J’ai lu le bouquin de Britney Spears et depuis je déteste les hommes (tous les hommes)

Britney Spears 4ever

J’ai lu le bouquin de Britney Spears et depuis je déteste les hommes (tous les hommes)

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Par Flavio Sillitti

Publié le

Dans son autobiographie La Femme en moi, Britney Spears nous rappelle à quel point les hommes sont des crapules.

Le prochain prix Nobel de littérature devrait-il revenir à Britney Spears ? Non. Mais, quand même, ses mémoires La femme en moi valent vraiment le détour. Je vous parle avec mon cœur de fan, donc l’objectivité ne prime pas forcément, mais qu’importe, ce livre est important, parce que, pour une fois, Britney Spears livre sa version des faits. Et la moindre des choses, après avoir passé sa vie à l’épier, à la juger, à se moquer d’elle, c’est de la lire — ou l’écouter, si vous avez la flemme, il y a une version audio du bouquin qui doit bien traîner quelque part.

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Ce qu’on en retient, c’est que Britney a trimé. Si, évidemment, tout ça n’est que le son de cloche de la chanteuse, on aurait du mal à ne pas croire ses confidences et la douleur qu’elles contiennent. Et, surtout, on aurait du mal à ne pas acquiescer quand elle nous rappelle que les hommes qui peuplent cette planète sont de vraies crapules.

“Il m’est arrivé très souvent de me taire, craignant de passer pour une folle. J’ai pourtant fini par apprendre la leçon : il faut dire ce que l’on ressent, même quand ça nous terrifie. Il faut raconter son histoire. Faire entendre sa voix.”

Les hommes, ces vampires

“La tragédie, chez nous, c’est de famille”, annonce-t-elle, avant d’énumérer les hommes violents de la lignée Spears, du suicide tragique de l’une de ses grands-mères à la vie gâchée à la campagne de l’autre. Très tôt, elle a vu et assimilé la souffrance presque inhérente liée au vécu féminin. Elle a observé ses grands-mères, sa mère, sa sœur et même son frère être les victimes d’un patriarcat masculiniste oppressant de la part des hommes de leur famille.

La malédiction l’a finalement suivie de près, notamment au vu des hommes avec qui elle a partagé des parties de sa vie, à commencer par Justin Timberlake. Alors oui, le jeune âge peut expliquer certaines choses, et oui, Britney a ses torts aussi ; mais il reste choquant de lire le récit de leur relation, et surtout la lâcheté avec laquelle il a géré leur grossesse — on apprend quand même ici qu’après l’avoir forcée à avorter, tout ce qu’il a trouvé de mieux à faire alors qu’elle agonisait dans la salle de bains des suites de la pilule abortive, c’est de lui chanter une chanson à la guitare. Tout est traumatisant.

“Aujourd’hui, ça reste l’une des pires douleurs que j’aie connues. Pourquoi, mais pourquoi ne m’a-t-on pas emmenée aux urgences ?”

Kevin Federline, de son côté, n’a pas vraiment d’excuse : crapuleux au plus haut point, c’est lui qui va causer la séparation de Britney avec ses deux petits garçons, alors qu’ils ne sont même pas âgés de deux ans. Une situation qui mènera à la détresse psychologique de Britney à la source des maux qui ont tristement marqué sa vie, et surtout sa réputation.

Bon, je vous ai dit tous les hommes, mais je vous ai un peu menti. Je rectifie le tir : tous les hommes, sauf les gays, sa fanbase étant majoritairement représentée dans les communautés LGBTQIA+, qui l’ont toujours traitée comme la légende qu’elle est. Je ne vous dis pas ça parce que je suis moi-même l’un d’entre eux : c’est Britney elle-même qui tient à les remercier, en leur dédiant carrément plusieurs paragraphes dans les quatre précieuses pages de fin du livre.

“Les gens m’interrogent d’ailleurs souvent sur la relation particulière que j’entretiens avec la communauté gay. Pour moi, il n’est pas question que d’amour — [c’est] un amour inconditionnel. Mes amis gay ont toujours été très protecteurs vis-à-vis de moi, peut-être parce qu’ils savaient que j’étais plutôt ingénue. Pas bête, mais beaucoup trop gentille.”

L’horreur de la tutelle

Il ne faut pas croire que les femmes de la vie de Britney étaient toutes des saintes, à commencer par celles de sa propre famille, à l’image de sa mère et de sa sœur, qui n’ont pas hésité une seconde avant de se servir du malheur de la chanteuse pour grossir leurs poches avec des livres sensationnalistes et des sorties publiques au détriment de Britney. “Le cauchemar que je vivais [leur] rapportait gros”, avoue-t-elle.

Il y a également Lou Taylor et son associée Robin Greenhill de la firme Tri Star, qui ont ficelé avec son père la fameuse tutelle qui l’a retenue prisonnière pendant 13 ans. Mais fini d’accuser les femmes : le principal responsable reste son père, Jamie Spears, qui a profité de la situation pour se remplir les poches, sur le dos de sa fille, qu’il n’a jamais vraiment respectée. Cette tutelle, devenue connue du grand public en 2021, Britney la détaille avec horreur au fil des pages, des restrictions alimentaires à la surveillance rapprochée, jusqu’à l’interdiction de retirer son stérilet.

“Comment se comporter en adulte quand on est infantilisée ? Je régressais et agissais comme une enfant. Puis l’adulte se rebiffait — même si le monde dans lequel j’évoluais ne me permettait pas d’en être vraiment une.”

Et alors qu’elle aborde cette tutelle pour la toute première fois, la chanteuse répond à une question cruciale. “Vous devez vous demander pourquoi j’ai joué le jeu. La réponse est simple : pour mes enfants.” C’est effectivement en acceptant de se conformer à ce sordide arrangement contractuel limitant que la jeune femme a pu revoir ses deux garçons.

On le sait désormais, cette histoire de tutelle a une finalité heureuse : elle a pris fin en 2021, Britney étant enfin libre de disposer de son corps, de son argent, et surtout de ses faits et gestes. Mais tout de même, le récit de son déroulement et de son dénouement, ficelé avec une intensité digne d’un polar, nous a fait revivre l’horreur et la détresse de la jeune femme. Bouleversant.

La sororité et la résilience

Heureusement, il y avait les femmes. Britney Spears est, malgré elle, une figure d’un féminisme qui ne dit pas vraiment son nom. Ce livre nous rappelle surtout à quel point les valeurs de sororité sont salvatrices. Ça passera pour du name dropping, mais en abordant son amitié avec Paris Hilton, la bienveillance de Madonna dans le cadre de leur featuring ou de leur fameuse galoche aux VMAs, ou l’exemplarité de Reese Witherspoon qu’elle dit admirer, Britney nous rappelle que c’est le feu résilient féminin qui l’a sauvée. À propos de Madonna, elle confie :

“Elle a été confrontée au sexisme, aux brimades du public et de l’industrie du disque, et elle s’est vu régulièrement reprocher son rapport à la sexualité, mais elle triomphe toujours de l’adversité.”

Il y a aussi et surtout ces femmes qu’elle a rencontrées lors des réunions d’Alcooliques anonymes, auxquelles son père la forçait à assister pour grossir les traits de sa condition alarmante, justifiant la pérennité de la tutelle. C’est d’ailleurs à elles qu’elle dédie la force à la source de son émancipation.

“Plus j’écoutais leurs témoignages et plus je les trouvais formidables. Leurs histoires étaient bouleversantes. Durant ces réunions, j’ai découvert une symbiose que je n’avais jamais trouvée ailleurs. […] J’ai beaucoup appris d’elles, pour affronter le monde avec courage et sincérité.”

Sa tête rasée, un moyen de vaincre le patriarcat

S’il me tardait de découvrir les dessous d’un événement, c’était bien celui de la tête rasée. Iconique en tout point, c’est aussi l’incident qui fonde les bases de bon nombre de haters qui tentent de nous convaincre que Britney est totalement tarée. Sauf qu’une fois mis en perspective, compte tenu des regards misogynes et oppressants auxquels elle a eu le droit toute sa vie, la détresse dans laquelle elle se trouvait ce fameux soir (on l’empêchait de voir ses enfants) et la dépression postnatale qu’elle traversait, on a presque envie de se raser la tête avec elle.

Se raser le crâne reste finalement une attitude plutôt raisonnable pour une femme qui perd ses enfants et que le monde continue de réduire à son physique et à son sex-appeal. Et puis, comme elle l’explique, se raser la tête avait quelque chose de politique, une sorte de doigt d’honneur au patriarcat qui avait régi sa vie et sa carrière.

“Me raser la tête était un moyen de hurler à la terre entière : ‘Fuck you ! Vous avez envie que je me fasse belle pour vous ? […] Vous avez envie que j’incarne la fille de vos rêves ? Fuck you !'”

Et pourtant, alors qu’elle était la cible des critiques, qualifiée d’hystérique instable un peu partout, Britney confie avoir beaucoup de compassion pour la femme qu’elle était durant cette “période affreuse” de sa vie. “C’est à cette époque que j’ai donné le meilleur de moi-même.” D’autant plus que, comme elle le confie avec une note d’optimisme, ce geste décrié comme totalement fou à l’époque est aujourd’hui porteur d’une tout autre signification.

“Se raser la tête est devenu un symbole pour les jolies filles, c’est tendance. C’est devenu une façon de refuser les canons de la beauté conventionnelle.”

#FreeBritney pour toujours

Aujourd’hui, elle va mieux. C’est elle qui le dit. Et s’il est pertinent de remettre pas mal de choses sur le compte de la sororité, il ne faudrait pas oublier le mouvement #FreeBritney qui a envahi le monde et les internets en 2020. Pendant des années, le phénomène et les personnes à l’origine de celui-ci ont longtemps été moqués, incomprises.

Aujourd’hui, on sait que le mouvement a été salvateur. “Si vous m’avez défendue quand je ne pouvais pas le faire moi-même : du fond du cœur, merci.” Non non, Britney, merci à toi d’avoir partagé ta vérité. On te croit, et à tous ces mecs qui t’ont fait du mal (les deux, trois femmes aussi, on vous voit) : un beau et gros fuck you. PS : un dernier tube avant la fin de carrière steuplé, tu manques trop à la pop.

Le livre La Femme en moi est disponible en ligne et en libraire dans toute la France aux éditions JC Lattès. Une version audio est également disponible sur les plateformes.