Jolagreen23, l’étoile de Bois-Colombes qui rappe jusqu’à vider le barillet

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Jolagreen23, l’étoile de Bois-Colombes qui rappe jusqu’à vider le barillet

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© Jolagreen23 par Adrien Antoine

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Par Simon Dangien

Publié le

Jolagreen23, rappeur de 22 ans, a vu sa jeune carrière prendre un tournant en 2023. Entre travail et talent, JO' est un des espoirs du rap français actuel.

Depuis quinze ans, on reçoit des artistes et personnalités mondialement connu·e·s de la pop culture, mais on a aussi à cœur de spotter les talents émergents dont les médias ne parlent pas encore.

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En 2024, après une première édition des Talents of tomorrow, on repart en quête de la relève. La rédaction de Konbini vous propose une série de portraits sur les étoiles de demain, qui vont exploser cette année. Des personnalités jeunes et francophones qu’on vous invite à suivre et soutenir dès maintenant.

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Portrait. Il n’a fait que très peu d’interviews depuis le début de sa jeune carrière. Pour autant, en 2023, Jolagreen23 a été l’un des rappeurs les plus productifs, dévoilant entre autres trois très bons projets en un an seulement : 23, 888823, en commun avec le producteur Kosei, et RECHERCHE ET DESTRUCTION il y a quelques semaines. “On ne pensait pas qu’on allait sortir 3 projets en 1 an”, nous confie le rappeur de 22 ans qui a stoppé son BTS Commerce International une semaine seulement avant la sortie de son premier six titres en mars. “Il fallait sauter dans le truc et voir ce que ça donne”.

Jolagreen23, du diminutif de son prénom Jorghen, associé à “green” pour le vert de la chance et à son nombre porte-bonheur – le numéro du “main character au basket, celui qui tient l’équipe en bien” nous précise l’artiste – est un adepte de numérologie et de basket-ball. Un sport qu’il cite souvent dans ses morceaux, multipliant les références qui viennent s’agréger à celles de la pop culture. S’il continue d’exercer ce sport pour “garder le rythme” entre les nombreuses séances studios, JO’ définit sa vie comme celle “d’un petit jeune de Paname”. Un citadin de la capitale très attendu dans le rap français en 2024 mais qui, vous le constaterez au cours de ce portrait, ne s’enflamme pas : “Je préfère ne pas me dire qu’on attend des choses de moi. Pour l’instant, je suis vraiment en mode tout droit, focus, ce n’est encore que le début.”

“Il y a des steps qu’on a passés, des portes qu’on a ouvertes, ça ne s’est pas fait du jour au lendemain”

Aidé par une redoutable passion et un talent non dissimulé, Jolagreen23 a réussi à imposer sa patte ultra-reconnaissable et capter l’attention du public. Entre des flows techniques et saccadés, une voix sombre et hypnotique et un univers qu’il a réussi à étoffer avec le temps, le rappeur sait se démarquer musicalement. Pour JO’, ses origines congolaises l’ont évidemment aidé. “Il y a quelque chose de culturel, c’est le fait d’être africain”, nous confie-t-il. Choisir “la voie qu’il fallait pour devenir l’king”, comme il le rappe dans “MAYBACH F.L.O”, c’était une évidence depuis toujours. “J’aurais pu naître au Sri Lanka ou au Bangladesh, je pense que dans tous les cas, j’aurais fait du son.

Le rappeur de Bois-Colombes est maintenant signé en coproduction avec le label Blue Sky, et bien entouré. “On a ce qu’il faut pour le combat” glisse-t-il, sourire aux lèvres. Mais avant cette signature, “il y a des steps qu’on a passés, des portes qu’on a ouvertes, ça ne s’est pas fait du jour au lendemain”. Encore à l’école, Jolagreen23 démarre le son avec ses potes sans aucune autre ambition que le “délire”. Un couplet en featuring par-ci, un “son solo de 40 secondes” par-là, il se rappelle que c’est moment de la Covid-19 que les choses s’accélèrent. L’impossibilité de se rendre en studio oblige JO’ et son équipe à trouver une solution, qui s’appellera Le Bendo.

Pendant une année dans ce lieu, transformé en home-studio totalement autofinancé, le rappeur travaillera ses premiers vrais sons solo. “Charbon tous les jours, on s’enregistrait nous-même, on taffait tout sur le tas, c’était cool.” Et si Le Bendo a été un vrai tournant, le rappeur se rappelle que c’est au moment des morceaux “RONDO9” et “GOBI” sortis en septembre et octobre 2022 que “ça commence à être vraiment sérieux”.

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“Quand j’étais petit, je pensais que j’allais pouvoir sauver tout le monde”

“J’déboule en treillis vert kaki” prévient Jolagreen23 dans “12HEURES MINUIT”, l’introduction de son nouveau projet. Avant de chanter sous un divin autotune “J’dois sauver la population”. L’ambivalence du rappeur va de pair avec celle qui définit la guerre, omniprésente dans l’univers de Jolagreen23 : “J’ai grandi avec des visuels, des documentaires, la guerre c’est un thème qui m’a touché. Quand j’étais petit, je pensais que j’allais pouvoir sauver tout le monde, j’étais vraiment matrixé. Mais j’ai compris que ça ne serait pas possible. Et ça se retranscrit dans mes textes, comme tout ce que j’apprends.”

Visibles dans certains titres de morceaux et dans beaucoup de ses gimmicks et textes comme dans “727BOEING” (clip par ailleurs très important, qui lui aura permis d’augmenter nettement sa visibilité), c’est au sein d’un projet commun avec Kosei, 888823, que cette quête et ce rapport à la guerre se font plus frontaux, violents, pouvant le rapprocher de ce que certains appellent la Warfare Music. Jolagreen23 nous parle de Femtogo, d’amne, principaux représentants du genre, qu’il apprécie et qu’il voit plus comme une “milice privée, nettement plus deep, profonds”, que ce qu’il propose lui musicalement. La mixtape qui suit 888823 apportera d’ailleurs une ouverture artistique à Jolagreen23 qui s’éloigne globalement de cette proposition guerrière.

Si Jorghen est donc désormais à peu près certain qu’il ne pourra pas sauver le monde, on sait de source sûre que Bois-Colombes, sa ville, sera tout en haut de la liste de ceux qu’il sauvera en premier. Durant l’interview, le rappeur évoque de nombreuses fois ce lieu, comme lié à lui, à ce qu’il représente et aux personnes qu’il y côtoie. JO’ évoque “l’aura familiale” qu’il a toujours sentie et qui a nourri sa créativité et sa détermination durant les différentes étapes de sa carrière.

Lorsqu’on on lui parle de ses inspirations, le rappeur nous fait comprendre que c’est vers son entourage qu’il se tourne, “je n’ai pas forcément d’énormes inspirations, j’écoute mes gars moi, j’écoute KBBSKY, j’écoute 410, Mitch […] Bois-Colombes prend un tournant artistique vraiment très intéressant. Je pense que dans 3-4 ans, quelque chose aura été fait dans cette ville, en tout cas moi j’y crois vraiment.” Il n’est d’ailleurs pas le seul à le croire puisque déjà l’année dernière nous recevions Kerchak pour la première édition des Talents of tomorrow, rappeur lui aussi originaire de Bois-Colombes.

“J’adore prendre des risques, sortir des trucs que personne n’attend, c’est une grande satisfaction”

Fin 2023, Jolagreen23 parachève donc sa fantastique année avec une mixtape de 12 titres, son plus long projet à l’heure actuelle, et le plus abouti pour le rappeur : “en vrai, c’est un step up de ouf”. Le premier single “GANGTAKA” balancé quelques semaines auparavant annonçait l’arrivée imminente d’un nouveau palier nommé RECHERCHE ET DESTRUCTION. Sa proposition évolue et JO’ se dévoile peu à peu dans ses textes.

Un “trajet logique à prendre” pour lui, qui a pu laisser parler tout son potentiel grâce à un niveau de production de haute volée : “J’adore prendre des risques, sortir des trucs que personne n’attend, c’est une grande satisfaction. Je n’aime pas rester sur les mêmes choses trop longtemps.” Si vous voulez de la prise de risque, on vous conseille particulièrement “DESPERATE BRIKLIFE…” ou encore “MAYBACH F.L.O”. Jolagreen23 se balade donc entre plusieurs styles sans jamais vouloir vraiment s’affilier. Car “Jolagreen fait du Jolagreen”.

© worldwidezem/Konbini

Sa montée en puissance, le rappeur de Bois-Colombes ne compte pas l’arrêter en 2024. Une des têtes les plus prisées du rap français actuel veut dorénavant plus se pencher sur la scène, “faire voyager ma musique”. On peut donc espérer voir Jolagreen23 débarquer dans toute la France pour livrer ses prestations scéniques d’un rare niveau. Présent chaque mois de l’année précédente, que ce soit via ses projets, en featuring, comme avec Skefre sur “TG MILLIAN”, en freestyle récemment avec Le Règlement ou via des compilations, il sera intéressant d’observer si JO’ va maintenir son allure folle en 2024.

Pour lui, le naturel l’emportera toujours sur le calcul des sorties et ce n’est pas pour déplaire à ses auditeurs : “J’ai tellement de morceaux, on bosse tellement. C’est la musique avant tout”. Le son, Jorghen l’a dans le sang, et il n’est pas nécessaire de tirer les cartes, lancer les dés ou guetter les signes avant-coureurs pour voir que ce n’est pas seulement la chance qui sourit au rookie.

Les recos de Jolagreen23

  • Un album : Il faut fortement aller checker le premier album de mon gars 410 et l’EP IDYLLIQUE de mon gars KABBSKY qui vient de sortir, je connais déjà tous les sons et c’est très très chaud.
  • Un film : Hôtel Rwanda (2004) de Terry George.
  • Un jeu vidéo : “Évidemment, Call of Duty : Modern Warfare III est sorti il n’y a pas longtemps, mais je conseille aussi le dernier Assassin’s Creed Mirage, il est vraiment pas mal.”
  • Une série : You de Greg Berlanti et Sera Gamble.

Vous pouvez suivre Jolagreen23 sur Instagram et écouter sa musique via les plateformes de streaming.