car il est en featuring avec Dr. Dre, l’une des légendes du rap. C’est comme si on assistait à une passation de pouvoir. Un cap est passé dans la carrière de Kendrick, il est désormais couronné.

#3. King Kunta : la naissance d’un roi

Dans l’album To Pimp a Butterfly, sorti en 2015, quelques titres sont des hymnes à la liberté, comme l’emblématique “Alright”, dont le refrain est aujourd’hui scandé dans toutes les manifestations Black Lives Matter aux États-Unis, ou encore “i”, un hymne au self-love. Dans cette même intention, Kendrick incarnera dans ce projet “King Kunta” le temps d’un titre.

King Kunta est une référence à Roots, une mini-série américaine basée sur le roman d’Alex Haley, qui a pour personnage principal Kunta Kinte, un jeune homme qui a été réduit en esclavage mais qui s’est toujours battu pour la liberté, jusqu’à se voir couper une jambe pour avoir, d’une part, refusé le prénom de “Toby” que voulait lui imposer son “maître” et, d’autre part, tenté de s’évader quatre fois.

Entre Good Kid, M.A.A.D City et To Pimp a Butterfly, Kendrick Lamar a effectué un voyage en Afrique du Sud qui l’a beaucoup inspiré. Entre autres, la visite de la cellule de Nelson Mandela. La libération noire est donc un sujet central de cet album et de ce titre.

#4. Kung Fu Kenny : L’Art de la guerre

Après nous avoir présenté Cornrow Kenny, en 2016, dans la deuxième track de son album compilation Untitled Unmastered, Kendrick Lamar est devenu Kung Fu Kenny en 2017 avec la sortie de son dernier album en date, Damn.

Tout au long de ce projet, Kenny nous plonge dans un univers esthétique très inspiré des “Kung-Fu comédies”, et ce notamment pendant sa tournée. Pendant le Damn Tour et pour Coachella en 2017, Kendrick a offert à ses fans une expérience cinématographique avec un court-métrage en trois parties intitulé The Damn Legend of Kung Fu Kenny.

En 2017, dans une interview accordée à Pitchfork, l’acteur Don Cheadle a révélé que Kung Fu Kenny était inspiré du personnage Kenny qu’il interprète dans le film Rush Hour 2 :

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Lors d’un entretien au ComplexCon de 2017, Kendrick a lui expliqué qu’il voyait Kung Fu Kenny “comme un maître dans sa discipline”, en comparaison avec K.Dot, qui était “comme un échauffement” pour ses capacités et techniques d’écriture.

On constate que chaque alter ego que Kendrick Lamar emprunte va de pair avec son évolution en tant que personne et en tant qu’artiste. On part d’un K.Dot peu sûr de lui, devenu Kendrick Lamar, le prénom que lui a donné sa mère, jusqu’à pouvoir devenir qui il veut, tant il se connaît.

Il a déclaré dans cette même interview : “Maintenant, j’ai la capacité de faire des chansons avec toutes les techniques nécessaires, en ayant un esprit organisé pour créer la musique.”

#5. Oklama : la personnification de tous ses personnages ?

Après cinq ans d’absence, Kendrick Lamar semble être en train de bâtir un nouveau personnage sous l’étiquette de “Oklama”. C’est sous ce nom que Kendrick a fait une première apparition en août dernier dans le clip “Family Ties”, en featuring avec son neveu Baby Keem. Dans la scène de crédits, on peut lire “en vedette” : Baby Keem, Normani et… Oklama.

C’est également le nom du site que Kendrick utilise pour distiller peu à peu les informations sur son prochain album. Sur oklama.com figurent actuellement trois fichiers. L’un d’eux est intitulé “nu thoughts” et comprend une lettre qui date d’août 2021. Dans celle-ci, Kendrick Lamar avait brisé le silence pour la première fois depuis plusieurs années et expliqué qu’il avait passé des mois sans téléphone, en quête de silence, et qu’il allait revenir très vite.

Dans la nuit du dimanche au lundi 9 mai, coup de théâtre, Kendrick Lamar dévoile “The Heart Part 5”. Cinquième partie de la pentalogie des “The Heart”, dont la première est sortie en 2010. Le single est accompagné d’un clip dirigé par Dave Free et lui-même, sur un sample de Marvin Gaye.

On y voit Kendrick Lamar se métamorphoser en plusieurs figures masculines africaines-américaines : Kanye West, Will Smith, Nipsey Hussle, Kobe Bryant, Jussie Smollett et O. J. Simpson. Plus qu’une simple transformation visuelle, Kendrick va incarner chacun de ces personnages en écrivant depuis leur perspective.

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C’est la première apparition en solo du rappeur depuis plusieurs années et le clip est introduit par une citation d’Oklama qui dit : “I am. All of us.” “Je suis chacun d’entre nous”, en français.

Et si Oklama était finalement la personnification de tous ses alter ego, rendant hommage à toutes les inspirations et l’histoire qui ont fait de Kendrick Lamar ce qu’il est ? En tout cas, dans “The Heart Part 5”, Oklama exprime : “Everything is everything, this ain’t coincidental”, qui signifie : “Ceci n’est pas une coïncidence. Tout n’est qu’une seule chose.”

À quelques jours de la sortie de Mr. Morale & the Big Steppers, cinquième album studio de l’artiste métamorphe, on peut affirmer qu’on est très loin d’être au bout de nos surprises. Encore un peu de patience…