Homoérotisme, nus masculins, amour et rupture : 5 expos à ne pas rater en juin

Homoérotisme, nus masculins, amour et rupture : 5 expos à ne pas rater en juin

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© Ana Mendieta/The Estate of Ana Mendieta Collection, 2023, LLC/Adagp, Paris/Galerie Lelong & Co. ; © Soufiane Ababri/Galerie Praz-Delavallade

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Par Donnia Ghezlane-Lala

Publié le

Au programme : Suzanne Valadon et ses nus d’hommes, les performances radicales d’Ana Mendieta, une histoire d’amour et de rupture, des dessins homoérotiques et politiques.

Chaque mois, nous passons en revue les événements artistiques de notre beau pays, la France, afin de vous proposer la crème de la crème des expositions. Au programme : Suzanne Valadon, première peintre française à avoir représenté un homme nu, les performances radicales d’Ana Mendieta, une histoire d’amour et de rupture, les dessins homoérotiques et politiques de Soufiane Ababri et les sculptures de Valentine Schlegel. Voici cinq expositions à ne pas rater ce mois-ci.

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“Suzanne Valadon. Un monde à soi” au Centre Pompidou – Metz

Elle a posé pour les plus grands peintres avant de se saisir d’un pinceau pour raconter son monde et révolutionner son époque avec ses nus. Suzanne Valadon fait l’objet d’une rétrospective au Centre Pompidou – Metz et prend sa revanche sur l’Histoire qui l’a ignorée. Cette peintre française qui évoluait au cœur du Montmartre bohème fut empêchée de s’inscrire aux Beaux-Arts tout simplement parce qu’elle était… une femme.

Suzanne Valadon, Été, dit aussi Adam et Ève, 1909. (© Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais/Jacqueline Hyde)

Ayant commencé comme modèle vivant pour de grands peintres, elle débute rapidement des cours de dessin et de peinture à défaut de pouvoir intégrer l’Académie Julian, dont les frais d’inscription étaient trop élevés. Elle apprend aux côtés d’Edgar Degas et se fait progressivement un nom dans le milieu.

En 1909, elle casse tout : elle devient la première femme dans l’histoire de l’art à peindre le corps d’un homme nu. Dans Adam et Ève, elle se représente en compagnie de son futur mari André Utter, de vingt et un ans son cadet, et cache son anatomie sous de jolies feuilles de vigne. Le tableau choque mais demeure à ce jour une petite révolution. Une belle trajectoire semée d’embûches mais riche de détermination que le musée a décidé de raconter.

Jusqu’au 11 septembre 2023.

“Ana Mendieta. Aux commencements”, au MO.CO. Panacée, à Montpellier

Les performances radicales “politiques et vibrantes” d’Ana Mendieta, artiste cubaine engagée dont la mort demeure mystérieuse, sont à l’honneur au MO.CO. Panacée de Montpellier. Pour cette exposition, le musée a réuni “une centaine d’œuvres sur plus de 15 années de production”, allant de 1968 à 1985, mêlant land art et body art.

“L’exposition explore en particulier comment l’artiste n’a eu de cesse de se réinventer, en développant un langage sculptural inédit, souvent éphémère, parfois performatif, nourri de ses recherches sur les mythes originels et l’art rupestre”, détaille le MO.CO. On y verra ses travaux autour du corps, de l’indicible, de l’éphémère, de l’invisible et les empreintes d’elle-même, qu’elle laissait par communion avec la nature.

Jusqu’au 10 septembre 2023.

“Soufiane Ababri. Si nous ne brûlons pas, comment éclairer la nuit ?”, à la galerie Praz-Delavallade, à Paris

Né au Maroc, Soufiane Ababri raconte dans ses dessins une société marquée par les discriminations, le racisme, les tensions politiques et clivages sociaux, puisant souvent dans son propre vécu et son rapport à la masculinité. Parmi ses travaux emblématiques, on retrouve ses Bed Works, ces dessins qu’il esquisse au crayon depuis son lit, en position allongée.

Son œuvre à l’apparence candide questionne les rapports de domination qui se jouent en France, comme les violences policières, ou encore la fétichisation des corps arabes, en rebondissant souvent sur l’actualité. D’autres fois, il s’agit, de manière plus frontale, d’amour gay, de scènes de sodomie et de plaisir masculin sans artifice. La galerie Praz-Delavallade célèbre ses œuvres dans lesquelles l’homoérotisme et le politique se sous-tendent.

Jusqu’au 10 juin 2023.

“Françoise Pétrovitch. Aimer. Rompre”, au musée de la Vie romantique, à Paris

À la peinture ou à l’encre de Chine, c’est d’amour et de rupture dont parle Françoise Pétrovitch, peintre de l’intime. Dans “Aimer. Rompre”, elle dépeint des couples, des adolescent·e·s sensibles et l’infini des possibles amoureux. Elle laisse libre cours à notre imagination devant d’énigmatiques scènes du quotidien d’où se dessinent gestes et langages amoureux. À destination des cœurs brisés, vaillants et adolescents.

Jusqu’au 10 septembre 2023.

“Valentine Schlegel. L’art pour quotidien”, au musée Fabre, à Montpellier

Née “sur la plage” à Sète en 1925, Valentine Schlegel voyait résolument la vie avec poésie. Cette sculptrice française a largement contribué “au renouveau de la céramique dans les années 1950” et est aussi connue pour avoir fondé son propre atelier, dédié aux “moins de 15 ans”. Ses grands vases vibrants et vivants – qui s’inspirent des formes organiques de la nature – ont marqué les esprits.

“Tour à tour céramiste et sculptrice, solitaire et entourée”, Valentine Schlegel “a conjugué ses talents et son goût pour la liberté au profit d’un véritable art de vivre”. C’est autour de ses “objets remarquables, ses céramiques, ses maquettes de cheminée en plâtre qui ont fait son succès”, ses “sculptures à vivre”, que le musée Fabre dresse son exposition hommage, agrémentée de photos des coulisses de ses créations prises par son amie la réalisatrice Agnès Varda.

Jusqu’au 17 septembre 2023.