“J’ai des gros seins et c’est comme ça” : Billie Eilish met les points sur les i face à la sexualisation de son corps

“J’ai des gros seins et c’est comme ça” : Billie Eilish met les points sur les i face à la sexualisation de son corps

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Par Flavio Sillitti

Publié le , modifié le

Dans un entretien pour Variety, la superstar s’est livrée sur son rapport à son corps et a comparé le traitement réservé aux hommes et aux femmes.

Propulsée sous les feux de la rampe dès ses 13 ans avec le succès de son morceau “Ocean Eyes”, Billie Eilish n’a jamais vraiment connu l’anonymat durant son processus de passage à l’âge adulte. Épiée dès ses débuts, à un âge où le rapport au corps est le plus délicat, l’artiste a rapidement décidé de faire de son physique une affaire personnelle, un non-sujet. Malgré ça, l’effet inverse s’est produit, et alors qu’elle préfère les vêtements amples et l’invisibilisation de ses formes, son corps est devenu l’obsession des médias.

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Dans un entretien exclusif pour Variety à l’occasion de l’événement Power of Women coordonné par le média, la jeune femme aujourd’hui âgée de 21 ans s’est livrée sur ces années passées à être la proie des fantasmes et des regards : “Être une femme, c’est la guerre, pour toujours. Surtout une jeune femme sur la scène publique. C’est vraiment injuste.”

Ces tenues oversize relèvent moins de la stratégie que de la protection : “Je n’essayais pas de faire en sorte que les gens ne me sexualisent pas”, explique-t-elle. “Mais je ne voulais pas que les gens aient accès à mon corps, même visuellement. Je n’étais pas assez forte et sûre de moi pour le montrer. Si je l’avais montré à l’époque, j’aurais été complètement dévastée si les gens avaient dit quoi que ce soit.”

Des années plus tard, avec du recul, Billie Eilish suppose qu’elle a longtemps esquivé cette sexualisation car elle-même ne s’est jamais sentie “désirée ou désirable”, ce qui l’amène à aborder son rapport à sa féminité : “Je ne me suis jamais sentie féminine. Je dois me convaincre que je suis, genre, une jolie fille.” À un certain âge, alors que la chanteuse décide d’arborer des tenues plus “révélatrices”, les tabloïds s’emballent. Pour elle, tout cela semble aujourd’hui ridicule : “J’ai des gros seins depuis que j’ai 9 ans et c’est comme ça. C’est comme ça que je suis.”

“Personne ne dit jamais rien sur le corps des hommes” : vraiment, Billie ?

Plus loin dans l’interview, le sujet de la différence de traitement pour les hommes est soulevé : “Personne ne parle jamais du corps des hommes. Si vous êtes musclé, c’est cool. Si vous ne l’êtes pas, c’est cool. Si vous êtes mince, c’est cool. Si vous avez un ‘dad bod’, c’est cool. Si vous êtes rondouillard, on adore ça ! Tout le monde est content. Tu sais pourquoi ? Parce que les filles sont gentilles. Elles s’en foutent, parce que les femmes voient les gens tels qu’ils sont !”

Des propos qui font réagir et qui suscitent l’incompréhension de plusieurs personnes sur X/Twitter, la plateforme allant même jusqu’à accompagner les posts incluant ladite citation de l’information suivante : “On estime qu’environ 10 millions d’hommes, rien qu’aux États-Unis, souffrent de dysmorphie corporelle pour les mêmes raisons que les femmes.” S’il est vrai que la discrimination physique envers les hommes n’inclut pas la dimension misogyne et sexualisante réservée aux femmes, le fait de minimiser à ce point le volet masculin du phénomène est vu comme un raccourci pour beaucoup.

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Le youtubeur gaming Boogie2988, Steven Jay Williams de son vrai nom, a notamment répondu à la fameuse sortie : “Des femmes m’ont littéralement traité de ‘gros’ et m’ont ri au nez parce que j’ai osé leur dire bonjour, Billie.” Si les hommes souffrent moins de ce phénomène de grossophobie, supposer son inexistence se révélerait plus dangereux qu’il n’y paraît. Malgré ça, le message de Billie Eilish sur l’amour de soi reste nécessaire, et ce petit accroc maladroit n’enlève rien à son importance.